« Louise Wimmer » : la force de la révolte

Cyril Mennegun, sortie 4 janvier 2011

Pitch

Insoumise, révoltée, Louise Wimmer, quinquagénaire active, est devenue SDF du jour au lendemain. Habitant dans sa voiture, elle ne lâche rien, prêt à tout pour recommencer dignement sa vie.

Louise Wimmer, c’est moi, c’est nous, potentiellement. C’est la force du film. On fait la connaissance de Louise qui survit en dormant dans sa voiture en espérant que même la voiture ne l’abandonne pas. Employée dans un hotel, Louise se débrouille pour se laver dans des toilettes publiques, se changer dans le coffre de sa voiture, payer ses dettes en vendant ses derniers biens rangés dans un garde-meuble dont elle ne peut plus payer les traites. Par petites touches, le film laisse entendre que Louise n’a pas toujours été aussi démunie, des objets remisés qu’elle vend comme un foulard de marque en témoignent.

photo Haut et Court

Louise Wimmer est le prototype de ce qu’on appelle aujourd’hui « les nouveaux pauvres », des gens comme vous et moi qui se croyaient épargnés par la précarité, qui, il y a 30 ans, issus de la classe moyenne, l’auraient été, mais se retrouvent à présent du jour au lendemain à la rue après un changement de vie, un licenciement, un divorce, avec trop d’années au compteur pour espérer redémarrer une vie. C’est le second point fort du film, Louise à la cinquantaine, trop vieille pour être jeune malgré les messages hypocrites de la pub, trop jeune pour faire partie du troisième âge.
Mais Louise Wimmer est une guerrière, pas une victime à l’intérieur bien qu’étant une victime de la société. Elle se bat pour obtenir un logement social, conserve sa dignité en refusant de dormir chez son amant qui a très bien compris qu’elle n’avait plus de logement, ne se laisse pas marcher sur les pieds par le patron de l’hôtel. C’est le troisième point fort du film : la possibilité de résilience. La découverte d’un nouveau réseau social de gens qu’elle ne remarquait pas autrefois comme ce client qui l’aide à faire réparer sa voiture ou la patronne du bar. On comprend plus tard dans le film pourquoi Louise en est là, qu’elle a eu le choix entre un mariage raté et la rue, c’est sans doute là qu’elle puise sa force, ce presque choix qu’elle a eu de rester ou partir, ce départ qu’elle a choisi, la force de la révolte.C’est un film simple et difficile à voir tant en période de crise c’est « parlant », l’identification immédiate. Le récit focalisé sur l’actrice principale, on a un peu de mal au début à s’habituer à ce tête tête intense et intime avec Louise mais ce parti prise de la sobriété paye au final, le film est sec et fort sans aucun misérabilisme.

Ce film a été présenté à la dernière Mostra de Venise. A noter la dernière chanson du film, le culte et sublime « Days of Pearly Spencer » de David McWilliams qui marque l’espérance.


 

Notre note

4 out of 5 stars (4 / 5)

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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