
« Imagine me and you » : La Femme de sa vie

Comédie de murs sur lapologie du coup de foudre, plus lourde que légère malgré lemballage faussement guilleret, on chercherait en vain une qualité à ce film : le scénario tient en une idée diluée sur une heure et demi, limage ressemble à un mauvais tirage photo damateur, les dialogues sont creux, surpiqués de quelques plaisanteries grasses, linterprétation poussive et lomniprésence de la musique, noyant sous les décibels à peu près toutes les situations, insupportable.
Rachel est sur l point dépouser son ami denfance quand sur le chemin de lautel, au bras de son père, elle croise le regard dune jeune femme chargée de la décoration florale de léglise Un coup de foudre programmé depuis les premières images du film car le réalisateur mâche le travail du spectateur en alternant les plans de Rachel se préparant à la cérémonie en famille avec ceux dune fleuriste venue de nulle part se disputant avec une blonde devant sa boutique. Puis, la fleuriste vole soudain la vedette à la mariée, estampillée « personnage principal », filmée de tous les plans (pour la crédibilité de lhistoire, je n’ai aucun souvenir davoir vu une fleuriste à un mariage…) Quand le réalisateur revient à la mariée, le match est plié et le chemin du coup de foudre a été tellement balisé quon est frustré du seul effet de surprise du film quest ce regard revolver partagé.
Pour le reste, le scénario se résumant à un concept, il sagit dune suite datermoiements de Rachel et Luce qui se cherchent entre désir et culpabilité et se trouvent dans un incroyable bouquet de happy ends multiples où les parents de Rachel, la mère de Luce, le mari malheureux et même la petite sur de Rachel, tout le monde il est heureux Les dialogues sont dune banalité consternante avec lincursion isolée du trivial dans les conversations dans le genre « une reine du gazon » ou « un spaghetti trop cuit » (la mère parlant du sexe du troisième âge )
Après «LHomme de sa vie» de Zabou Breitman, la femme de sa vie dans les deux cas, une constante : le sujet semble dépasser les louables intentions des scénaristes dont la bonne volonté à prouver la banalisation de lhomosexualité démontrerait plutôt le contraire : combien eux-mêmes sont encore gênés de traiter le sujet Le parti pris pseudo-alerte de doper le film avec des accélérations ponctuelles de laction et surtout ce grand bain de musiques de tous les styles, du karaoké au Boléro de Ravel, ne suffit pas à cacher la misère de lentreprise.
L’image est approximative, la photo plus ou moins jaunie, le cadrage bâclé, ça ressemble aux photos de famille râtées des 80 ans de la tante Adèle De temps en temps, on intercale quelques paysages, quelques ombres chinoises, rares cartes postales insérées ici et là pour la touche artistique.
Révélées par le film dhorreur «La Crypte », les deux actrices principales sont à peu près inconnues du grand public et devraient probablement le rester surtout la première Pier Perabo (Rachel) affiche une expression nunuche remarquablement monolithique et Lean Headey (Luce), fort jolie femme au demeurant, un air engoncé, comme gênée dexister. Côté masculin dans les deux rôles principaux : le terne Mattew Goode (Heck, le mari trompé, rôle ingrat par excellence), repéré dans « Match point », et Darren Boyd (Cooper, le témoin dragueur, nettement plus convaincant que tous les autres) venu des séries télévisées.
Dans le registre de la mythologie du coup de foudre, mieux vaut acheter pour le même prix le DVD du «Gendarme se marie», la décharge électrique entre Louis de Funès et Claude Gensac, cest autre chose
Film vu en projection de presse sur l’aimable invitation de VSD, merci à Olivier Bousquet, responsable de la rubrique cinéma, et au photographe du journal, nous avons été fort bien reçus.
Sortie du film en salles le 29 novembre.
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