« The Story of Anvil » (« Anvil ») : born to be a rock star

Sacha Gervasi, 2008, sortie 3 février 2009

Pitch

Un groupe canadien de Heavy metal qui eut son quart d'heure de célébrité il y a plus de 30 ans. Aujourd'hui, vivotant de petits boulots et de concerts modestes, les deux compères poursuivent l'aventure de "Anvil" et espèrent encore devenir des rock stars...

Je sortais avant-hier de la projection (3h) de l’indigeste remake russe de « 12 Hommes en colère »… quand je fus engagée à enchaîner sur la suivante dont je voyais sur les dossiers de presse posés sur la table que le film « Anvil » avait été présenté au festival du film américain de Deauville en 2008 dans l’excellente section des « docs de l’Oncle Sam », ce qui avait attiré mon attention.

 

 

Anvil, c’est le nom d’un groupe canadien de Heavy metal formé en 1977  qui a eu son heure de gloire au début des années 80, notamment lors d’un concert géant au Japon. De ce concert, sont sortis de l’ombre des groupes de metal comme Scorpions ou Bon-Jovi qui ont vendu des millions d’albums, mais pas Anvil… On dit que le groupe Anvil serait le premier à avoir utilisé le mot « metal » dans son album « Metal and metal » paru en 1982, jusque-là, on parlait de Hard rock. On dit aussi que ce sont les précurseurs du « Speed metal ». La plupart de leurs pairs les reconnaissaient comme les meilleurs, pourtant, ils ne perceront jamais vraiment, en 1983, la vogue du Trash metal avec des groupes comme Metallica sonne le glas d’un succès éphémère.
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Le réalisateur Sacha Gervasi avait 16 ans quand il a vu Anvil pour la première fois en 1982 au légendaire Marquee à Londres. Il va les suivre pendant deux mois comme assistant sur une tournée aux USA et au Canada, une expérience qu’il n’oubliera pas. 25 ans plus tard, le réal reprend contact avec eux, surprise, ils n’ont pas changé ou presque, le groupe Anvil existe toujours et galère depuis plus de 30 ans dans des tournées minables et des concerts dans des bars ou pizzerias entre deux petits boulots mais la foi est intacte!
Steve Kudlow/Lips et Robb Reiner, le chanteur et le batteur d’Anvil, se connaissent depuis l’adolescence. Dans ce film, Lips fête ses 50 ans… Ils sont chacun mariés, des enfants, une famille et leur passion pour le rock prend toujours toute la place… Le film démarre sur les images du concert au Japon de 1984. Le groupe est habillé dans le genre cuir SM, harnais, mitaines en dentelle déchirées, et Lips joue de la guitare avec un vibromasseur… Mais leur musique est plus choc qu’une boite d’amphétamine, les autres groupes de rock, comme Metallica, Gun&Roses ou Anthrax (qui débuta en jouant « Metal and metal) ne s’y trompent pas, ce sont des « pointures ». On voit d’ailleurs un certain nombre d’icônes du rock témoigner dans le film. Au Japon, ils y retourneront presque 30 ans plus tard…


photo Zoetrope films

Parti pour filmer le quotidien actuel d’Anvil, le réalisateur va les suivre dans une tournée catastrophique en Europe organisée par une fan leur servant d’agent totalement à côté de la plaque. Malgré les déceptions qui s’accumulent depuis trente ans, Lips et Robb veulent croire encore qu’ils vont enfin être reconnus, devenir ce pour quoi ils sont nés : des rock stars. Pas pour l’argent mais pour la communion avec les fans lors de concerts, ils ne survivent que grâce à ces moments de grâce, fussent-ils désormais dans des conditions misérables : les concerts avec les hurlements des fans en transe et eux dans le même état sur scène… On enchaîne avec l’enregistrement d’un 13° album… à leurs frais… c’est la soeur de Lips qui prête l’argent…
Comme j’ai entendu un journaliste le dire avec justesse à la sortie de la projection « ils m’ont fait chialer, ces cons… ». Car le film est émouvant au delà du racontable, Lips et Robb sont des êtres purs vivant sur une autre planète, habités par une seule religion : le rock, ne nourrissant aucune rancune pour le système, aucune jalousie pour ceux qui ont réussi, convenant seulement qu’ils n’ont pas eu de chance, pas encore… Car à plus de 50 ans, les deux compères y croient toujours et se battent avec la même énergie pour faire connaître leur musique à un public, quel qu’il soit… Au détour des témoignages, souvent bouleversants de simplicité et d’humilité, on apprend que le père de Robb a été rescapé d’Auschwitz », qu’il lui doit sans doute sa capacité de résilience. Quand le film s’achève, n’ayant pas trouvé de label, ils vendent eux-mêmes leur 13° album enfanté dans la douleur « This is thirteen » et prépareraient en ce moment le 14°… Avec un de leur premier titre « Thumb hang », une histoire horrible et naïve qu’ils avaient écrit adolescents en s’inspirant de leurs cours à l’école sur l’inquisition…

Après la sortie en mai 2008 du film « The Story of Anvil », qui réalise un chiffre record pour un documentaire musical de $750000 de recettes, en juin 2008, le groupe AC/DC les engage pour faire les deux premières dates de la première partie de leur tournée mondiale… En septembre 2008, leur CD (et le vinyl) de leur 13° album « This is thirteen » , d’abord refusé par toutes les majors, sort aux USA. En mars et octobre 2008, sort leur autobiographie en GB et aux USA…

 

Notre note

5 out of 5 stars (5 / 5)

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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