« Edge of tomorrow » : héros malgré lui

focus film Doug Liman, sortie 4 juin 2014

Pitch

Dans un futur proche, des hordes d'extra-terrestres, sont devenus invincibles après une bataille acharnée contre la Terre. Le commandant William Cage, envoyé pour une mission suicide, meurt en l'espace de quelques minutes ; mais, projeté dans une boucle temporelle, il est condamné à revivre le même combat et à mourir à nouveau indéfiniment...

Notes

Loin d’être le récit d’un Age of Tomorrow, du Temps de Demain, le film nous raconte ce qui ce passe on the « Edge of Tomorrow », sur le bord du lendemain, sur la marche qui mène à demain quand on a assez de temps pour se concentrer sur ces instants. Et comment mieux faire pour prendre son temps que de revivre éternellement ce moment d’approche? En ne dépassant ce moment que d’un petit pas (à chaque fois) avant de revivre la scène en s’y adaptant, en s’améliorant, jusqu’à la future correction à mettre en place dans la prochaine étape de ce revécu sans fin. Une manière de ne pas entrer dans l’avenir tête baissée mais à petits pas, edging forward towards tomorrow, en s’y faufilant en en évitant les embûches, edging past tomorrow.
Bill Murray avait déjà exploré en 1993 (« Un jour sans fin » / « Groundhog Day ») les possibilités civiles et sentimentales de ce phénomène, et c’est aujourd’hui au tour de Tom Cruise et d’Emily Blunt d’explorer ses possibilités militaires dans un film de Doug Liman. Mais si « Groundhog Day » restait dans un présent simple, Edge of Tomorrow se positionne dans un présent composé, un présent d’aujourd’hui authentifié pas les images d’actualités où l’on peut reconnaitre jusqu’à l’apparition du président François Hollande en personne, mais un présent de science-fiction aux prises avec une invasion d’extraterrestres sur le sol européen.
Alors que la Terre entière fait face à une invasion extra-terrestre de Mimics, l’ensemble des armées coalisées tentant de contenir leur implantation sur le sol européen, le front de France est tenu depuis la Grande Bretagne par des troupes américaines. Le Commandant Will Cage (Tom Cruise), du service média de l’armée, se heurte à un Général qui veut un reportage depuis le front. N’ayant ni entrainement militaire ni la fibre combattante, il refuse maladroitement cette mission et se retrouve rétrogradé au rang de simple soldat dans une escouade de choc. Engagé sur le champ de bataille dès le lendemain, il voit son unité se faire décimer, croise le Sergent Rita Vrataski (Emily Blunt), héros dont l’image est omniprésente dans la propagande de l’armée, tue presque par hasard un Mimic, et meurt après quelques minutes de combat.
Mais au lieu de succomber, Will Cage revient immédiatement au début de sa journée, à l’instant de son entrée dans l’unité de choc. Gardant le souvenir de sa journée initiale, il retraverse les mêmes évènements jusqu’à tomber à nouveau au même moment de la bataille. Et la même journée recommence ainsi indéfiniment, uniquement modifiée par les petits changements que lui-même peut opérer par sa connaissance de ce qui va advenir. Ainsi avance-t-il, tâtonnant de vie en vie dans le même jour qui se renouvelle, le rapprochant et l’alliant à Rita Vrataski, qui a vécu la même expérience, au travers d’une guerre qui semble sans issue : la mémoire de Cage va alors devenir son arme.

Et aussi

EDGEOFTOMO4 Saturé de références cinématographiques multiples, le film avance entre "Un Jour sans Fin" pour l’argument de répétition, "Le Jour le plus long" pour les scènes de bataille de plage, "Il faut sauver le Soldat Ryan" pour la boucherie des combats, "Starship Troopers" pour l’esprit de corps et la confrontation aux Mimics, "Full Metal Jacket" pour le surnom de Rita dite «Full Metal Bitch», "Transformers" pour l’armement futuriste des combattants, … Et c’est dans ce paysage que croise le soldat Tom Cruise -Will Cage (dans sa volonté de sortir de sa cage temporelle) aidé par une Emily Blunt à la fois tranchante et émoussée comme la pale d’hélicoptère qui lui sert d’arme de poing, dans un film où la polysémie touche non seulement les personnages mais étonnamment jusqu’aux noms des acteurs. Faudrait-il pousser la recherche jusqu’à savoir pourquoi les extraterrestres sont appelés Mimics et ce qu’ils sont supposés mimer, ou pourquoi la guerrière s’appelle Rita Vrataski ? Peut-être pas finalement. Peut-être suffit-il de se laisser bercer par une ambiance haletante et surchargée de sens en sachant que du sens nous échappe encore et reste à découvrir. En profitant des vues d’un Londres restant propret malgré l’ambiance de guerre totale et d’un Paris dévasté avec la reconstitution au réalisme surprenant d’une Place de la Concorde noyée et d’une pyramide du Louvre stratégique. En profitant de la sobriété romanesque d’un amour militaire en construction émaillé d’un unique baiser, et des bribes d’humour allégeant une ambiance par ailleurs lourdement plombée sous des airs d’"Independance Day" ou d’un "Jour d’Après".   [caption id="attachment_2497" align="aligncenter" width="400"]Photos Warner Photos Warner[/caption] "Edge of tomorrow" est adapté du roman japonais "All you need is kill" de l'écrivain Hiroshi Sakurazaka paru en 2004 (éditions Kazé). Le roman a été également adapté en manga par le célèbre dessinateur Takeshi Obata  (disponible à la vente dès le 25 juin).

Notre note

3 out of 5 stars (3 / 5)

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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