Je suis toujours là (Ainda estou aqui) : Rio, 1971

Walter Salles, sortie 15 janvier 2025

Pitch

Rio, 1971, sous la dictature. Une famille d'un milieu aisé ne change rien a ses habitudes...

Notes

Rio, 1971. La famille Paiva possède une maison dans un quartier chic de Rio, à Leblon, il suffit de traverser l’avenue pour aller à la plage. Le député Ruben Paiva, sympathique, à l’aspect débonnaire, et son épouse Eunice, leurs 5 enfants, font partie de la bourgeoisie progressiste de l’époque, des intellectuels qui aiment le cinema novo et les films étrangers, la nouvelle musique brésilienne, l’architecture de  Niemeyer et l’art. Les portes de la maison restent ouvertes, il s’y tient des dîners, des réunions d’intellectuels, d’hommes politiques, les enfants sont libres d’aller et de venir. Pourtant, trois ans plus tôt, la dictature a pris le pouvoir au Brésil (et, cela, durant plus de vingt ans).

Walter Salles restitue des images de sa jeunesse, la vie d’alors (apparemment) inchangée, malgré la dictature, s’inspirant de ses visites chez la famille Paiva, de ses souvenirs dans cette maison où chacun semble libre. Cette vie ensoleillée, ludique, parfois studieuse, que mènent les familles cariocas entre leurs logements et la plage, comme leur seconde maison.

Pourtant, il y a des signes sombres comme ces arrestations par des policiers de jeunes gens en voiture sous un tunnel, les vérifications d’identité mais chez les Paisa, on a choisi de vivre comme “avant”..

Un jour, soudainement, Rubens Paisa, le père, ex-député, est arrêté par des miliciens. Sa famille attend son retour en vain. Eunice et les enfants finiront par déménager à Sao Paulo. Une période dont on ne sait malheureusement pas grand chose, sans doute parce que le film est inspiré du livre de Marcelo Paisa, le fils de Rubens, qui raconte uniquement Rio.

La mise en scène superbe, souvent sensorielle, colle à cette légèreté (mêlée de nostalgie, cette “saudade”, propre au Brésil, qu’on pourrait traduire par une forme de joie triste). Belle reconstitution des looks 70’s un peu débraillés, les longs cheveux des quatre filles Paiva, leur goût pour la mode et la musique anglaise, l’insouciance des ces années-là malgré tout.

Néanmoins, et bien que le film soit magnifique, il y a (de mon point de vue) quelques réserves : d’abord, on ne saisit pas très bien la mécanique des arrestations, cette dictature sans visage, le film se focalisant dans sa seconde partie (moins fluide) sur un portrait de femme (l’épouse, Eunice) volontaire, déterminée et courageuse. Durant des années, Eunice Paisa, devenue avocate, cherchera la vérité sur la disparition de son mari. Ensuite, bien que l’actrice Fernanda Torres vienne de recevoir le Golden Globe de la meilleure actrice, pour ma part, je la trouve sobre dans son jeu (ce que j’aime bien) mais un peu mono-expressive. 

 

Et aussi

Walter Salles, découvert en France et à l’international avec Central do Brasil (ours d’or 1998), puis Carnets de voyage (2003), n’avait rien tourné depuis Sur la route (2012), d’après le roman éponyme de Jack Kerouac, deux films sélectionnés au Festival de Cannes. Il revient en majesté.

Je suis toujours là est sélectionné pour l’Oscar du meilleur film étranger (la cérémonie aura lieu le 2 mars à Los Angeles).

 

Notre note

4.5 out of 5 stars (4,5 / 5)

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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