« Stay » : le prix de la clim

Pitch

Quand un jeune homme va annoncer son suicide au remplaçant de sa psy, ça tourne au cauchemar pour tout le monde, une tentative mal fichue de plongée en contre-transfert dans un univers onirique...

Ce n’est pas en engageant Naomi Watts et en s’échinant à fabriquer du mystère en kit qu’on va obtenir un clone de "Mulholland drive", loin s’en faut… Il y a deux parties distinctes dans ce film : la première (pas très longue) où on tente encore de s’intéresser à ce qui se passe à l’écran et la seconde où on souffre tant c’est laborieux, chichiteux, à la fois inutilement compliqué et radoteur (avec la confusion compliqué/mystérieux), et, paradoxalement, malgré (ou à cause de) tant d’efforts à concocter un film pesant bourré d’artifices et de codes, avec une surdose d’effets en bouquets, c’est plat, et même raplapla…

Bien que l’illustre Dr Devo nous conseille de ne pas parler du jeu des acteurs pour rejoindre les affiliés de la charte des critiques ciné… parlons-en (en deux mots)… d’abord du choix de l’apparence des personnages : Ewan Mac Gregor a le brushing le plus sophistiqué de Hollywood depuis Don Johnson mais malheureusement pas son sex-appeal… vraiment anti-sexy le pauvre, avec ses petits pantalons étriqués longeur cheville et son air de se forcer perpétuellement à paraître étonné alors que vu sa dégaine, c’était pas la peine qu’il se fasse violence à se mitonner un regard pour le rôle… Naomi Watts, le cheveu brûlé de teinture platine, la maigreur Kidman et rien à jouer, visiblement engagée pour pour faire cinéma d’auteur à la lecture de l’affiche… Et le meilleur pour la fin : le jeune homme qui va se suicider dans les trois jours et dont on souhaite pendant deux heures qu’il prenne de l’avance sur l’horaire pour nous débarrasser le plancher… (même mort, on continue de le filmer, donc, aucune chance qu’il dégage avant le générique de fin).

Cette promesse d’un univers onirique semble le prétexte pour raconter tout et n’importe quoi sous l’alibi du rêve et de son interprétation approximative… Bien que la tentation du rationnel ait pris le dessus chez le réal : images récurrentes de l’accident de voiture originel qu’on passe et repasse, histoire que le spectateur ait un os à ronger… Le Docteur Sam Foster joue aux échecs avec le Docteur Paterson, partie interrompue par l’irruption de Henry, le candidat au suicide qui s’écrie "mon père!"… Il va voir la mère d’Henry Letham et se fait mordre par le chien Olive (très expressif, le chien!), loupé, la mère est morte et le chien itou… Pourquoi pas… le problème, c’est qu’on s’en fout… Du chien, du père, de la mère, de la fiancée, du psy qui perd les pédales en remplacement de la collègue psy qui avait déjà disjoncté, de l’ancienne suicidée devenue la femme du psy, … et surtout d’Henry, cheveux gras et mégot collé aux lèvres (quand on sait quel tabou on transgresse aux US en faisant fumer un acteur à l’écran, pour l’américain moyen, ça démontre à quel point ce pauvre Henry est au bout du rouleau pour fumer du tabac et pas se charger les narines comme tout le monde au cinéma…)

Le projet du réal : parler des problèmes d’identité qui rongent nos générations et font la fortune des psys qui ne vont pas mieux ou pire que leurs clients/patients… Un hommage à la culpabilité pour tous, un fond de commerce qui fait toujours recette… Une leçon d’effets gratuits et systématiques : toutes les 5 ou 10 mn, on prend une image qu’on zoome et on y inserre l’enchaînement de la séquence suivante, avec périodiquement une dosette de l’accident de voiture en images stroboscopiques, quelques cauchemars sanguinolents mais pas trop, rêves dans le rêve, et le film tourne en rond, bousoufflé et satisfait, vide de contenu (latent ou manifeste, lol!)…"Stay", c’est un peu le parent (très pauvre) de "After hours" de Scorsese dans un New York fantasmé avec réussite ou pas.

On aurait préféré aller voir la trilogie "Pusher" mais on a choisi la salle la plus climatisée de la rue et on a atterri avec Henry sur le pont de Brooklyn à piaffer "ça vient ce suicide qu’on aille manger une glace?"… Oui, parce que, au cas où ça vous dit de prendre connaissance du scenario… c’est l’histoire d’un mec qui va voir un psy, remplaçant de sa psy, pour lui dire "je me fous en l’air dans trois jours"… (Et on se dirait illico que le psy va surtout être emmerdé de perdre de l’argent qu’on ne serait pas loin de la réalité qui, elle n’a rien de fantastique…)

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Posted by:

zoliobi

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