« When you’re strange » : derrière les portes de la perception

Tom Dicillo, sorie 9 juin 2010

Pitch

La formation des "Doors" et les origines du groupe, le parcours étudiant et la trajectoire météore de leur chanteur mythique, le poète Jim Morrison, devenu trop vite une rock star, à partir d'extraits d'archives tournées entre 1966 et 1971.

Il y a quelques temps, je suis allé voir un documentaire sur les Doors que j’avais vu…  me passer sous le nez… au dernier festival de Deauville dans les docs de l’Oncle Sam… J’en suis sortie avec le sentiment que je connaissais déjà tout ce que je venais de voir, je n’avais rien « appris » de neuf… Mais que peut-on encore bien ajouter qu’on ne sache déjà à la courte de vie de Jim Morrisson, fil conducteur du film, mort en 1971? On peut ajouter ceci : le moyen-métrage que l’ancien étudiant en cinéma Morrison avait réalisé et interprété en 1970 et que l’on voit en insert tout le long du film. Sauf qu’on n’est pas prévenu et qu’on croit qu’il s’agit d’une évocation documentaire recréée en fiction avec un acteur qui ressemble à Jim Morrison, et, en prime, la voix off de Johnny Depp, grand fan des « Doors ». Morale : à présent qu’on sait que c’était Morrison himself sur la route… il ne reste plus qu’à retourner voir le film car c’est le seul vrai scoop de l’entreprise (de taille, il est vrai)…
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photo MK2

Jim Morrison était un poète, c’est ainsi que le définissait sa compagne « cosmique » Pamela Courson, elle-même morte trois ans plus tard d’un suicide par overdose (pour « rejoindre Jim »), son alter ego féminin dont parle à peine dans le film. Pourtant, Morrison avait commencé par étudier, non pas la musique, mais le cinéma à l’UCLA. En 1970, en pleine gloire des « Doors », il réalise un film expérimental, sorte de western métaphysique qu’il finance lui-même, « HWY-An America pastoral », demandant à un de ses camarades de le filmer dans le désert. Il en subsiste 45 mn que le réalisateur Tom Dicillo a utilisé comme colonne vertébrale de son documentaire « You’re strange ». D’une manière générale, ce film utilise des archives tournées entre 1966 et 1971, montrant notamment le fond politique de l’Amérique à cette époque, la guerre du Vietnam, la mort de Kennedy, la vogue hippie.

photo MK2

Jim Morrison est mort à Paris, où il avait pris une sorte de retraite accompagné de sa femme Pamela Courson, étranglé par des vomissements dans sa baignoire, non pas d’une overdose, comme Jimmi Hendrix ou Janis Joplin, mais apparemment d’un problème cardiaque conséquence de son obésité et de son alcoolisme. Car le Morrison ange noir qui enflammait les salles sur « Light my fire » en pantalon de cuir moulant comme un gant n’avait pas supporté le succès soudain des Doors… On peut le dire ainsi… Très vite, les concerts de Doors n’ont plus été l’occasion d’écouter leur musique mais d’aller voir le show de Morrisson, la plupart du temps défoncé, ivre mort, suscitant l’adoration et la violence. La tournée des Doors
en septembre 1968 en Europe est le théâtre d’excès et de scandales qui ne cesseront jamais. La tournée américaine en avril 1969 voit Morrison arrêté à Miami pour outrage à la pudeur.Dans un livre sur leur couple***, un témoignage de Pamela Courson raconte que les gens n’ont été intéressés que par le Jim Morrison violent mais qu’il s’agissait de ses périodes d’ivresse, Jim était double, sans alcool, à jeun, il était doux et gentil. Le film de fiction (« The Doors ») que réalisera Oliver Stone en témoigne (son réalisateur confiera que c’est un choix, qu’un Morrison gentil n’intéresserait pas), ce documentaire aussi, dans une certaine mesure, c’est le versant noir du poète qui est exploité.

photo MK2

En revanche, ce qui est intéressant dans ce documentaire, c’est de mettre en exergue l’influence du jazz sur la musique des Doors qui ne ressemble à aucune autre à l’époque comme aujourd’hui. Et les influences qu’on ne soupçonnerait pas toujours : Jim Morrison, de formation  poésie, piano classique et jazz, était au départ de surcroît étrangement obsédé par Elvis Presley (le jeu de scène? Elvis pelvis?).
On a rabâché que l’appelation du groupe The Doors venaient de « The Doors of perception », ouvrage d’Adous Huxley paru en 1954, plus précisemment, on retrouve une phrase sur l’ouverture des portes de la perception dans un poème de William Blake : « If the doors of perception were cleansed, evertything would appear to man as it is, infinite ».Les Doors sont nés de la rencontre de Jim Morrison et Ray Manzarek, déjà étudiants ensemble à l’UCLA, quand ils se retrouvent par hasard en été 1965 à Venice en Californie. Morrison est alors invité à rejoindre le premier groupe de Manzarek et ses frères « Rick and the Ravens » en qualité de chanteur bien qu’il n’ait jamais eu l’intention de chanter mais d’écrire de la poésie. Le guitariste blues Robby Krieger et le batteur John Densmore, issus tous les deux des « Psychedelic Rangers », seront recrutés ensuite. Les Doors resteront au nombre de quatre, il n’y aura jamais de bassiste. Robby Krieger, également compositeur, écrira quelques uns des plus grands succès du groupe. Les Doors enregistreront en tout 6 albums en studio. Leur premier album éponyme « The Doors » paru en 1967 comporte le fameux « Light my fire » qui enflammera aussitôt les charts.

Albums des Doors

« The Doors » (1967)
« Strange days » (1967)
« Waiting for the sun » (1968)
« The Soft parade » (1969)
« Morrison Hotel » (1970)
« LA Woman » (1971)

site officiel du film…


*** « La Tragique histoire de Pamela et Jim Morrison » de Patricia Butler

 

Notre note

3 out of 5 stars (3 / 5)

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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