« Manon » adapté par Clouzot/sortie DVD/Année Clouzot
Pitch
Passagers clandestins, Manon et son amant Desgrieux se souviennent de leur histoire en la racontant au capitaine du bateau...
Notes
Ce film est une adaptation libre du roman « Manon Lescaut » de l’Abbé Prévost transposé à l’époque de la Libération vue sous un angle très sombre : amoralité, marché noir, enrichissement mafieux, trafics en tous genres.
Clouzot a choisi de présenter son film en flash-backs : Manon et Desgrieux, passagers clandestins d’un bateau français qui emmène clandestinement, moyennant finances, un groupe de la dispora juive vers Palestine avec déjà les conflits qui démarrent (au moment de la promulgation de l’état d’Israël, 1948, autre aspect du film un peu survolé), se confient au capitaine.
Retour sur la rencontre de Manon (Cécile Aubry) et Robert Desgrieux (Michel Auclair), Accusée d’avoir collaboré avec les allemands, on s’apprête à la tondre, il la sauve et se met hors la loi.
A Paris, Manon retrouve son frère, Léon (Serge Reggiani) qui s’est enrichi dans la contrebande et propose de les aider à sa manière. Manon et son frère sont semblables, en quête d’argent facile. Longtemps, Desgrieux, qui cherche un boulot honorable, refuse les propositions de Léon et va se laisser duper par Manon qui n’hésite pas à se prostituer dans une maison close de luxe, bien que les fourrures et les bijoux de cette dernière finissent par lui mettre la puce à l’oreille.
Mais la passion de Desgrieux pour Manon est mortifère, il la préférera morte que vivante et vénale, en faisant une statue qui lui appartient (interminable et emphatique dernière scène).
"Manon" (Clouzot, 1949), "Manon Lescaut" à l'époque de la Libération où Cécile Aubry préfigure Bardot, beau et noir DVD @emontparnasse 03/10 pic.twitter.com/2588SsYo7i
— Camille M/Cinémaniac (@Cine_maniac) September 29, 2017
Et aussi
En choisissant Cécile Aubry, élève au cours Simon, Clouzot avait fait mouche, physique angélique ambigu, jeu maladroit, regard un peu sournois, ange et démon, traduisant bien le portrait d'une jeune femme tour à tour vénale et sincère, futile, sans aucune notion du bien et du mal, en prise avec la dualité de son caractère, prisonnière de son goût pour le luxe, la fête et les plaisirs (et aussi de sa volonté de ne jamais retrouver dans la pauvreté de son enfance), qui pratique le mensonge depuis toujours bien qu'elle aime Desgrieux, qui, lui, a une passion pour elle, ce qui est bien différent... Si le film ne lui était pas antérieur, on pourrait dire que Cécile Aubry joue à peu près comme Brigitte Bardot et Clouzot traitera d'ailleurs à peu près de la même représentation de la femme, amorale et toxique pour les hommes, bien que touchante, avec Bardot dans "La Vérité". "Manon" rafla le Lion d'or à Venise en 1949. HG Clouzot était né en 1917, mort en 1977, on fête en 2017 "l'année Clouzot". Après "Le salaire de la peur" et "Le Mystère Picasso" au 70° festival de Cannes en mai dans la section Cannes Classics, une rétrospective de l'ensemble de son œuvre aura lieu au festival Lumière de Lyon en octobre et une autre à La Cinémathèque à partir du 8 novembre 2017 avec en ouverture une exposition "Le Mystère Clouzot". http://www.cinematheque.fr/cycle/le-mystere-clouzot-408.html
Diffusion
« Manon » de Henri-Georges Clouzot, Éditions Montparnasse, sortie DVD 3 octobre 2017.
Notre note
(4 / 5)
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