« Mate-me pour favor » : confusion

focus film Sortie 15 mars 2017

Pitch

une série de meurtres agit comme aprodisiaque sur une bande d'adolescentes livrées à elles-mêmes...

Notes

1.Mon point de vue:

La réalisatrice, dont c’est le premier long-métrage,  joue avec tous les codes du cinéma (avec un tropisme pour le Giallo) et déstructure un récit complexe, ambitieux, ce qui suppose une certaine expertise. On comprend confusément que l’amalgame mort et sexe, mêlé au questionnement d’adolescentes, génération selfies, élevées, de surcroît, dans le culte du corps carioca*, est la clé qui expliquerait que la mort des unes fascine les autres, voire les libère de leurs inhibitions.

* les cariocas sont les habitants de Rio de Janeiro.

PS. Mes impressions immédiates en sortant de la projection du film ont été publiées sur FB et on peut les retrouver en seconde partie de ce post.

Par Camille Marty

"Mate-me pour favor"

« Mate-me pour favor »

2. La critique de Joāo De Oliveira  : Chronique sur l’adolescence aisée de Rio de Janeiro

"Mate-me por favor"

« Mate-me por favor »

Mate-me por favor est un film sur l’adolescence. Livrés à eux-mêmes, un groupe de jeunes de la classe aisée brésilienne, vivant à Barra da Tijuca, un quartier de nouveaux riches de Rio de Janeiro, doit faire face à la complexité d’un monde aussi vaste et dangereux que les friches environnant les gratte-ciels dans lesquels ils vivent. Si cet environnement résidentiel semble plutôt protecteur, une sorte de prison de luxe, la rue, est un théâtre plus périlleux, ouvert à tous les possibles (et impossibles).

Délaissés par des parents trop occupés par leurs occupations professionnelles ou leurs affaires sentimentales, les adolescents s’exposent à des dangers aux degrés variables. Tandis qu’ils ne pensent qu’à rassasier un désir à fleur de peau, un tueur en série rode leur quartier sans qu’ils se rendent compte du risque encouru. Si cette entrée parfois précoce dans une sexualité (dont ils ne semblent pas encore dominer tous les codes), doublée d’un excès d’autonomie, peut faire penser qu’ils ont sauté une étape de leur vie, passant sans transition de l’enfance à l’âge adulte, l’insouciance avec laquelle ils affrontent le danger dévoile toute leur naïveté et immaturité.

"Mate-me pour favor"

« Mate-me pour favor »

Dans leur quête de réponse aux questions existentielles ou de réconfort spirituel, ils finissent, en l’absence des parents, par tomber dans les mailles du moralisme des pasteurs des églises néo-pentecôtistes dont la capacité intellectuelle, face aux problèmes empiriques, n’est parfois pas plus développée que la leur.

Malgré ce que l’on peut initialement penser, ce n’est pas un film de genre, mais une chronique sur la vie des adolescents. Si son ensemble semble être un simple collage de séquences disparates, montées de manière aléatoire et sans aucune continuité narrative, donnant l’impression d’une quête de modernité un peu maniérée, la jeune réalisatrice montre toutefois beaucoup de talent. Sa réalisation est sûre et assez maîtrisée pour un premier long-métrage. Elle filme les adolescents de près, avec la caméra placée invariablement dans le quatrième mur, tout en transformant en personnage le quartier de Barra da Tijuca, qui a considérablement grandi ces derniers trente ans, mais qui demeure toujours en voie de développement. Un autre point qui doit être souligné est l’excellente et efficace bande originale, assez souvent incorporée au dispositif narratif du film.

Par Joāo De Oliveira*

*collaborateur ponctuel du blog Cinémaniac, universitaire chargé de cours sur le cinéma, originaire de Rio de Janeiro bien que vivant en France depuis plus de 10 ans, on retrouve les critiques de films de Joāo De Oliveira sur un site brésilien grand public et sur des publications spécialisées.

Et aussi

https://www.facebook.com/www.cinemaniac.fr/posts/10154069287547100

Notre note

3 out of 5 stars (3 / 5)

Mots clés: ,

Partager l'article

Lire aussi

Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

Laisser un commentaire

Votre email ne sera pas publié. Remplissez les champs obligatoires (required):

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Back to Top