Les 2 Jurys au Normandy, usines dans « 24 City » et « Naked of defenses », fin de soirée philippine avec « Jay »

Photocall vers 13h dans la cour de l’hôtel Normandy avec les deux jurys au complet, le jury compétition et le jury Action Asia. temps maussade, on est à deux doigts d’ouvrir les parapluies mais ça passe. Ludivine Sagnier est en famille avec sa petite fille d’une première union avec Nicolas Duvauchelle et un nouveau bébé de son compagnon Kim Chapiron qui l’accompagne. Les jeunes actrices du jury Action Asia, Astrid Berges-Frisbey et Anaïs Demoustier ont l’air terrifiées. Les présidents de jury Eric-Emmanuel Schmidt et Xavier Gens sont souriants. Marie Gillain et Vincent Elbaz, autrefois couple à la ville, posent chacun à une extrémité du banc.

Eric-Emmanuel Schmidt      
Bruno Dumont, Véronique Cayla, Didier Long
Vincent Elbaz, Ludivine Sagnier, Eric-Emmanuel Schmidt, Marie Gillain


Xavier Gens

 
Adrien Jolivet, Xavier Gens, Fred Cayavé, M. Amélie Seigner, Astrid Berges-Frisbey, Anaïs Demoustier

« 24 City » de Jia Zhang Ke / Chine


sortie 18 mars 2009

 
Enfin, j’ai vu « 24 City » en compétition à Cannes l’année dernière, le film n’est pas facile d’accès, un documentaire d’environ 2 heures sur la fermeture à Chengdu en Chine de la gigantesque usine modèle 420 remplacée aujourd’hui par un complexe d’appartements de luxe, « 24 City ». Un drame, brisant des existences et des familles, qui illustre l’évolution de la Chine passée du communisme, avec son usine idéale et des ouvriers en uniforme bleu (chenille bleue sortant de l’usine, toit de têtes bleues), au culte de la réussite où l’idéologie socialiste a été remplacée par le rêve de pouvoir s’offrir un appartement hors de prix dans la résidence 5 Etoiles. Les témoignages de plusieurs générations, surtout ceux nostalgiques des anciens de l’usine, d’une grande sobriété, d’une vérité se focalisant sur des détails pour ne pas s’effondrer, sont souvent poignants et les images de l’usine sublimes, c’est du très haut de gamme. Pourtant, malgré la qualité exceptionnelle du film, les spectateurs n’ont cessé de sortir de la salle tou au long de la projection… 

« Naked of defenses » de Ichii Masahide / Japon

A 20h, le film japonais « Naked of defenses » en compétition se passait également dans une usine de petite taille, celle-ci, mais rien à voir avec le précédent film à aucun point de vie. Une idée sympathique diluée sur une heure et demi, des multitudes de plans de remplissage, un face à face entre deux femmes assez théâtral, une des deux comédiennes trop cabotine, l’autre excellente, mais en fait de scénario, on joue uniquement sur l’émotion, la vie, la mort, la naissance, la renaissance : une jeune femme enceinte fraîchement engagée dans une usine fait prendre conscience à une femme mariée du même âge, qui a fait une fausse couche dans un accident traumatisant, qu’elle a désormais avec son mari une vie sinistre, chacun occupant un étage de la maison. Les deux femmes, l’une fonctionnant comme une machine dans son usine, l’autre femme enfant joyeuse, vont surmonter leurs antagonismes et devenir amies. Le film est présenté par le réalisateur, son épouse et leur fils qui figure au générique très jeune… puisqu’à l’état de foetus dans la ventre de sa mère lors du tournage du film. 

« Jay » de Francis Xavier Pasion / Philippines
photo

Ignatius Films Canada


A 22h, le film philippin « Jay » que je croyais à 22h30, heureusement, j’arrive à temps, c’est drôle parce que l’année dernière, c’est le jeudi à la même heure que j’ai découvert un autre réalisateur philippin fameux : Brillante Mendoza dans « Tirador », petite merveille pas encore sortie en salles en France. Bien que la forme soit un peu déroutante, un petit format d’écran, tourné avec de petits moyens en numérique basique, le film est intéressant à bien des titres car il aborde des thèmes majeurs de notre société sans la ramener. D’abord, Jay, le fils ainé de la famille Mercado, brillant instituteur,  a été poignardé dans son appartement de Manille où il recevait souvent des hommes, on soupçonne un masseur à cause des flacons d’huile de massage… Premier thème, on pose la question clairement : Jay Mercado a-t-il été tué parce qu’il était gay? Est-ce que son entourage était au courant et acceptait-il son homosexualité? Second thème pas moins riche : le viol de l’intimité par la téléréalité. Le film démarre comme un feuilleton, on raconte l’assassinat et l’enfance de Jay comme un épisode de novela où on fait une enquête avec la suite au prochain épisode… On comprend plus tard que le début du film est en effet une sorte de novela documentaire romancée, basée sur des faits divers sordides, fruit du travail d’une équipe de téléréalité, Canal 8, qui a convaincu la famille de Jay Mercado de surjouer son chagrin et d’accepter la scénarisation de leur deuil avec pour carotte de passer à la télé. Le réalisateur de l’émission se prénommant également Jay, cela n’est en rien innocent en permettant ainsi au film de prendre encore une autre dimension, celle de la subtilisation identitaire involontaire.. Passer à la télé justifie tout, non seulement l’équipe de tournage s’installe chez les Mercado avant même qu’ils n’apprennent la nouvelle de l’assassinat de  leur fils et frère, s’incruste à la cérémonie funèbre veillant le cerceuil blanc, va débusquer l’ancien compagnon de Jay et fouiller dans ses placards mais, encore, petit à petit, la mère s’attache à Jay Santiago, le réalisateur, ostensiblement efféminé, blond dirty, snob, qui lui fait penser à son fils sous une forme outrée (les images de Jay Mercato, le fils, montrent un homme brun beaucoup plus simple). Cette translation de Jay le fils assassiné sur Jay le réalisateur va conduire à une fin à la fois horrible et ludique démontrant bien que le second a volé la vie du premier à ses risques et périls. Intelligent, féroce et subtil, une découverte.
     
Adrien Jolivet, Astrid Berges-Frisbey
  
Marie Gillain, Ludivine Sagnier, Eric-Emmanuel Schmidt

 sélection vendredi 13 mars : « Breathless » à 10h30 au CID (ou 19h au Casino), « The Moss » à 11h et 23h30 au Casino (Action) « The Chaser » à 16h30 au Casino (Action), « Secret Sunshine » et l’hommage à Lee Chang-dong à 20h au CID, « Beastie Boys » à 22h30 au CID.

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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