TERRA EM TRANSE (Terre en transe) Rétrospective Glauber Rocha

TERRA EM TRANSE ("Terre en transe") : le cinéma militant coup de poing
de Glauber Rocha

par Piotr Ivanovitch

"Je n’ai pas honte de dire que mes films sont produits par la douleur, par la haine, par un amour frustré et impossible, par l’incohérence du sous-développement"
(Glauber Rocha)

Je me trouvais assis à la terrasse d’un café, avec vue sur la fontaine de la place Saint-Michel, lorsque mon serveur m’apporta mon steak frite. Près de moi, une jeune libanaise avec sa mère me jetait quelques regards qui n’étaient pas pour me déplaire. Ce prologue pour vous dire que lorsque je suis entré à l’Espace Saint-Michel à la séance de «Terre en Transe»*, je flottais dans un agréable état de légèreté vaguement contrebalancé par l’air frais et pénétrant parisien. Cependant, une fois le film commencé, je fût jeté dans une action immédiate, précipitée par un montage efficace et attractif.

Ce film ne perd pas de temps et plonge immédiatement le spectateur dans le marasme politique. Il n’y a pas de demi mesure lors d’un engagement politique mais que de confusions dans cet engagement-là. Les pupilles collées aux sourcils, il me fut impossible de détourner mon regard des actions captivantes de ce film. Connaissant un peu la culture et l’histoire brésilienne, je me suis demandé dans quelles conditions ce film est sorti à l’époque au Brésil. Chaque plan, chaque coup est subversif. Le cinéma novo devait se libérer de certains préceptes jugés obsolètes par les cinéastes de l’époque. Quel film mes amis, quelle grande claque ! « Citoyen levez vous et votez », avais-je envie de crier à la fin de la séance.

Il est difficile de critiquer ce film avec des mots car rien de ce que je pourrais dire ou écrire ne donnerait ne serait-ce qu’une petite idée de ce que le film nous montre et nous fait ressentir. Je me range du côté de Saint Thomas en disant, qu’il faut le voir pour le croire. Ce film n’est pas brésilien, il est international, il est universel, toutes les clés du film sont dans le film. C’est à dire qu’on peut comprendre le message quelque soit notre culture car Glauber Rocha trouble le spectateur dans sa citoyenneté et réussit à la remettre en question.

D’un point de vue technique, on retrouve le même type de montage chez Godard**. Le dialogue qui devient une voix off dans un autre plan, l’utilisation de jump cut afin de précipiter l’action. Mais réduire ce film aux simples effets de montage serait une erreur. Les acteurs sont transcendants et s’offrent corps et âme à la cause du film.
Que vous dire d’autres que : ALLEZ Y VITE ! Vous avez encore le temps jusqu’au 10 janvier 2007. BONNE ANNÉE, FELIZ ANO NOVO!

NOTES :

* "Terre en transes" (1967) fait partie de la trilogie de la terre de Glauber Rocha commencée avec "Le Dieu noir et le diable blond" (1963) et terminée avec son dernier film "L’Age de la terre" (1980).

** Glauber Rocha qui admirait beaucoup Godard, a partagé la vie pendant son séjour à Paris et à Rome d’une égérie Godardienne qu’on retrouve notamment dans "La Chinoise" : l’actrice Juliet Berto. Avec elle il a tourné "Claro" (1975).

Les 6 films de la rétrospective :

"Barravento" (1961) : lire la critique sur le film…

"Le Dieu noir et le diable blond" (1963)

"Terre en transes" (1967)

"Antonio das mortes" (1969) : lire la critique sur le film…

"Histoire du Brésil" (1974)

"L’Age de la terre" (1980)

LE SITE OFFICIEL DE GLAUBER ROCHA (en portugais et en anglais)

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zoliobi

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