A Real pain : une odyssée mémorielle

Jesse Eisenberg, sortie 26 février 2025

Pitch

Deux cousins très dissemblables partent ensemble pour la Pologne rendre hommage à leur grand-mère...

Notes

Deux cousins, David, taciturne, et Benji, exubérant, se sont donnés rendez-vous à l’aéroport, ils partent en voyage ensemble. Où? On va le savoir rapidement. Ils se rendent en Pologne pour rejoindre un groupe mémoriel sur les traces de la Shoah. A l’origine, David et Benji veulent honorer la mémoire de leur grand-mère, qui vient de mourir, respectant ainsi ses dernières volontés de visiter le lieu où elle a vécu avant d’émigrer aux Etats-Unis. Dans ce groupe ouvert, tous ne sont pas de confession juive, comme l’animateur, tous sont différents, une quinquagénaire venue seule, un couple âgé, un homme qui s’est converti au judaïsme. Soudain, on prend le train pour le camp de concentration de Majdanek  et la musique du film s’arrête ; la visite s’effectue dans un silence assourdissant, tout est là, éléments matériels inanimés témoignant de l’horreur du camp, de l’ignominie d’une époque… Une scène d’une grande force dans son minimalisme revendiqué.

Hormis ce périple commémoratif, le film traite des relations compliquées entre les deux cousins. Un peu les deux faces d’une même pièce, l’un introverti, l’autre extraverti. Une relation alternative. David dira de Benji qu’il l’aime et le déteste à la fois. Exaspéré par Benji, qui en fait des tonnes pour plaire et se mettre en avant dans le groupe, du moins, c’est ainsi que David le voit, quelques réflexions de son cousin, son charme opérant (à son grand étonnement) sur le groupe, lui font prendre conscience de son côté coincé, timoré. Si au départ, on plaindrait plutôt Benji, seul et au chômage, végétant en province, quand David, marié, un enfant, travaille à New York, sa désinvolture et sa capacité à nouer des liens changent le regard de David sur son cousin ; ses préjugés s’effritent, à la fin du voyage, les points communs entre eux émergent de leurs différences.

D’apparence, c’est un film très simple, un voyage balisé, les retrouvailles des deux cousins, le fantôme de leur grand-mère commune. Vers le dernier tiers du film, en essayant de visiter la maison de leur grand-mère, les deux sont frappés par la banalité des lieux, l’accueil agressif, au fond, vu de Pologne, ce sont des américains qui voyagent et on comprend qu’à présent, toute la famille, y compris la grand-mère de son vivant, est devenue américaine, que, culturellement parlant, ils n’ont plus grand chose de commun avec leurs origines excepté le traumatisme fondateur responsable de leur émigration. Un film intelligent, très émouvant, sans pathos, avec humour un peu à la Woody Allen (sans son égocentrisme) chaque fois que la situation s’y prête.

Il va sans dire qu’en ces temps troublés, où il ne reste dans le monde qu’une quarantaine de rescapés de l’Holocauste, il n’est pas inutile de réveiller la mémoire collective et le réalisateur l’a bien compris.

Et aussi

A real Pain a été lauréat du prix du scénario au festival de Sundance, nommé deux fois aux OSCARS cette année (meilleur scénario original et meilleur second rôle pour Kieran Culkin).

 

C’est le second film en tant que réalisateur pour Jesse Eisenberg après

A real pain

 

When you finish saving the world (2022) avec Julianne Moore, portrait d’une relation conflictuelle entre une mère et son fils qui se ressemblent plus qu’ils ne l’imaginent. Au fond, c’est la même mécanique que les relations entre les deux cousins…

Notre note

4 out of 5 stars (4 / 5)

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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