L’ETOILE IMAGINAIRE : il manque une étoile / Avant – Première

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Film rebaptisé de dernière minute "L’Etoile imaginaire", il s’agit bien du film italien de Gianni Amelio "Il Manque une étoile" ("La Stella che non c’e", 2006 ) en sélection officielle au dernier festival de Venise. Un réalisateur qui avait déjà obtenu auparavant le Lion d’or à Venise avec "Mon Frère" ("Cosa Ridevano",1999). Considéré en Italie comme du même niveau de Nanni Moretti, Gianni Amelio s’était fait connaître à Cannes avec "La Cité du soleil" (A Città del sole", 1973, Quinzaine des réalisateurs), puis avec "Portes ouvertes" ("Porte aperte", 1990), "Le Voleur d’enfants" ("I Ladro di bambini", 1992, Prix spécial du jury à Cannes), plus récemment "Les Clés de la maison" ("Le Chiavi di case", 2004).

Dans le même esprit que son film "Lamerica" (1994) mettant en scène deux italiens partis faire fortune en Albanie, "L’Etoile imaginaire" raconte l’épopée d’une sorte de Don Quichotte à la découverte de la Chine pour réparer une erreur… Tiré d’un roman à succès sur le démantèlement des hauts fourneaux de la banlieue de Naples, vendus aux chinois, le film a transposé l’histoire carrément en Chine, ce qui n’a pas été sans poser des problèmes de tournage…

Vincenzo Buonavolontà (Sergio Castellito), reponsable commercial d’une société de machines-outils, se rend compte à l’occasion d’une vente de pièces détachées à une entreprise chinoise, qu’une pièce fragile, n’a pas été démontée correctement, comme il l’avait vivement recommandé, et qu’il y a donc un risque d’accident à la livraison en Chine… L’erreur a été commise en conséquence d’une faute de traduction de l’interprète chinoise de ses recommandations au responsable, Monsieur Chang. N’écoutant que sa bravoure, Vincenzo, se précipite à l’aéroport prendre le premier avion pour la Chine dont il ne connait rien…

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Le film débute par une ville sombre sous la pluie, le bruit de la pluie dès le générique, une file de manifestants sous des parapluies noirs devant une usine scandant un slogan « usine vendue aux chinois friqués»… Pendant ce temps, un car de tourisme débarque tout une colonie d’acheteurs chinois souriants collés à la vitre de l’usine… Un homme seul dans la pénombre des bureaux, les attend, songeur, c’est Vincenzo Buonavolontà… Un homme seul face à une armée de chinois posant en rangs serrés en groupe pour la photo souvenir à l’usine…

Quand Vincenzo s’aperçoit, après leur départ, que les acheteurs chinois n’ont pas respecté ou pas compris sa consigne de ne pas utiliser un certain type de chalumeau pour démonter la pièce défectueuse d’un outil, l’image suivante sur l’écran est la photo du passeport de Vincenzo (enchaînement immédiat des situations), puis, l’aéroport, la Chine inconnue et multiple, des forêts de buildings de la ville au désert des campagnes, où il lui faut retrouver ce monsieur Chang. Mais ce dernier a été viré de sa société… Sur place, Vincenzo récupère la jeune et jolie interprète, Liu Hua, qui l’accompagnera dans son périple pour localiser au bout du bout du monde… l’usine où a atterri la pièce défectueuse.

Qu’il s’agisse de Naples sous la pluie, de la transition quasiment inexistante d’Italie en Chine, ou des paysages dépouillés en Chine, l’économie d’effets est drastique, c’est un film d’une sobriété monacale, dépouillé et minimaliste où on parle d’ailleurs également assez peu… Sergio Castellito est admirable d’intériorité, parti pour sauver des gens qui lui ne demandaient rien, Vincenzo se découvrira lui-même au bout du chemin et sans doute aussi l’amour, par le fils de Liu interposé qui les rapproche. Ce film est le récit d’une quête intérieure présentée comme une fable aride. Oubliée la tragicomédie expansive d’un Alberto Sordi ou même l’humour omniprésent d’un Nanni Moretti, comme dans nos clichés sur le cinéma italien, ici, on gomme tout… Un film âpre et beau, d’une austérité déconcertante, qui demande un bonne dose de concentration ou un petit café…

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zoliobi

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