« Maison close » : immersion dans un bordel de luxe du XIX° siècle

Mabrouk El Mechri, Canal+, 1ère diffusion lundi 4 octobre 2010

Pitch

Paris, 1871, trois femmes travaillant dans une maison close de luxe, "Le Paradis", tentent d'échapper à leur condition sociale et leur servitude : Hortense, la tenancière du bordel, Vera, la prostituée star, Rose, la jeune fille provinciale innocente.

La rubrique CinéTV sur Cinémaniac poursuit son chemin avec, en avant-première pour cette rentrée, une exclu : la critic de la nouvelle série originale de Canal+, »Maison close », 8 épisodes à dévorer sans modération tous les lundis à partir du 4 octobre 2010…

 

   

Pitch.
Paris, 1871, trois femmes travaillant dans une maison close de luxe, « Le Paradis », tentent d’échapper à leur condition sociale et leur servitude : Hortense, la tenancière du bordel, Vera, la prostituée star, Rose, la jeune fille provinciale innocente.

La première image de l’épisode 1 est une scène de sexe frontale dans un bordel : Vera, prostituée star du « Paradis », fête son dernier client, sur le point d’épouser le Baron Duplessis. Mais Hortense, la tenancière de la maison close, amoureuse de Vera, rechigne à encaisser l’argent du Baron Duplessis qui lui paye pourtant très cher la liberté de sa prostituée préférée. Pendant que Vera donne une orgie mémorable au « Paradis » pour célébrer son départ en beauté, deux femmes autour de Vera ne sont pas de la fête : Hortense, désespérée d’avoir été remise à sa place par Vera, qui tente de se suicider et se rate ; Rosalie, une jeune provinciale qui voudrait entrer dans la maison close retrouver sa mère dont elle sait seulement son ancien prénom. Vera dénonce alors Hortense à Gaston Lupin, un ex-communard, maître-chanteur de la maison close qui lui doit de l’argent. Hortense laisse partir Vera, que le Baron Duplessis installe dans un hôtel particulier de la Plaine Monceau, mais ne lâche pas prise : elle paye Brice, un voyou, pour assassiner le Baron.


photo Canal+
—–
De retour au « Paradis », Vera, amère, soupçonne Hortense d’avoir fait tuer le Baron Duplessis. Rosalie, la jeune fille, est vendue par un soi-disant artiste à la maison close, on la renomme Rose. Tandis que Vera organise une grève avec ses collègues du « Paradis », Hortense a une idée de génie pour sauver sa maison close : mettre la virginité de Rose aux enchères auprès de ses meilleurs clients. Mais Rose résiste et Hortense est obligée de faire revenir Camelia, une prostituée toxicomane, afin qu’elle initie Rose à la drogue et que cette dernière soit docile avec les clients.
Sexe et violence font bon ménage, Lupin, le communard, se fait passer pour un client et défigure Louise, une des filles, au vitriol, Rose, menacée d’être vendue à une maison d’abattage, est violée par le gagnant des enchères, Camelia est massacrée par un client sadique qui se fait appeler « le chirurgien » ; Angèle, à qui son homme, Brice, a donné un collier volé au Baron Duplessis, bijou que Vera reconnaît, est emprisonnée par un commissaire de police ripou, Valentine a contracté la syphilis.

Seconde histoire dans l’histoire, « Le Paradis » appartient en réalité à Pierre, le frère d’Hortense, de retour en France après des années à l’étranger. Installé faubourg Saint Honoré avec son épouse très convenable, qui ignore tout des activités de sa belle-soeur, Pierre revient souvent en visite au « Paradis » pour se réconcilier avec sa soeur qui le déteste pour des raisons qu’on devine très lourdes. Ignorant le dessous des cartes, Marguerite, vieille femme au look rassurant, « homme de main » d’Hortense recrutant et formant les filles, a des velléités de racheter la moitié du « Paradis » avec son bas de laine. Pendant ce temps, Hortense essaye d’extorquer la propriété du « Paradis » à son frère qui tergiverse.

Bien qu’il y ait un peu de mou dans les épisodes 5 et 6, on repart pour un final mélo tragique hard dans les deux derniers épisodes. Rose a pris le dessus, amoureuse de Pierre, le séduisant frère d’Hortense, mais consciente qu’elle ne sortira jamais de sa condition de prostituée, elle n’a pourtant pas abandonné son idée de départ : retrouver sa mère Marie-Jeanne dont elle sait désormais qu’elle avait été renommée Florianne et qu’Hortense l’avait connue autrefois bien qu’elle s’en défende.

Rivalité de femmes menées par la tenancière homosexuelle qui déteste les hommes. Trois femmes principales : Vera, l’ancienne séductrice star qui veut raccrocher, Rose, la pure jeune fille violée et vengeresse, Hortense, la tenancière de bordel qui n’a qu’un point faible : sa passion pour Vera. Univers clos de femmes entre elles où les hommes, bourreaux et victimes, craints et manipulés, sont à la fois les responsables de leur asservissement et les outils externes possibles pour sortir de leur condition sociale.

On est pas loin du mélo tragique avec ce portrait d’une maison close appréhendée de l’intérieur, les maltraitances faites aux prostituées, le réalisme de la violence, la laideur des corps des clients gros et vieux, la fatigue des filles, la politique en toile de fond avec les anciens Communards reconvertis dans le banditisme. Réalisme des scènes de sexe montrées au plus près dans les chambres des filles où le client est roi, filmées plus discrètement dans l’enceinte des parties communes de la maison close, les perversions sexuelles dénoncées clairement, pas de complaisance, un constat des moeurs de l’époque. La série est déconseillée » aux moins de 16 ans et le final

, sans concession ni tabou, cautionne cette mise en garde avec la révélation du pire.Après le succès de « Pigalle la nuit » l’année dernière à la même époque, Canal+ récidive avec une création originale à gros budget en 8 épisodes en se lançant cette fois-ci dans le film en costumes d’époque. La reconstitution d’un bordel haut de gamme dans le Paris libertin du XIX° siècle est brillante, le scénario parfois lacunaire se rachète à la fin de la série de manière choc, tout est rétro au superlatif sauf la BO contemporaine en décalage. Seul bémol par rapport à « Pigalle la nuit », la réalisation est nettement plus classique, la mise en scène moins inventive, sans doute pour laisser la place à un autre siècle qui se suffirait à lui-même. Mais on fond, le sujet est-il tellement différent? Une femme disparaît dans l’enfer du business du sexe tarifié… (sexodromes à Pigalle pour « Pigalle la nuit », bordel de luxe dans le Paris du XIX° pour « Maison close », dans les deux cas, les lieux se nomment « Le Paradis »…)

Les personnages :Hortense : la tenancière de la maison close « Le Paradis » qu’elle tient d’une main de fer
Vera : la prostituée star du « Paradis », 35 ans, qui voulait prendre sa retraite
Rose : la jeune fille virginale à la recherche sa mère, prostituée de force au « Paradis »
Angèle : la prostituée rousse, vivante, amoureuse de son mec
Valentine : la prostituée opportuniste qui essaye de remplacer Vera auprès d’Hortense
Louise : la prostituée défigurée au vitriol qui devient servante au « Paradis »
Camelia : la prostituée toxicomane qui initie Rose à la drogue

Pierre : le frère d’Hortense qui a une double vie
Lupin : le caïd d’une bande de truands à Montrouge qui fait chanter Hortense

   

   

Vera, Angèle, Valentine (photo Canal+)


Rose, Hortense (photo Canal+)

site officiel de « Maison close »…

Série en 8 épisodes. Diffusion sur Canal+ tous les lundis à 20h50 à partir du lundi 4 octobre 2010.

{{Ma Note 4}}

Mots clés: , , , ,

Partager l'article

Lire aussi

Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

Laisser un commentaire

Votre email ne sera pas publié. Remplissez les champs obligatoires (required):

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Back to Top