« Killer Joe » : tarés nés

focus film William Friedkin, sortie 5 septembre 2012

Pitch

Avec l'accord de son père, sa soeur et sa belle-mère, un dealer minable engage un flic, accessoirement tueur à gages, pour éliminer sa mère et toucher la prime d'assurances afin de rembourser ses dettes.

   

 

William Friedkin à Deauville dimanche 2 septembre 2012

J’ai revu « Killer Joe » (déjà vu le jeudi) dimanche soir en arrivant (tardivement) au festival de Deauville qui rendait hommage au réalisateur William Friedkin, un discours platounet mais des extraits de films qui en disent long, il fut d’ailleurs accueilli comme une star. S’en est suivi une « discussion » sur Twitter avec un journaliste qui trouvait le film baroque! Baroque? de « Barocco », la perle impure, imparfaite… A moins que de nos jours baroque soit devenu un simple synonyme d’outrancier et basta? Donc, à mon avis, le film est essentiellement transgressif et perversement parodique. Non seulement, sans avoir l’air d’y toucher, WF « roule » sans vergogne sur les icônes insubmersibles, celles qui craignent les tabous comme les chats l’eau froide : la Lolita de 12 ans, le matricide, le flic tueur à gages mais encore il surfe sur la vague du western urbain avec voyous sanguinaires tellement tarés qu’on peine à ne pas les trouver sympa. Le nouveau genre que sont ces faux polars parodiques ultra-violents avec des caves amoraux et dépravés et du sexe frontal « pour le fun », ont été lancés notamment par les frères Coen, Tarantino, et il semble que Friedkin n’ait pas voulu être de reste, d’autant, que question mise en scène, il demeure le maître. La fin du film plonge dans l’outrance, scène d’une fellation interminable et forcée sur un os de poulet frit qui démontre qu’aujourd’hui la limite c’est l’absence de limites, on peut tout montrer du moment que c’est dans la tendance.

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photo Pyramide distribution

Afin de sauver sa peau, Chris

(Emile Hirsch), dealer minable de 22 ans, qui doit $6000 à son fournisseur, frappe à la porte de son père en pleine nuit pour lui proposer un plan : faire assassiner sa mère, soit, l’ex-épouse de son père, remarié à une harpie adultère, et toucher la prime d’assurance qu’ils se partageront à quatre avec sa petite soeur Dottie, Lolita de pacotille. Pour cela, « on » lui a conseillée d’engager Joe Cooper (Matthew McConaughey), flic et tueur à gages à temps partiel pour arrondir ses fins de mois. Mais Killer Joe a des principes, comme Chris ne peut pas le payer d’avance, il demande Dottie, la petite soeur, comme caution. La mère dénaturée, qui avait essayé de tuer sa fille à sa naissance, flanquée d’un amant plus jeune, la belle-mère dégénérée et infidèle, le père abruti et peureux, un bel environnement familial pour Chris et Dottie, le frère loser et la petite soeur languissante en chemise de nuit. La moins abrutie de tous étant pourtant celle qu’on présente comme une gamine somnanbulique, maussade, Dottie, qui rêve en secret de quitter sa famille (et on la comprend), n’est pas moins amorale, elle va choisir de tomber amoureuse du flic tueur à gages, des sentiments qui s’avèreront réciproques…

« Killer Joe » est magistralement mis en scène, comme tous les films de Friedkin, mais trop dans la mode du western urbain parodique à la violence ludique, aux personnages franchement tarés, brutes primaires qui s’étripent pour des malentendus, interprétés par des acteurs surjouants. On attendait à un projet plus personnel de la part de Friedkin que de « suivre le mouvement » d’autant qu’on a peu trop vu ce genre de films, qui, s’ils amusaient et surprenaient au début, finissent par lasser à la longue…Le festival présentant un certains nombre de films de Friedkin dans une rétrospective, on peut notamment voir quelques chef-d’oeuvres comme « Cruising » (1980), « To live and die in LA » (1985), « French connection » (1971). Malheureusement, les horaires ne sont pas pratiques (chevauchant les films en compétition et les docs) et « Le Convoi de la peur » (1977, remake du film français « Le Salaire de la peur » de Clouzot), film assez méconnu, est présenté en VO sans sous-titres…


William Friedkin au CID à Deauville plaisante que Flaubert disait « Madame Bovary c’est moi »
et pourquoi lui ne dirait pas « Killer Joe,c’est moi »?


 

 

Notre note

3 out of 5 stars (3 / 5)

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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