
Pendant le 1er festival du film japonais KINOTAYO
Je suis allée faire un petit tour au premier festival du film Japonais organisé en France, surtout à Paris, mais aussi à Lyon et Pau, du 21 au 25 novembre : Kinotayo, le film japonais à l’heure numérique. J’ai commencé mon après-midi avec "The Whispering of the gods" et j’ai enchaîné avec "Love hotels", deux films diamétralement opposés, le premier esthétique et transgressif, le second ludique et parodique.
"The Whispering of the gods" de Tatsushi Omori.
Voilà le film type dont on prévenait que des scènes pouvaient heurter… Une précaution, qui, j’en ferai l’expérience, nest pas de trop Un jeune meurtrier se réfugie dans un monastère et va trouver le chemin de la foi en défiant Dieu par lexécution dun certain nombre de perversions à lencontre son entourage. Dans la première partie du film, la priorité est à la beauté des images, assez éblouissantes dans leur sobriété monacale, comme la multiplication de ces croix en bois dans un cimetière sous la neige et les silhouettes des deux personnages au loin formant eux-mêmes une croix. Après une initiation sexuelle par une jeune fille qui lui dira quand ils ont terminé « fais-moi mal » pour la suite quon ne verra pas, limage étant alors coupée là, ce qui donne un effet très puissant aux conséquences de cette demande, le jeune homme va emprunter son chemin de perversions. Si les corps sont représentés comme des statues de marbre blanc, la terre, la boue, est filmée de façon beaucoup plus sensuelle sans doute comme lélément du péché. Je suis moins enthousiaste pour la seconde partie du film avec des séquences assez pénibles à supporter, notamment une scène de zoophilie qui ma fait totalement oublier la beauté de la réalisation du film, trop dérangée par la représentation à l’écran pour apprécier les images. En conclusion, un réalisateur très doué, des images superbes au service dun sujet trop ostensiblement transgressif pour susciter ladhésion, à suivre donc pour son prochain film
«Love hotels» de Ryotaro Muramatsu
Un film très jeune génération numérique avec une esthétique à la fois pub, clip géant, jeux vidéo, BD, un peu toutes ces influences mélangées et une bonne dose dauto-dérision et dhumour. Démarrant dune scène chorale avec une bande de copains dans un café qui parlent damour, scène sur laquelle on revient, le film est découpé en petites histoires
Histoire de Suzuko, le doux optimiste, histoire de Sachi et Taku, etc
Tous étant plus au moins clients ou travaillant dans un love hotel, établissements courants au Japon. La dernière histoire, la plus déjantée et la plus drôle, étant celle dune jeune fille venant dhériter à la mort de son père dun Love hotel quelle gère avec le plus grand sérieux. Le thème commun à toutes ces histoires est la dissociation des sentiments et de la sexualité, avec une phrase à la clé «ce qui ne commence pas ne peut pas finir». Chaque histoire a son esthétique, ses couleurs, sa musique, ce qui nempêche pas le réalisateur dinsérer de nombreuses fantaisies dans la forme : de temps en temps, un panneau avec un commentaire sur la situation « déjà vu », « irritation », confusion », comme des notes en bas de pages, ou les plans réitérés dun aquarium, ou encore des arrêts sur image comme on mettrait la touche pause sur son magnétoscope, etc
Pour lhistoire finale, on est proche dans la parodie, avec une esthétique stylisée, ludique, voyante, fluo, pleine de gadgets, un univers plus proche de la BD que du cinéma mais cest aussi la partie la plus amusante à regarder. La jeune fille avec ses chaussettes multicolores, son sweat Adidas, ses lunettes sur le nez, son téléphone habillé comme une poupée, surveillant les allées et venues dans les chambres depuis le standard de lhôtel, est le prototype de la jeune fille sage occidentalisée noyée dans lhyperconsommation mais conservant les principes de la tradition. Un film inventif, jeune et drôle, assez surprenant, par un jeune réalisateur.
Site Officiel du festival Kinotayo…
Présenté aussi pendant le festival, "Loft" de Kiyoshi Kurosawa, réalisateur plus connu des spectateurs français, film qui sortira en salles en janvier 2007. J’en parlerai plus tard sur le blog…
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