« Cinéma iranien, la dernière vague » : cinéma rebelle ; soirée Nouveau cinéma iranien sur Canal+Cinéma

Stéphane Bergouhnioux et Jean-Marie Nizan, diffusion 18 mars 2011
Le vendredi 18 mars, Canal+Cinéma programme une soirée spéciale sur le nouveau cinéma iranien. Les spectateurs qui viennent de voir « The Hunter » de Raffi Pitts, encore à l’affiche, peuvent témoigner que le cinéma iranien a opéré un virage : urbain, social, violent, en prise avec les événements politiques et les difficultés d’une jeunesse en rupture avec le pouvoir en place. Sont programmés deux films, « Téhéran », fameux thriller très noir que j’avais beaucoup aimé l’année dernière, « Les Chats persans », prix spécial du jury Un Certain regard au festival de Cannes 2009, et un documentaire inédit « Le Cinéma iranien, dernière vague ». 


photo Canal+

« Le Cinéma iranien, la dernière vague »
Quels réalisateurs, quels films aujourd’hui en Iran depuis Abbas Kiarostami? Jafar Panahi et, par exemple, « Sang et or », Asghar Farhadi et le succès d' »A propos d’Elly », Bahman Gobadi et « Les Chats persans », film sur la scène musicale iranienne tourné clandestinement, Rafi Pitts et « The Hunter », un personnage paumé par le désespoir qui tire sur la police après la mort accidentelle de sa femme et sa fille. Nader T. Homayoun et « Téhéran » : après avoir vécu quelques années en France, le réalisateur est retourné en Iran pour y filmer un polar social noir dans  un Téhéran aux quartiers multiples, correspondant aux différentes classes sociales, ville qu’il trouvait inexploitée au cinéma. La modernité des années 70 balayée par la révolution islamique, aujourd’hui, on peut définir trois types de cinéma en Iran : primo, un cinéma commercial, deuxio, un cinéma de propagande, tertio, les films d’art et d’essai, soit environ 10% de la production annuelle, le seul cinéma iranien que nous voyons en occident.
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En attendant l’autorisation de se rendre en Iran, les réalisateurs de ce documentaire ont débuté leurs recherches à Paris et à Londres, rencontré le réalisateur Nader T. Homayoun qui a réalisé « Téhéran » en 2009 ; l’homme, influencé par des maîtres comme Scorsese, dit « les iraniens sont en train de prendre leur image en main ». La comédienne Golshifteh Farahani (« A propos d’Elly »), star en Iran, a joué aux côtés de Leo Di Caprio dans « Mensonges d’état », mais apparue sans voile à la première du film aux USA, son image se fissure ensuite en Iran, elle doit refuser un rôle dans « Prince of Persia ». Paradoxalement, l’actrice se sent plus libre en Iran où tout est possible (si on se cache). Raffi Pitts a fait un film violent « The Hunter » un peu pour répondre à l’attente des jeunes iraniens, un peu aussi pour provoquer le spectateur occidental. Rafi Pitts définit le cinéma iranien comme rebelle.Mars 2010, le cinéaste Jafar Panahi est arrêté, il ne peut se rendre en tant que juré au festival de Cannes. Il est jugé ensuite, condamné à 6 ans de prison et 20 ans de défense de sortir d’Iran. Bahman Ghobadi, après Jafar Panahi, a été lauréat de la caméra d’or à Cannes en 2009 pour « Les Chats persans », musiciens de la scène underground de Téhéran que le réalisateur a découvert après une dépression nerveuse, un film tourné en 18 jours. La question qu’il pose : peut-on faire du cinéma en Iran sans aborder la politique?

Après Paris et Londres qui occupent la moitié du documentaire, enfin, les réalisateurs peuvent se rendre quelques jours à Téhéran en décembre 2010. Dans les cinémas de la ville, sont projetés exclusivement des films iraniens, le plus souvent des comédies, spectacles populaires contrôlés par le pouvoir. Le ministre iranien délégué au cinéma explique benoitement que le régime n’a rien contre le cinéma mais que les films doivent respecter la morale du pays… Massoud Dehnamaki (« Les Expulsés »), un des réalisateurs de comédies les plus populaires en Iran, détesté par les autres cinéastes, est un ancien soldat chéri du pouvoir. Hamid Nematollah (« Les Fauchés ») pense qu’il y a pire que la censure : le désir de gagner beaucoup d’argent avec le cinéma sans avoir de talent. Une curiosité : la presse cinéma iranienne, l’Iran et les USA sont les deux seuls pays à posséder un quotidien cinéma, ici « Bani films ». La représentation de la femme pose un grand problème, pour le dernier festival de Cannes, on a préfèré mettre en couverture le centenaire Manuel de Oliveira que Sharon Stone, au cinéma, on montre à l’écran la femme voilée dans l’intimité, ce qui n’est pas la réalité. Godard  avait déclaré « le cinéma commence avec Griffith et se termine avec Kiarostami », c’est compter sans cette « dernière vague ».

Diffusion sur CanalPlus Cinéma le vendredi 18 mars 2011 à partir de 20h45

« Les  Chats persans » de Bahman Ghobadi  (2009) / 20h45
« Le Cinéma iranien, la dernière vague » (doc) de Stéphane Bergouhnioux et JM Nizan/22h25
(rediff jeudi 24 mars à 14h00)
« Téhéran » (2009) de Nader T. Homayoun/23h20

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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