Le Prix à payer : l’alternative comédie Fric ou comédie Je

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"Bonjour, une place pour Combien tu m’aimes, svp!", "ça s’appelle le prix à payer!", me répond la caissière. Ca vous étonne que je me sois trompée de titre en allant au cinéma ce soir? Dans la salle on passait d’ailleurs la bande annonce d’un autre CinéJe : «j’veux pas que tu t’en ailles» ou qq chose comme ça. Entre les comédies Je et les comédies Fric, ou les deux, on se perd…

Pour ce Prix à payer, on prend un tandem dominant/dominé, de préférence patron /chauffeur, comme dans «Olé» (Depardieu/Elmaleh), voire dans «La Doublure» patron/voiturier (Auteuil/Elmaleh), ces têtes à têtes inventés par Jacques Veber (avec des grands moments) entre deux êtres que tout oppose mais que les circonstances vont réunir. Clavier, spécialiste des daubes sous-Veberisantes, traînant comme un boulet son personnage de vieux nouveau Louis de Funès depuis le début de sa carrière, vient ajouter un troisième volet à ces flops que furent «l’Antidote» (+J.Villeret) et «L’Entente cordiale» (+D.Auteuil)

Pour corser les choses, le thème de ce film est clairement obscène «pas de cul, pas de fric» bien qu’on aille chercher l’explication de comment on en est arrivé là dans les tréfonds de la psychologie féminine expliquée par le magazine "Elle" où 2 et 2 ne font pas 4 sur trame d’une image du couple à se jeter dans la Seine à la sortie de la séance.

Bien que je sois allée voir ce film à reculons pour des raisons d’horaire (je pensais en premier choix voir cette semaine «Le Garde du corps» ou le nouveau film sur Truman Capote), je dois dire que la première heure du film s’en tire bien, les observations du couple Clavier/Baye sont amusantes, on rit, les acteurs ont du métier. Vers le milieu du film, arrive alors la scène du repas, reprise pour la BA, et le dîner n’est pas terminé qu’on se demande comment la réalisatrice va pouvoir s’en tirer après avoir ainsi fermé son film dans une sorte de point de non retour…

Acte I : encore un peu d’espoir que ça en reste là…
Mr Ménard (Christian Clavier) est seul avec son bureau, ses affaires, son chauffeur, son appartement immense, son épouse dépensière compulsive et sa fille. On le présente déjeunant seul dans une brasserie genre Lipp. Le soir, après le dîner préparé par la domestique asiatique, Odile Ménard (Nathalie Baye) se terre dans sa chambre à part pour éviter les avances de son mari. Qu’entre deux lectures seul dans son lit, Mr Ménard tente un rapprochement et elle lui répond fatigue et cachets pour dormir. Un jour que Mr Ménard accablé se confie à Richard (Gérard Lanvin), son chauffeur, ce dernier, gros macho tatoué et borné, lui tient une théorie que leurs femmes respectives étant entretenues entièrement par eux, elles leur doivent bien un minimum syndical sexuel en échange. Une nuit qu’elle lui claque encore la porte au nez, Monsieur Ménard passe à l’acte et confisque cartes de crédit et carnet de chèques d’Odile. Pour récupérer sa carte gold, Odile Ménard, furieuse et ivre, va donc être obligée de faire son devoir conjugal.

La razzia des marques de l’avenue Montaigne (voire la variante de la côte d’azur) est le grand classique des comédies Fric ces derniers temps, de multiples grands paquets griffées à bout de bras, l’héroïne passe ses journées à faire du shopping, entre sa manucure et son coiffeur. Il semble que ce soit l’idéal d’aujourd’hui : passer une vie à faire des courses et trouver pour cela un pigeon qui paye les factures, les robes de couturier, les chaussures Jimmy Choo ou Ferragamo (ici, on insiste lourdement sur cette marque, un sponsor du film?) et les sacs à main Hermès.

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Acte II : la débandade…
Mr Ménard invite son chauffeur et sa femme à dîner et déballe tout à table des problèmes avec sa femme, ça tourne mal pour le film qui jusque-là avait miraculeusement évité la vulgarité, ça tourne si mal que NB se met à jouer faux et CC à se parodier encore plus que d’habitude. La scène du dîner est un monument de mauvais goût. On en rajoute, Mr Ménard va mettre à la poubelle indécemment tout le dressing hors de prix de sa femme, dans une période où les sdf sont légion dans nos quartiers de Paris, ça passe mal… On s’enlise. Pour couronner le tout, on essaye de nous faire passer qu’Odile Ménard, qui a la soixantaine bien tassée, trouve immédiatement un client dans un bar pour lui payer 500 Euros une passe de prostituée occasionnelle qu’elle n’est pas. Mais justement ce type a besoin de casquer pour se motiver et comme Odile Ménard s’est vu couper les vivres, ça tombe bien! Pendant ce temps, ça ne va pas mieux pour le couple de Richard dont la femme (Géraldine Pailhas) s’est mis dans la tête de réaliser ses rêves en écrivant un livre la nuit au lieu de le câliner et qui se voit réclamer la moitié du loyer depuis trois ans.

La morale serait à peu près que supprimez la carte de crédit de votre femme pour lui faire toucher du doigt que c’est votre argent qu’elle dépense et qu’elle doit vous payer de son corps en retour. Alors, non seulement, ça ne marche pas, mais l’épouse vexée, qui avait renoncé à l’amour charnel pour un shopping bien inoffensif dont elle est à présent privée, s’en ira chercher, non pas un autre banquier mais un autre mec pour l’aimer, allez comprendre les femmes !

Un film plus pessimiste qu’il n’y paraît sur les rapports entre les hommes et les femmes qui n’auraient pas évolué depuis la guerre (notamment, le sexe envisagé par les femmes comme une corvée), avec l’idéal féminin de faire du shopping sans limites dans une liste de 10 boutiques de marques, toujours les mêmes et bien entendu hors de prix, pendant que les hommes gagnent le pain (allégé) du ménage et ne sont payés en retour que d’ingratitude.

 

 

 

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Posted by:

zoliobi

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