"L'Entente cordiale" : le niveau zéro du cinéma

Vincent de Brus, 2006

Le flop mérité de « LAntidote » ny ayant pas suffi, le réalisateur, qui veut sans doute faire une carrière à la Ed Wood, a trouvé pire avec cette soporifique « Entente cordiale » qui nest ni drôle, ni bien filmée ni bien jouée, où les quelques vagues péripéties de lhistoire nous excitent autant que le journal de léconomie sur LCI.

——Pas encore lassé de pasticher Francis Veber avec un tandem dans le genre de « LEmmerdeur » ou de « La Chèvre », Vincent de Brus nous fabrique le couple Clavier/Auteuil quon avait eu loccasion de voir jouer ensemble il y a des siècles dans une savoureuse comédie « Clara et le chics types » (1981) avec Isabelle Adjani au sommet de sa séduction. Un Clavier quon avait quitté bégayant, faute davoir retrouvé le doudou de sa petite enfance, dans « LAntidote » face à Jacques Villeret dans un de ses derniers rôles. Le principe est toujours le même : deux hommes que tout oppose vont se trouver réunis par les circonstances dans une aventure, source de gags et de péripéties.

Sur fond despionnage international, Viktor Zilenko a volé aux Russes la puce exterminator, redoutable arme de guerre technologique. Le terroriste ne veut négocier contre 25 millions de dollars quavec lagent François de la Conche (Christian Clavier) qui la laissé séchapper par fair-play lors dune précédente mission. Aristocrate coincé, le vicomte de la Conche a pris depuis sa retraite dans son château en ruine, harcelé par sa femme et son beau-père, riches roturiers, qui veulent en faire un centre de thalasso. Rappelé en mission par les services secrets pour jouer les OSS 117 et débrouiller la situation, François de la Conche accepte de servir son pays. Ne parlant pas un mot dUkrainien, on lui accole un interprète de lONU, JP Moindreau (Daniel Auteuil), individu sans-gêne, dilettante et dragueur, qui va lui gâcher la vie et sa mission à Londres.

Mais quest-ce qui peut bien pousser des acteurs riches et célèbres, autrefois performants, comme Clavier et Auteuil, à accepter de se dévaloriser à ce point? Clavier a joué mille fois ce genre de rôles avec des faux airs de Louis de Funès et des mines snob pour le fun, se pastichant lui-même sans un brin de conviction, pire que dans «LAntidote». Auteuil, semble régresser, amnésique de Claude Sautet, Téchiné ou «36 Quai des Orfèvres», jouant dans cette comédie presque plus mal quau temps de «Les Hommes préfèrent les grosses». On voit passer dans petits rôles Michèle Laroque en banquière ex-maîtresse de Moindreau et François Morel en interprète démissionnaire. Un peu plus pétillantes et crédibles que la moyenne des acteurs, les femmes de François de la Conche : lépouse officielle (Delphine Rich) et Gwendoline, langlaise (Jennifer Saunders).

Les deux hommes grisonnants étant habillés en noir tout le long du film, limage étant quelconque et le temps brumeux, ça ajoute à la pénibilité du spectacle où sagitent les protagonistes un peu dans tous les sens comme la pulpe dune bouteille d’Orangina quon secouerait en attendant le générique de fin.

On a atteint une sorte de degré zéro du cinéma où même un Max Pécas aurait fait mieux. Cest un film affligeant où lon chercherait en vain la moindre qualité avec autant de chance de la trouver que le sexe des anges. Il est assez difficile de ne pas somnoler devant cette surenchère de gags éculés et de situations plates comme une poitrine du 70 A, sans un café très fort ou un litre de Coca, à déconseiller aux conducteurs de machines Il est encore plus difficile de ne pas quitter la salle. On sort de ce film aussi réjoui quaprès le match des Bleus contre la Corée du sud.

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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