"Gabriel over the White House" ("Gabriel au dessus de la Maison Blanche") : l'élu

Gregory LaCava, 1932

Pitch

Un cynique président des Etats-Unis, fraîchement élu à la solde de son parti, reçoit la visite de l'archange Gabriel, à la suite d'un accident de voiture, et s'en trouve considérablement transformé, investi dès lors d'une mission divine.


S’il est un film qui illustre le débat post-projection qu’on a eu récemment lors d’une soirée spécial blogueurs chez TCM sur l’élection du président de la république aux USA qui est aussi, ou avant tout, l’élu biblique (en deux mots…), c’est bien ce croquignolet « Gabriel over the White House », un film savoureux et drôlement gonflé, toujours d’actualité… La crise financière actuelle, avec Sarko devenu soudain « le sauveur » d’un pays qu’il a bradé en fanfare aux plus nantis au lendemain de son élection, en est le dernier exemple… Mais cette comparaison facile, pourrait-on objecter, est pourtant encore plus piquante quand on connaît l’historique de la sortie du film :
produit par la MGM, tourné en 1932 peu après la plus grave crise financière qu’ait connu les USA, sous la présidence déclinante de Hoover, Louis B Mayer, se rendant compte en visionnant le film que c’est un plaidoyer en faveur du futur président Roosevelt, retarde sa sortie en 1933 après l’investiture de ce dernier.

 

La première partie du film montre l’élection et la cérémonie d’investiture du président Hammond : arrogant, inculte, l’homme est ravi d’occuper la Maison Blanche, décidé à y végéter confortablement et servir la soupe au Parti qui l’a mis en place, plus préoccupé d’en finir avec la corvée de serrer des mains que d’investir la fonction. Une jeune femme se présente, Pendie Malloy, visiblement la maîtresse de Hammond qui est célibataire, elle est aussitôt promue secrétaire particulière.
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Un jeune homme pourtant réprésente tout ce que le président Hammond devrait être : Beck, son secrétaire particulier, idéaliste, travailleur, intègre, au courant des affaires du pays et des relations internationales où Hammond sèche lamentablement, ouvrant un télégramme de félicitations, il demande à Beck où est le Siam. Plus tard, tandis que la radio dans son bureau retransmet les émeutes des chômeurs, Hammond n’entend rien, en train de jouer à cache-cache avec son neveu. La conférence de presse est à l’image du nouveau président : langue de bois et indifférence, à toutes les questions, il répond que c’est un problème local…


La scène de traversée de la première à la seconde partie est succulente et cocasse : Hammond, qui conduit lui-même sa voiture, roule à tombeau ouvert, les motards et la sécurité peinent à le suivre dans cette incroyable virée à fond la caisse, quand arrive l’accident providentiel… Tombé dans le coma, Hammond est visité par l’archange Gabriel, quand il se réveille, c’est un autre homme, plus proche de Lincoln que de Nixon… Passant désormais tout son temps à se documenter sur les affaires du pays, Hammond, passé des cajoleries à sa secrétaire à un respectueux Miss Malloy, est devenu un ascète, un saint qui veut faire le bien et redistribuer les richesses aux plus pauvres, ce qui va lui valoir l’ire du Parti, allant jusqu’à demander sa destitution. Un comportement christique où Hammond va donner de sa personne jusqu’à mourir à la tâche, s’épuisant à aller physiquement à la rencontre de « son peuple », s’occupant de tout et de tout le monde, combattant le gangster Nick Diamond et soutenant le chef des chômeurs John Bronson lors de la marche sur Washington. Hammond finira même par organiser un événement historique en convoquant sur un bateau tous les pays européens pour exiger le remboursement de la dette… Cependant, flirtant parfois avec le dictateur pour arriver à ses fins, Hammond version 2 réprésente aussi le danger d’un excès de vertu, LaCava, fine mouche, avait pensé à tout!

Un must que ce film introuvable que programme TCM en ce moment à l’occasion de son cycle « Présidents made in Hollywood ». Par le plus grand des hasards, j’avais vu l’autre jour un autre film de l’oublié Gregory LaCava sorti dans la dernière livraison des DVD de la RKO « Primrose path », un mélodrame cru qui avait eu à l’époque des problèmes avec la censure. 

Notre note

4 out of 5 stars (4 / 5)

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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