
« A Prairie home companon » (« The Last show » ) : la Dernière séance / Avant-Première
Cest terrible de voir le film testament dAltman le soir de la mort du réalisateur qui vient dêtre annoncée sur toutes les radios. Cest ce qui sest passé hier soir dans le cadre de lavant-première de « Positif » avec « The last show », traduction française de «A Prairie home companion» , le titre dune émission de radio extrêmement populaire aux Etats-Unis.
Un samedi soir, la foule se presse au Fitzgerald theater de Saint Paul (Minnesota) pour assister au show radiophonique hebdomadaire «A Prairie home companion» dont ils ignorent que cest la dernière séance. Depuis trente ans, artistes, producteur et protagonistes divers animent le show entre musique country traditionnelle, tours et pubs décalées. Bien que tous sachent que la station de radio vient dêtre rachetée par un groupe Texan, le show continue en espérant quun miracle viendra changer le cours des évènements
Non seulement Robert Altman, avant de connaître tardivement la notoriété au cinéma avec «MASH», a commencé sa carrière à la radio mais encore il a poursuivi sa route en écrivant des dramatiques télé dans les années 50 qui étaient filmées en direct, cest à dire quil ne fallait faire quune prise… Le réalisateur de «Nashville» nous offre dans son dernier film une étonnante synthèse de tout son parcours, puisquil sagit dune émission de radio de country music dont il filme quasiment en direct le show et les coulisses, on et off, le producteur, Garrison Keillor jouant son propre rôle : il semble dailleurs que ce soit à la demande de ce dernier que Robert Altman ait accepté de faire ce film. Au delà de laspect documentaire du film qui laisse place à pas mal dimprovisation, on a froid dans le dos le soir de la mort du cinéaste de voir lincursion de ce qui aurait dû être de la fiction : la figure de la mort sous les traits une femme blonde en imperméable blanc se présentant comme une ancienne auditrice de lémission. Quand dans une scène émouvante et romantique où Chuck, un vieux chanteur, qui attend Evelyn, sa dulcinée et partenaire, parfumé et en caleçon dans sa loge comme un éternel amoureux transi, est retrouvé dans son dernier sommeil, la femme blanche dira « la mort dun vieil homme nest pas une tragédie» Pas mal de phrases dans les dialogues des uns et des autres vont dans le sens de lacceptation de la mort : de lhomme, de lémission de radio, du cinéma, peut-être
Le couple des deux surs, Yolanda et Rhonda, joué par Meryl Streep et Lili Tomlin, chanteuses sexagénaires ne connaissant pas le trac tant elles ont vécu et raconté leur vie sur scène, est emblématique du way of life des acteurs de la country music de lépoque dans des villes comme Nashville (Tennessee) où la musique est omniprésente : dans les rues, à la radio, dans les bars, dans les studios, partout. Pour avoir visité cette ville par hasard, je garde le souvenir précis de la boutique de vêtements (que nous dirions vus dici totalement ringards) où les chanteurs achètent leurs costumes de scène style Dolly Parton qui nont pas tellement changé depuis le Western et leurs santiags aussi dures que du bois. Meryl Streep, assez jubilatoire, est ainsi vêtue, les cheveux trop longs, trop blonds, trop laqués, les robes rouge vif de saloon, quon entend apostropher sa sur sur scène, encore plus âgée quelle, sur le souvenir de leur mère si triste quil leur fallait chanter quand elles étaient enfants pour légayer, la relève étant assurée par la fille Lola (Lindsay Lohan).
Bien que jai entendu pas mal de rires dans la salle, les dialogues ayant souvent leur part dhumour, avec notamment le gaillard Garrison Keillor, les hilarantes pubs vraies ou fausses ou le talentueux, Guy Noir (Kevin Kline), gardien du temple, on est assez traumatisé par la dimension prémonitoire du film, à moins, quelle nait été conjuratoire quand on sait que Robert Altman avait un autre film en projet Il est impossible davoir une opinion objective sur ce film qui nest pas, à mon avis, une uvre majeure dans la filmographie du réalisateur, comme "Shortcuts" ou «Gosford park», etc mais dont la résonance avec lactualité fait perdre le sens critique…
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