« Free radicals, une histoire du cinéma expérimental » sur Ciné+ Club : tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le cinéma expérimental…

« Lart peut être nimporte quoi, cest ce qui produit
lavant-garde. » (Hans Richter)

Le premier film du cinéma expérimental, du moins celui qu’on a conservé, est « Rythmus 21 » de Hans Richter (1921), film d’allure cubiste avec une « fuite de rectangles », inspiré du Dadaïsme où la notion de « chance » est centrale. On voit une interview de Hans Richter à l’âge de 85 ans qui explique qu’il faut dépasser la peinture, peindre « dessus », chercher le rythme.

Pip Chodorov, réalisateur de ce doc, né à New-York en 1965, fils d’une peintre et du journaliste TV Stephan Chodorov, qui défendait le cinéma expérimental dans une émission de télévision américaine, fut bercé toute son enfance par les images des films expérimentaux, ce cinéma radical. Dans ce doc, Pip Chodorov tente une petite histoire du cinéma expérimental en présentant des artistes cinéastes devenus ses amis : Hans Richter, Peter Kubeka, Ken Jacobs, Robert Breer, Jonas Mekas, Maurice Lemaître, Stan Brackhage, etc…

Jonas Mekas est le passeur de ce cinéma expérimental, on montre des extraits de son film « Lost Lost Lost » (1976) qu’il a réalisé avec son frère. Le style des frères Mekas, qui filment, par exemple, les communautés d’immigrés à Brooklyn, est le « journal filmé ». Les frères Mekas viennent de Lituanie ; Maya Deren, elle, a fui Prague, a réalisé avec « Meshes of the afternoon » (1943) une oeuvre qui signe le début de l’avant-garde. Jonas Mekas, critique au « Village voice » à ses débuts, voit ses articles largement diffusés avec le tirage croissant du journal. Il organise aussi des projections des films des autres qu’il annonce dans le « Village voice » dans un lieu, « Le Charles », où la légende veut qu’on pouvait arriver avec ses bobines sous le bras et faire projeter son film. 

Une théorie plausible veut que le cinéma expérimental naisse du choc de l’après première guerre mondiale dans les années 20 avec « Diagonal symphony » (1921-1924) de Viking Eggeling, « Ghosts before breakfeast » de Hans Richter (1927), une envolée de chapeaux… Hans Richter a fui l’Allemagne. Les nazis ont immédiatement intuité que le surréalisme et le cinéma expérimental étaient des arts sans possibilité de contrôle et l’ont interdit.

Le documentaire passe un certain nombre d’extraits de films de « Rythmus » (1921) de Hans Richter à « Symmertricks » (1971) de Stan Vanderbeek et « Lost Lost Lost » de Jonas Mekas (1976) en passant par « Meshes of the afternoon » (1943) de  Maya Daren, « Une Oeuvre » (1968) de Maurice Lemaître. On a aussi des fragments rares d’oeuvres comme cette scène filmée en 1956 dans un jardin avec un drôle de trio : Hans Richter, Peggy Guggenheim et Marcel Duchamp.