ALPHA DOG : comme des chiens enragés

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Dans une banlieue huppée de LA, un groupe de jeunes gens passent leurs journées et leurs nuits en quête de sensations de plus en plus fortes pour tromper le vide de leur existence. Un univers sex, drug and rock’n roll où on se traîne d’une orgie à l’autre en s’invectivant d’insultes avec pour seul objectif d’aller en boite faire la même chose. Une nuée de clones de Paris Hilton suit le groupe en gloussant et fumant en attendant d’être utilisées et jetées comme des kleenex.

Johnny, fils du caïd Truelove, arrogant chef de la bande, entouré de sa cour dont Elvis, le souffre-douleur, fait du business en dealant de la drogue fournie par son père. Grugé par Jake Mazursky, un des ses acolytes, qui a détourné l’argent d’une livraison pour sa consommation personnelle, la guerre est déclarée entre les deux hommes. Pour se venger de Jake, chien enragé, défoncé 24 sur 24, qui a mis à sac son appartement, Johnny décide d’enlever son demi-frère de quinze ans, Zach Mazursky, ado couvé et étouffé par sa mère. Très vite, on ne sait plus quoi faire de Zach, sympathique à tout le monde et ravi d’être délivré de la tutelle maternelle, on le confie alors à Frankie, un des lieutenants de Johnny, pour l’héberger.

Les parents sont présentés pires que leurs enfants. Le père de Johnny lui sert de fournisseur de drogue, quand Frankie rentre chez lui, son père, occupé à une partouze, lui propose de se joindre à eux «on avait à peine commencé!», une ado demandant de l’aide à sa mère une nuit s’entend répondre « pour une fois qu’on peut baiser et de toute façon, j’ai pris de l’esctasy, je ne peux pas te parler ». Livrés à eux-mêmes, les jeunes gens bricolent une survie en meute où la frontière entre le bien et le mal est d‘autant plus floue qu’il n’existe aucun garde-fou pour fixer les limites du jeu.

Pendant trois jours indiqués à l’écran avec des heures, des étapes, des lieux et des témoins de scènes sans qu’on sache vraiment pourquoi, le statut de Zach passe imperceptiblement de celui d’otage à celui de copain de beuveries. Mieux, l’ado, jubilatoire, vit trois jours d’initiation aux jeux des aînés dont une partie à trois dans une piscine avec de deux de leurs ravissantes copines blondes. Quand Frankie, pris de remords, lui propose de le laisser s’échapper pour rentrer chez ses parents, Zack refuse, préférant la compagnie de ses nouveaux amis.

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Inspiré d’un fait divers réel, le film semble s’intéresser davantage à l’observation des mœurs de ce microcosme social voisin de celui où baignent les personnages des livres de Bret Easton Ellis qu’à l’événement dont on fait traîner l’issue dramatique. Le générique flou montre une sorte de vidéo d’enfants puis d’ados grandis ensemble. Le réalisateur qu’on sent fasciné par le vide vertigineux de ce milieu où le manque de l’essentiel est remplacé par la surconsommation de tout, a sans doute cherché une logique à la dérive des personnages. Ne trouvant aucune explication à livrer au spectateur, il n’en finit pas de filmer ces faux voyous dorés sur tranche qui jouent aux durs et finiront pas le devenir sous le coup de la panique. Par ailleurs, attaché à ses personnages, le réalisateur nous montre des jeunes gens plutôt sympas, plus passifs qu’actifs, si on excepte la caractériel et violent Jake Mazursky, initiateur du drame, qui disparaît mystérieusement de l’écran à mi-film pour céder la place à Frankie, en charge de Zach, l’otage copain.

Les rôles principaux des adultes sont confiés à deux stars d’Hollywood un peu sur le déclin, Bruce Willis, le visage creusé, desséché (le père de Johnny) et Sharon Stone (la mère de Zach) métamorphosée en fin de film en une peu crédible grosse femme dépressive et bouffie par un jeu de maquillage outré, les sourcils noircis, les paupières fardées de gris, la bouche peinte en rouge sang (et sans doute aussi de travail informatique sur l’image). A l’exception de Justin Timberlake dans le rôle de Frankie, les autres acteurs jeunes ne sont pas connus (de moi), c’est d’ailleurs de ce dernier, particulièrement attachant dans un rôle de bourreau à son corps défendant, dont on se souviendra.

Le film en soi est assez agréable à regarder, les images dans la pénombre, l’ambiance oisive, les parents naturellement monstrueux, la performance des acteurs, le tout fonctionne assez bien. Cependant, le sujet du suicide lent de la jeunesse dorée qui aurait «tout» et même davantage pour être heureuse vue de l’extérieur et aucun centre d’intérêt que se détruire vue de l’intérieur n’est pas nouveau, la complaisance à décrire ce milieu dépravé et paumé non plus. Les bimbos blondes californiennes, les beaux mecs bornés (avec une remarquable concentration de tatouages au cm2 de peau), l’argent, la défonce, le sexe, le préfixe «fuck» à toutes les phrases, il y a longtemps que ça ne choque plus grand monde. Mais on n’est pas loin de penser que le réalisateur cherche le film culte, le film emblématique d’une génération vidéo qui confond fiction et réalité. Sauf que ça ne se décide pas à priori. Quand il convient enfin de resserrer l’action sur le drame, il est bien tard…

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zoliobi

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