
HOLLYWOODLAND : les dessous chics fifties

Depuis quelques temps, cest le nec plus ultra de nous balader dans le Hollywood des années 50, cest vrai que lépoque est cinégénique, tout y est luxe, calme et volupté : femmes et voiture pulpeuses, Cadillac noir et bordeaux, mise en plis brillantes, rouge à lèvres carmin, vaste maisons crèmes aux plafonds hauts, restaurants chics de la taille dun casino, couleurs et sons feutrés, lenteurs des mouvements, diction distinguée des acteurs, une vraie cure de qualité de vie dès les premières images du générique. Pauvres de nous des années 2000 assourdissantes, polluées, speed, piercings et jeans déchirés, mauvaise mine, privées de calories, de tabac, de galanteries, de femmes fatales et des bellâtres gominés, courant après le risque zéro entre deux valium et un Coca toujours light
Sous la plage des années 50, quelques pavés pourtant Une nuit de 1959, la police débarque dans le jardin dune villa de LA : lacteur George Reeves (Ben Affleck) vient de mettre fin à ses jours, enfin, cest ce qua conclu la police dans son rapport La mère de lacteur pense, au contraire, quil a été assassiné et engage un détective privé (Adrien Brody).
Ce sont les amis de George qui ont lambiné à prévenir la police, il était monté se coucher seul à létage, ils ont attendu 45 mn avant de décrocher le téléphone après le coup de feu fatal. La fiancée Leonore Lemon (Robin Tunney*), présente ce soir-là, est demblée dans le collimateur du détective : non seulement, cest une garce mais on découvre que Reeves la ôtée de son testament au profit de sa richissime protectrice Toni Mannix (Diane Lane).. qui na aucun besoin de son argent.
Georges Reeve, acteur minable, rêvant de Billy Wilder et de Fred Zinneman, sétant illustré dans de petits rôles dans «Autant en emporte le vent» et «Tant quil y aura des hommes», sest retrouvé piégé, faute dengagements, dans le costume rouge et bleu de Superman. Au passage, étonnante homonymie de George Reeves avec Christopher Reeves, un autre Superman qui finira se jours paralysé Dici à dire que ce rôle porte la poisse
Le défaut du film est la juxtaposition assez malhabile du présent avec lenquête du détective privé et du passé avec les flash-backs de la vie de GR, passant sans cesse dune dune période à lautre, ce qui pourrait très bien coller si le réalisateur navait pas pris le parti dhypertrophier le présent au détriment du passé pourtant nettement plus attractif. Les scènes avec un Adrien Brody incertain, empêtré dans des états dâme, sont longuettes et peu passionnantes, on préfère nettement le couple Ben Affleck et Diane Lane aux prises avec les affres de la passion dune femme vieillissante pour un gigolo morose Toni M, épouse du très puissant directeur de la MGM, sest entiché de George Reeve quelle couvre de cadeaux sans pourtant le combler, lui qui rêve dune carrière d’acteur avec de vrais rôles
La mise en scène est sobre sans explications superflues, quand la police découvre le corps de GR, plan des mollets nus pendant dun lit, plan dun mur éclaboussé de sang, cest tout. Des noms, des visages de lépoque pour lambiance : Rita hayworth, laffaire Stompanato (la fille de Lana Turner avait tué lamant de sa mère, le truand Johnny Stompanato), etc
La présence de Diane Lane dans le rôle dune quinquagénaire dont la séduction nest pas loin de sa date de péremtion (« il me reste 7 ans avant que mes fesse tombent ») est un grand plus : come back tardif et bienvenu pour légérie des premiers Coppola cultes : « Rusty James » ou «Cotton club» face à Richard Gere quelle retrouvera bp plus tard dans «Infidèle» avec Olivier Martinez (héritant de lancien emploi de Gere dans les années 80 : le séducteur tout terrain). Ben Affleck, quon voit en général dans des films ratés, trouve un rôle à sa mesure dans celui dun acteur raté, beau gosse pas très futé, bon amant, bonne pâte, camouflant sa déprime sous sa musculature bronzée Adrien Brody, dans le rôle du privé destroy et fauché nest pas performant comme dans « Le Pianiste », loin sen faut, il ny croit pas beaucoup, nous non plus si ce nest que la correspondance acteur raté/détective fauché est une bonne idée.
Bien que jai lu dans un magazine que cétait là le film que de Palma avait loupé avec «Le Dahlia noir»! ! ! (Les bras men sont tombés ) Il ny a pas le moindre point commun entre ces deux films (même pas lépoque à dix ans décart) si ce nest peut-être la couleur rouge baiser des fards à lèvres pâteux. Quand le Dahlia louche nettement du côté du fantastique, ici, cest un cinéma factuel, sans chichis, pseudo-ciné indépendant, discrètement à destination de la grande consommation (production Miramax). Cependant, cest un film agréable à regarder qui ne la ramène pas et na pas non plus, hormis une disproportion narrative citée plus haut, démérité, bonne séance !
* correction du nom de l’actrice : il s’agit de Robin Tunney et pas de Reese Witherspoon comme je l’avais écrit dans un premier temps! (voir la correction dans les commentaires)
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