
« Find me guilty » : Vin Diesel show /avant-première à Deauville
Voilà un film en miroir entre ce qui arrive à Jackie Dee dans le cadre du procès de la famille de maffiosi Lucchese et ce quil advient de Vin Diesel quand Sydney Lumet le tire de sa salle de musculation pour lui demander de prendre 17 kg et se laisser pousser des cheveux pour jouer le rôle Comme Vin Diesel la dit à de nombreuses reprises à loccasion du festival de Deauville où le film fut présenté, comment refuser de jouer dans un film de Sydney Lumet, « un rêve de comédien », dautant quil na pas toujours été un action hero et de rappeler volontiers que sa première prestation était dans un court-métrage présenté à lépoque à Cannes
C’est l’histoire vraie du procès le plus long de l’histoire des Etats-Unis avec pas moins de 20 accusés, 20 avocats et 76 chefs d’inculpation mettant en cause 200 membre de la maffia… Dénoncés par Tony Campagna, le cousin névropathe d’un certain Jackie Di Norscio, lui-même en prison depuis trois ans, les vingt membres de la famille maffieuse Lucchese comparaissent pendant un procès qui va durer 22 mois… et seront acquittés essentiellement grâce au talent d’amuseur public de l’accusé Jackie Dee qui choisit de se défendre lui même sans avocat… Ce qui nest pas du goût de ses co- accusés, dont le parrain Nick Calabrese et son bras droit Carlo Mascarpone, qui craignent les répercussion des bévues de Jackie Dee sur leurs condamnations, les 19 autre accusés étant représentés par une foule davocats.
Cinéaste des procès de «Douze hommes en colère» (dont Vin Diesel a rappelé quil fut davantage vu en France quaux USA) et «Verdict», avec «Find me guilty» Lumet ne faillit pas à la règle du film du procès «comme si on y était» avec ce que cela suppose de théâtralité dans les plaidoiries, les auditions des témoins, les conflits, etc «Jury qui rit, pendaison qui senfuit», un dicton de palais de justice que va appliquer Jackie Dee à la lettre en sattirant la sympathie des jurés et du juge par sa bonhomie, sa franchise désarmante, son sens de lanecdote, son code de lhonneur de truand de ne pas «balancer» et son talent de showman «gagman plus que gangster», comme il le dit lui-même Laissé presque mort par son cousin qui lui tire dessus dès la première scène, il ne porte pas plainte Tabassé par les matons de la prison, il prétend être tombé Mis à lécart de la famille Lucchese, il se porte volontaire pour trinquer à leur place avec le fameux «find me guilty».
Aux témoignages à charge, Jackie Dee oppose un bon sens déroutant sans pour autant réfuter ses exactions : loin de nier lévidence dun train de vie fastueux grâce à largent de la drogue et du racket, il se défend sur le tableau des valeurs familiales et amicales : sil a cessé de donner de largent à son cousin, cest parce quil lutilisait pour se droguer, sil a mis un homme de main à la porte, cest quil lui avait fait des avances, etc Un message plus subversif qu’il n’y paraît que cette angélisation de la maffia rendue sympathique par ses valeurs familiales imputables aux origines italiennes, son code de lhonneur avec lomerta, les souvenirs des jeux denfance partagés dans le quartier dimmigrés italien… On comprend la colère du procureur en entendant que deux jurés ont trouvé Jackie Dee "cute" (mignon) quand tous crimes de la maffia pèsent lourd sur leurs impôts…
Sydney Lumet semble s’être lui aussi laissé charmer par ce Jackie Dee accro à la séduction qui tutoie son gardien de prison Sylvester comme un copain et fait se tordre de rire les jurés, par un Vin Diesel qui accepte deux heures de maquillage par jour pour casser son image et faire partie de la famille de Lumet. A lavant-première de Deauville pour présenter le film, non seulement, Vin Diesel a traîné les pieds pour signer des autographes à tout le monde et se faire photographier longuement sur le tapis rouge mais il a démontré aussitôt son étroite parenté avec le rôle en sexclamant sur scène «Look at me at the big screen ! » et il a terminé son speech enthousiaste par « I love you all ! » déclenchant une ovation A la scène et à la ville, lhomme verbalise haut et fort son besoin dêtre aimé à tout prix. La plupart des spectateurs ont trouvé la prestation de Vin Diesel exceptionnelle, personnellement, jai été gênée par loutrance du personnage et de son interprète qui, comme on dit, « en fait trop » et encore davantage… Dune comédie sur un sujet qui ne sy prêtait pas, on est souvent sur le point de virer à la farce, ce qui alourdit considérablement le film. Plus quun procès, on a limpression dassister à un Jackie Dee/Vin Diesel show où tout le reste est au second plan, sensation augmentée par une musique pimpante dans le genre «Just a gigolo». Un film qui a essentiellement pour intérêt la performance dacteur, le rôle à Oscar… Pour le prix dune place de cinéma, mieux vaut soffrir le DVD de «12 hommes en colère», Henry Fonda dans un style diamétralement opposé n’avait pas démérité
Sortie officielle du film : le 13 septembre.
Laisser un commentaire