Présidents d'un mois : à la veille des élections américaines, les blogs inaugurent le cycle "made in Hollywood"
Ce qui frappe dès les premières images du documentaire « Les Films du président », c’est que s’offrent devant nos yeux le magasin des accessoires où Sarko 1er est allé chercher tout son cinéma, d’où une certaine crispation. D’autant qu’on a cru bon d’interviewer des politiques langue de bois Marielle de Sarnez, Françoise de Panafieu et Jean-Paul Huchon. Renseignements pris, on les avait choisi pour leur cinéphilie qui est réelle, on les a gardé parce qu’ils ne faisaient pas trop de politique en parlant cinéma, ce qui n’est pas facile avec un sujet pareil, on s’en rendra compte pendant le débat.
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Pourquoi la figure du président de la république comme héros, voire anti-héros, convient autant aux USA qu’elle rebute en France? Pourquoi Lionnel Delplanque, réalisateur du « Président », a été obligé de gommer tout ce qui faisait trop « président » dans son film, comme le drapeau français, par exemple, pour tenter de donner une crédibilité à son personnage tandis qu’on fait exactement l’inverse Outre-Atlantique? En deux mots, par qu’au pays de Descartes, on désacralise tandis qu’au pays de la liberté, empreint de puritanisme et de croyances bibliques, on sacralise…
Si quelques films américains vont ébranler le mythe comme « Les Pleins pouvoirs » de Clint Eastwood, la représentation du président américain, tel Abraham Lincoln dans « Vers sa destinée » de John Ford, est une figure messianique, un « élu », d’autant plus éligible qu’il est foncièrement humain, c’est ça le rêve américain, tout le monde peut gagner au Loto du ciel, être « appelé » à un destin exceptionnel… D’où l’empathie du citoyen américain pour les images de son président à cheval ou tondant la pelouse comme vous et moi… D’où l’exaspération du citoyen français à voir débarquer Giscard jouer de l’accordéon ou Sarko 1er à Disneyland. Trêve de digression, retour au States… Un personnage comme Ronald Reagan, acteur de seconde zone, possède, en partie par défaut, une qualité essentielle quand il accède au pouvoir : il ramène avec lui à La Maison Blanche le rêve Hollywoodien, bien ébranlé par ses prédécesseurs, mieux, il n’était pas une star du temps où il aurait pu l’être, mais il va entrer dans le panthéon des élus en raccrochant ses gants… Plus star que star… Les interventions d’acteurs engagés comme Philippe Torreton ou Edouard Baer, qu’on n’attendait pas dans ce registre, ou encore d’Alain Corneau, sont pertinentes bien qu’on sente un déséquilibre dans le dosage des interviews des uns et des autres et leur séquence, exit les politiques ramassés au début du film, on revient aux professionnels de la profession dont on sent qu’ils s’appliquent à ne pas faire l’amalgame cinéma et politique (sauf Torreton très clair), c’est louable mais on reste un peu sur sa faim.* Prochaine rediff le 17 octobre, voir les dates des autres rediff…
« Gabriel au dessus de la Maison-Blanche », photo TCM
Lire la critique du film…
PS, suite… Le dernier numéro (septembre 2008) de la revue « Positif » livre un dossier très complet sur les présidents américains de Lincoln à W… (on attend le film d’Oliver Stone)
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