« A Place in the sun »(« Une Place au soleil ») : trop belle pour lui

George Stevens, 1951

Pitch

George Eastman, jeune homme pauvre et ambitieux, se fait engager dans l'entreprise de son oncle, grand magnat de l'industrie. Il y rencontre Alice Tripp, une ouvrière de l'usine, avec qui il a une liaison. Mais son coup de foudre partagé pour la riche héritière Angela Vickers lui donne des ailes pour gravir les échelons de la promotion sociale...

La période de Noël inspire d’aller piocher dans des classiques… Ainsi, je dégote dans ma vidéothèque cette « Place au soleil » avec Montgomery Clift et Liz Taylor du réalisateur George Stevens plutôt méconnu de nos jours mais très estimé en son temps à Hollywood. L’histoire est un drame, presque un mélo mais pas vraiment, plutôt une histoire impitoyable d’ascension sociale vouée à l’échec, dès le départ, le héros se trouve du mauvais côté du manche et y retournera… Ce film obtint tout de même 6 Oscars en 1952, adapté du roman « Une tragédie américaine » de Theodore Dreiser.
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photo Paramount

George Eastman, neveu pauvre d’un magnat de l’industrie dont il porte le nom, a été élevé par des parents dirigeant une église apostolique intégriste, le père mort, la mère lugubre, aussi charmante qu’une sorcière. Rencontrant par hasard son oncle à Chicago alors qu’il est chasseur dans un hôtel, George quitte précipitamment son travail et déménage. Il téléphone aussitôt à son oncle qui l’invite chez lui malgré les réticences de son épouse. George s’installe alors modestement dans un petit hôtel et démarre au bas de l’échelle dans l’usine Eastam, à l’emballage de maillots. Il noue rapidement des liens avec Alice Tripp, une jeune ouvrière, malgré que le règlement interdise les liaisons entre employés.
Pourtant l’oncle tient promesse et lui fait gravir les échelons dans l’entreprise. Une promotion qui tombe d’autant mieux que lors de sa visite dans le demeure cossue des Eastman, George a été sidéré par une apparition : la splendide et riche héritière Angela Vickers passant en coup de vent, inacessible… Un coup de foudre qui s’avère partagé par Angela séduite par ce George si beau mais taciturne et timide ne ressemblant pas à ses amis. Un avenir radieux s’offre soudain à George avec belle situation professionnelle et perspective d’un riche mariage avec une femme aimée… à un détail près que la pauvre Alice est enceinte et ne trouve pas de solution pour avorter. Enivré par sa bonne fortune, George sous-estime les réactions d’Alice qui a fini par exiger leur mariage en septembre et à qui il n’a pas osé dire non clairement. Un mois de septembre que George compte passer invité chez les parents d’Angela à faire du bateau et des promenades à cheval. Mais Alice débarque à l’improviste menacer George de tout révéler si il ne l’épouse pas, signant ainsi son arrêt de mort : horrifié par l’idée d’un retour à la pauvreté en  renonçant à Angela, la seule solution pour éviter le scandale sera de s’en débarrasser…


photo Paramount

Le film est très moral, George sera condamné à la chaise électrique plus pour un péché par pensée  que par action, les conditions de la noyade d’Alice restant troubles, il ne l’a pas tuée, comme il avait tout organisé pour cela, mais il ne l’a pas sauvée non plus. Le prêtre et sa mère lui diront en prison que son âme était disposée au meurtre. Bien que dès le départ, l’union avec Angela soit condamnée par la différence de classe sociale (et surtout par la conscience qu’en a George  qui se positionnera toujours en inférieur), le récit joue le jeu que les deux jeunes gens soient amoureux, que la famille l’accepte peu à peu, qu’Angela soit fidèle à George jusqu’au bout. Mais, depuis le début, George est un perdant accablé par un passé qu’il dissimule, un perdant effrayé d’être démasqué qui rêve d’une autre vie mais n’en a pas l’envergure ; quand, se sachant fichu, recherché par la police, il est invité  à contre-temps par le père d’Angela dans son bureau à parler de ses origines, soudain, il ne ment plus, racontant son enfance misérable à prêcher dans les rues, ses petits boulots, une sincérité de celui qui n’a plus rien à perdre, celle justement qui va toucher le milliardaire et qui lui aurait permis l’ascension sociale désirée s’il avait osé être lui-même…
Les deux femmes de la vie de George Eastman sont très archétypales, représentant la misère et la richesse, la victime Alice, plutôt enlaidie de surcroît, et la richissime Angela trop belle pour lui, ça donne un côté démodé au film… Pourtant, grâce au casting en or, le film passe très bien, outre le couple légendaire Montgomory Clift/Elisabeth Taylor, Shelley Winters interprète Alice, une excellente actrice issue de l’Actors’ studio, mais que son physique a (à l’époque du culte de la beauté des Studios Hollywoodiens

) souvent cantonné dans des rôles peu valorisants  mais superbement interprétés, comme, par exemple, plus tard, la mère dans le « Lolita » de Kubrick.

 

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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