Ouverture du 1er Festival du cinéma italien à Paris + « Viaggio segreto » / Avant-Première

 

Ouverture du 1er festival du film italien ce soir à l’espace Pierre Cardin à Paris avenue Gabriel, le quartier le mieux gardé de la capitale derrière l’Elysée. Patronné par l’ambassade d’Italie en France, le festival est ouvert par Pierre Cardin et celle qui fut jadis son épouse, Jeanne Moreau, présidente du jury. Vêtue d’une simple veste noire sur chemise bicolore et pantalon de satin noir, souliers plats, l’héroïne de «La Notte» d’Antonioni (film projeté dimanche 15 avril au soir en séance hommage), le rejoint sur scène et présente le jury. Jean-Luc Anglade, acteur culte des années 80, absent des écrans depuis quelques temps après une incursion dans le cinéma international, Frédérique Bel en longue imprimée, actrice passée de Canal plus au cinéma avec succès dans le remarqué Rohmerien "Changement d’adresse" d’E. Mouret, la réalisatrice de télévision Josée Dayan en jean délavé et blouson de cuir.

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Jeanne Moreau à l’Espace Cardin jeudi 12 avril/photo Hugo Meyer

Viaggio Segreto de Roberto Ando

 

Le film d’ouverture «Viaggio segreto» de Roberto Ando, présenté par le réalisateur et ses deux acteurs principaux, n’a pas été une révélation du cinéma italien. Malgré un scénario en béton permettant toutes les audaces pour ficeler un excellent thriller, le film pêche par une surenchère de forme et une frilosité sur le fond, le réalisateur n’ayant pas osé traiter réellement son sulfureux sujet. Un frère et une sœur aux relations à tendance nettement incestueuse souffrent d’un traumatisme ancien survenu dans leur Sicile natale : leur père a tué leur mère mais s’en souviennent-ils vraiment l’un et l’autre… C’est d’ailleurs la première image du film : deux corps adultes nus dans un salon rouge cramoisi, chacun sur un sofa avant le drame. Mais l’histoire est racontée de façon très édulcorée, diluée et inutilement compliquée.

L’homme, Leo (Alessio Boni, très bien), est psychanalyste, seul et las de s’occuper des souvenirs des autres. Sa sœur, Anna, paumée, prend des cours de théâtre et s’apprête à épouser un artiste, qui, lui, se réfugie dans la mémoire des autres avec des collages de photos de familles inconnues dans ses œuvres. C’est dans cette démarche qu’Harold (Emir Kusturica), le futur mari de la sœur projette de racheter leur maison familiale en Sicile, déclenchant alors une crise dont il ne soupçonne pas l’origine.

 

Du début à la fin du film, avec des grands mouvements de caméra, on passe frénétiquement d’un personnage à l’autre, d’une époque à l’autre quand on ne fait pas croiser le frère adulte avec le fantôme de la mère morte dans la maison, exercice périlleux. Le film ne trouve pas son style et s’essaie plus ou moins heureusement dans multe directions, ainsi, on a un peu de tout : on passe de scènes saturées de couleurs comme l’appartement du frère en bleu électrique ou le salon des parents en rouge sang, à des lumières ternes ou des paysages classiques, des bords de mer académiques, des vidéos que tourne la sœur en noir et blanc, un film amateur de la maison, des souvenirs dilatés à la pelle, des gros plans à l’excès, en zappant d’un style à l’autre.

Sur le fond, le tableau du père et de la mère nus dans leur salon, ainsi que les relations entre le frère et la sœur, sont mises en place dès le début du film, et soit, on aurait pu s’en tenir là, soit, il fallait oser développer. On pense aux relations frère et sœur d’un film comme «On ne meurt que deux fois» avec Charlotte Rampling. Ici, on est en permanence entre le trop et le pas assez. Les relations des parents entre eux sont à la fois ressassées et occultées comme si le sujet était trop lourd. La confession de la mère sur une bande audio qui évoque l’insupportable de sa relation de couple pour leurs enfants donne le ton de ce qui aurait pu se passer : soit on laisse planer le mystère, soit on révèle. Au contraire, les souvenirs du frère se remémorant inlassablement la scène des parents dans une situation explosive qu’on n’ose pas faire exploser, use la curiosité du spectateur, le tardif coup de théâtre final arrivant presque hors sujet.

Dommage que ce scénario sur mesure pour concocter un thriller psychologique en soit resté à une ébauche timorée sur le fond et enrichie sur la forme.

 

On attend beaucoup mieux du film en avant-première de demain soir (vendredi 20h00), le dernier Giuseppe Tornatore «La Sconosciuta».

 

 

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zoliobi

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