DARK HORSE : Lars Von Triers family/Avant-première

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Voilà un film qui pose un problème de conscience pour en parler car, si on n’a rien à lui reprocher, objectivement parlant, on s’y ennuie ferme (passée la première demi-heure assez sympa), bien que le critère soit personnel… Pourtant, je n’étais pas la seule à être tentée par la somnolence postprandiale dans une salle de projection près des Champs Elysées si j’en crois l’observation de certains de mes voisins dont deux dormaient à poings fermés…

C’est un peu le genre de film dont les gens qui ne n’aiment pas le cinéma pensent qu’ils vont plaire aux cinéphiles sur le critère qu’eux-mêmes y sont totalement hermétiques… Quand mon compagnon lit le programme de la télé pendant le WE, il plaisante (à peine) que tous les films assommants sont sûrement ceux que je vais regarder… Mais, j’ai l’habitude, mon entourage se méfie… ainsi, pour avoir généreusement ! ! ! invité une amie à m’accompagner à l’avant-première d’«Angel», l’ingrate, craignant un film d’auteur allemand en VO (excellent au demeurant) comme la dernière fois que nous sommes allées ensemble au cinéma, a refusé… et elle va le regretter… Bref !

A la réflexion, ce film n’était pas si mal… Une histoire simple, traitée de façon compliquée, de deux jeunes gens d’aujourd’hui, immatures et rêveurs, refusant la réalité dont essenstiellement celle économique, et se heurtant à l’ordre avec un grand O caricaturé par le personnage du meilleur ami Papy, l’antithèse de Daniel, un aspirant arbitre, obsédé par les règlements, vivant la plupart du temps en short avec un sifflet et réclamant une contravention quand leur voiture est garée en infraction…

Filmé en noir et blanc à la manière d’un film muet en musique, bien que parlant et bien que le réalisateur dise dans le dossier de presse (coucou Dr Devo!!! auteur de la charte critique sur Matière Focale) que c’est plutôt des années 60 nouvelle vague qu’il s’inspirait, on est d’emblée plongé dans une irréalité stylisée. Si on se dit à posteriori que cette ambiance correspondait bien, tout compte fait, à l’état d’esprit des anti-héros niant la réalité du quotidien, le problème demeure l’empathie pour cet univers (qui ressemble au négatif de la photo) où je n’ai pas réussi personnellement à m’intégrer, la distance étant trop immense entre le sujet et le traitement de l’histoire. Pour les amateurs de références à tout prix, ça renvoie un peu au cinéma de Lars Von Triers dont le prochain «The Direktor» (sur le générique de fin de «Dark horse», on lit «The Instructor» avec un o pareillement barré et LVT aurait participé à la production du film) : ces comédies loufoques maniant le grotesque et l’absurde pavées d’un humour à la fois naïf et corrosif.

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Convoqué par le centre des impôts parce qu’il n’a gagné que 40 couronnes en 4 ans, Daniel surfe avec les créanciers et les dettes en existant le moins possible administrativement. Vivotant au jour le jour en écrivant sur les murs des déclarations d’amour qu’on lui commande comme tagueur professionnel, Daniel déambule, walk-man vissé aux oreilles, coupé du monde (jeu sur le son, quand il enlève son casque, le spectateur entend ce que Daniel entend : le bruit de la rue, la ville, le réel) et roule dans une antique Fiat 500. Rencontrant son double en Francesca, serveuse dans une boulangerie mais allergique au pain et surtout défoncée aux amphétamines, il en tombe amoureux. Le problème, c’est que son ami Papy, qui se rêve en arbitre professionnel et en garant des lois, est également amoureux de Franc mais finira par se laisser vamper par sa mère, personnage survolté et pathétique de femme vieillissante se vivant comme encore séduisante.

Le film est assez manichéen, voire gentiment moralisateur, d’un côté, la jeunesse marginale réfugiée dans l’irresponsabilité et la recherche du confort maximum avec un minimum d’efforts, de l’autre côté, la loi et la règlement incarnés par Papy et le personnage du juge. Un argument qui pourtant ne crève pas l’écran sur le moment… tant qu’on est bercé par l’enchaînement des situations absurdes (pourtant émaillées d’un indéniable humour), le ballet des personnages grotesques, et l’univers hyper-stylisé encore plus en noir et blanc que les images, si l’on peut dire… En voulant manier rêve et réalité, le réalisateur passe vite de l’autre côté du miroir et ne nous y entraîne pas… Si on rit quelquefois de bon cœur au début, on décroche vite!

En sélection à Cannes 2006 dans la section Un Certain regard, ce film danois est le second long-métrage du réalisateur Dagur Kari après "Noï Albinoï" sorti en France en 2003. Réalisateur et musicien, Dagur Kari, qui fait partie du groupe SlowBlow, concocte également lui-même les BO de ses films. Techniquement irréprochable, quelquefois drôle, foncièrement créatif, c’est une curiosité pour cinéphiles (Dogma…tiquement…) curieux…

Sortie du film en salles : 14 mars 2007

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zoliobi

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