« Rosario » : vie et mort d’une bombe latine

 

C’est un OFNI (objet filmique non identifié) que ce "Rosario" à la fois lent et violent, démarrant sur les chapeaux de roue par un générique allumé et une scène inaugurale dans une boite de nuit, sorte de clip géant avec des images et des décibels en rafales : gros plans des lèvres rouges, des ongles carminés, d’une botte noire imprimée d’une croix gammée, d’un baiser babylonien occupant tout l’écran, sur «I feel love» de Donna Summer remixé…

Très vite un coup de feu, un écran rouge, un jeune homme qui transporte une femme ensanglantée, ses vêtements rougis de l’avoir serrée dans ses bras jusqu’à l’hôpital local où on va tenter de l’opérer… Tout le reste du film se passe en flash-back avec des allers et retours entre la vie de Rosario «avant» et le déroulement de l’intervention chirurgicale. De l’univers blanc et rouge de cet hôpital lugubre aux tons bleutés des néons de boite de la nuit avec quelques rares scènes à la lumière du jour.

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Medellin 1989 (ce film serait tiré d’un livre autobiographique qui eut un succès colossal en Colombie). Rosario vient d’un nulle part sans enfance, pavée d’inceste, de drogue et de prostitution quand elle rencontre dans une boite deux jeune bourgeois venus s’encanailler à Medellin : Emilio et Antonio. Coup de foudre entre Rosario et Emilio pour qui elle plaquera son voyou de mec sans ménagements, pourtant, elle finira dans les bras d’Antonio parce qu’il lui donne ce que les autres ne lui ont jamais donné : le respect.

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Filmé au départ comme un méga-clip avec des plans énormes et stroboscopiques, les étreintes esthétique pub des corps nus un peu trop parfaits, les arrivées spectaculaires de Rosario dans la boite en minirobe rouge ultra-moulante ou en short minuscule et bottes de cuir blanc, un bracelet en cuir noir en haut du bras pour cacher ses cicatrices, le film prend chemin faisant une autre allure, comme s’il ralentissait sous le poids du drame…

Mélodrame quasi-culturel ayant sans doute la volonté de montrer les deux visages de la Colombie qui n’en font qu’un où le sexe et la mort font la paire dans un univers de trafic de drogue, de racket et de bandes organisées ; où les armes à feu voisinent avec les poudriers et les rouges à lèvre dans les sacs à main, où on tire pour tuer, par colère, par vengeance, par exaspération, pour un oui pour un non. La prostitution systématisée des adolescentes comme seule solution pour sortir de la pauvreté : Le quartier VIP de la boite de nuit où sont parqués les riches sur une mezzanine et où grimpent les plus belles pour les distraire «Les bonnes, c’est pour les Vip», dira Emilio. C’est d’ailleurs le frère de Rosario qui la présentera au patron pour qu’elle soit «gentille» avec les clients du premier étage.

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L’objectif du réalisateur de créer une femme fatale irrésistible à la fois victime et rebelle, suicidaire et combative, qui séduira le spectateur comme la caméra, est atteint. Les apparitions de Rosario au début du film sont aussi violentes que les coups de feu qui la tueront à la fin du film. On a affaire une sorte de Dame aux Camélias latino qui mourra sur scène entre deux lignes dans les toilettes.

Cet ultra-mélo latinissimo va cependant quelquefois un peu trop pianissimo… (des longueurs génératrices de quelques somnolences…) avec quelques beaux morceaux de bravoure comme cette virée nocturne avec le cadavre du frère de Rosario qu’on emmène faire la fête comme il l’aimait… Et Rosario Tijeras la somptueuse brune incandescente qui brûle et se consume comme une héroïne de novela … Un film qui ne laisse pas indifférent, c’est déjà pas mal…

 

Mini-pitch : deux amis d’enfance se disputent l’amour d’une jeune femme fatale et désespérée en allant s’encanailler dans les quartiers mal famés de Medellin.


MMAD : les blondes à FP vont flipper, grave!

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zoliobi

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