Contre-Enquête : le plat polar hexagonal

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Ce n’est pas que le scénario manque totalement d’idées, au contraire, mais il y a dans ce film un défaut de tempo, de timing, et quand arrivera enfin un coup de théâtre, il est mal introduit, l’effet est gaspillé, dommage… N’anticipons pas : pour revenir à la simple crédibilité du temps écoulé tel qu’on voudrait nous le présenter, le début est très significatif : un policier, Richard Malinoski (JD), garde sa petite fille Emilie pendant que sa femme, anesthésiste, travaille à l’hôpital. Un coup de fil du commissariat pour une affaire urgente et le père laisse sa fille seule chez eux pendant deux heures. Avant même ce coup de téléphone, on sait qu’on met en scène lentement et pesamment que le père ne reverra pas sa fille, pire, il sera responsable de l’avoir abandonnée, c’est téléphoné (hum)… Après tout, pourquoi pas. Le problème, c’est qu’à peine est-il rentré chez lui, pour se rendre compte que la petite est sortie, sans s’inquiéter, que le père reçoit un appel d’un collègue : on a retrouvé sa fille violée et assassinée. Tout ça en deux heures ! ! ! Le film est découpé en trois parties : l’année du crime, le procès l’année suivante et encore la suivante.

Très vite, la police trouve un coupable dont on se demande si il a avoué de son plein gré ou si on lui a extorqué des aveux. C’est ce que plaidera le prévenu à son procès mais il est condamné quand même à 30 ans de réclusion. Le temps ayant passé, Richard Malonoski reçoit une lettre de Daniel Eckhman de la prison, condamé pour l’assassinat de sa fille, plaidant son innocence et que le vrai coupable est encore en liberté. Ce prisonnier modèle occupe une cellule coquette dans le quartier VIP comme paraît-il les délinquants sexuels, mieux installée que pas mal de chambres d’hôtels, on tique… On n’est pas dans «Prison break , c’est sûr… Quand arrivera très tardivement une scène de viol collectif du prisonnier par des codétenus, ça tombera comme un cheveu sur la soupe et ne fera pas l’effet escompté, ça fait ajouté de dernière minute, toujours ce problème de timing…

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Si l’image n’est pas mal filmée, surtout la ville, les canaux, les bois, le rythme du film est bancal, lui aussi, bavard et lent, avec quelques accélérations isolées comme si le réalisateur craignait soudain que le spectateur s’ennuie (exact). Les rapports entre les personnages sont fades, lisses : les collègues policiers entre eux ont une relation idéalisée, fraternelle, la famille, la prison, tout est édulcoré. … Par dessus le marché, les dialogues sont d’une grande banalité avec quelques tentatives d’humour. Sur le fond, c’est plus pernicieux : plaidoyer pour l’autodéfense, le film utilise des arguments, surexpression du chagrin, points sur les i, lieux communs et clichés sur la perte d’un enfant et le deuil, le cercueil blanc, le baiser ultime des parents, la chambre de l’enfant filmée et re-filmée, etc… qui feraient du spectateur, qui ne s’émeut pas de la douleur des parents et ne réclamerait pas vengeance, un monstre…

Déception du côté de Jean Dujardin : quand on a vu ce dont il est capable dans «OSS 117», transition entre la comédie et le polar vrai, on pouvait s’attendre à la prestation d’un grand comédien : est-ce parce qu’il n’a pas été dirigé… L’interprétation est studieuse et trop extravertie : regards très appuyés, crises de larmes, expressions forcées, emphatiques, quand on attendait le contraire : un jeu tout en intériorité comme le voulait ce rôle mais ce sera pour une autre fois Que reste-t-il dans ces conditions? Une bonne idée de scénario et une excellente prestation de Laurent Lucas. Le polar hexagonal est désespérément aussi plat que l’EEG d’un comateux… Les années du film noir français (années 50) sont très loin derrière nous… Pour amateurs de sensations faibles…

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zoliobi

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