"Up at the villa" ("Il suffit d'une nuit") : autant en emporte SP

Philip Haas, 1999

 

 

Ce film est tiré d’une nouvelle de Somerset Maugham qui ne doit pas être bien épaisse si l’on en croit le peu de choses à filmer… « Il suffit d’une nuit » (« Up at the villa »), c’est un peu un « Autant en emporte le vent » aux petits bras, d’ailleurs, l’affiche en est une copie sans le rouge d’Atlanta en feu, sans Vivien Leigh et sans Clark Gable, mais la copie est quand même assez réussie! Autant le dire sans détour : j’ai vu ce film pour deux raisons : son affiche tellement romantique et la présence au générique de Sean Penn, mon ultra-chouchou (dont mon mari se demande ce que je lui trouve…, fermons la parenthèse) 

L’histoire se passe en 1938 à Florence sous la dictature de Mussolini où ne se mélangent pas anglo-saxons en quête d’émotions esthétiques, chemises noires et réfugiés autrichiens fuyant le régime nazi. Mary Penton (Kristin Scott-Thomas), jeune veuve ruinée et inexpérimentée, est sur le point d’accepter d’épouser son compatriote Sir Edgar Swift (James Fox), distingué diplomate d’un âge certain, promis à un poste de consul du Bengale. Comme on s’ennuie ferme à Florence comme partout, la princesse San Ferdinando (Ann Bancroft) se met en tête de distraire Mary en l’absence de Sir Edgar en affaires à Londres. Sous le prétexte que Mary ne peut pas rentrer seule la nuit en voiture, la princesse SF se met en quête d’une bonne âme pour la raccompagner.. Et question compagnie, ça va marcher!

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Tandis qu’on patiente en attendant la suite, un dîner très chic est organisé chez la princesse San Fernandino, longue table dressée et convives assommants dans une lumière tamisée très british, à l’occasion duquel la maîtresse de maison, surjouée caricaturalement par Ann Bancroft, présente un invité plus piquant à Mary/Kristin Scott-Thomass. Il s’agit d’un aventurier américain qui a mauvaise réputation avec les femmes (comme Rhett Butler…) : Rowley Flint/Sean Penn, le cheveu gominé, l’air blasé-amusé et un regard de tueur, tiens, voilà qu’on s’ennuie déjà moins… Mary-Kristin Scott-Thomass semble partager cet avis bien qu’elle ne veuille pas se l’avouer…

 

On pense à ces ambiances surranées des films de James Ivory et des romans de Henry James, le second ayant souvent adapté le premier, à ces anglais du début du siècle promenant leur flegme et leur mode de vie londonien aux colonnies, calfeutrés dans des réserves britanniques à épicer leur thé et leurs moeurs, pigmentant leur ennui d’oeuvres d’art et de visites de musées de Rome à Florence en passant soupirer par les palais vénitiens. Le réalisateur Philip Haas qu’on connaît surtout pour son adaptation de « L’Insoutenable légèreté de l’être » de Kundera, semble convaincu des bienfaits d’une liaison torride entre adultes consentants, seul remède contre l’incommensurable ennui de ces communautés anachroniques, ennui qu’il nous fait largement partager…

 

Après le dîner, Rowley Flint va raccompagner Mary en voiture mais les choses ne se passent pas exactement comme l’aurait souhaité la princesse entremetteuse : hormis un baiser fougeux filmé comme celui de Scarlett O Hara et Rhett Butler et photographié à l’identique sur les deux affiches des deux films « Il suffit d’une nuit » et « Autant en emporte le vent », on en reste là. Dommage! Ca nous donnait l’occasion de nous imaginer dans les bras de Sean Penn, pardon, de Rowley Flint! Parce que la suite ne va faire fantasmer personne : un réfugié autrichien, si mauvais violoniste que Mary lui avait donné quelques lires pendant la soirée, va percuter la voiture et l’existence rangée de Mary. Il en résultera que le violoniste qui inspirait compassion se comportera en voyou et que Rowley Flint qui inspirait méfiance se comportera en gentleman bien qu’étant de nationalité américaine! Il faut faire un effort pour se rappeler la fin du film tant à cet instant, on décroche malgré une évidente bonne volonté à lui trouver quelques qualités, d’autant qu’on ne reverrera quasiment pas Rowley Flint-Sean Penn… alors, tout ça pour ça!!!

 

Evidemment, Kristin Scott-Thomas n’est pas Vivien Leigh mais elle a prouvé qu’elle était belle et talentueuse, notamment dans « Lunes de fiel » ou « Le Bal du gouverneur », sinon que le Philip Haas, semble ici s’acharner à lui ôter toute séduction : enlaidie et amaigrie, filmée de trois-quart au plus près avec des gros plans sur son nez!!!, des robes plates sur poitrine plate, elle n’a jamais été aussi peu à son avantage, ce qui d’autant plus étonnant que le réalisateur lui a confié le rôle d’une séductrice ingénue. Côté acteurs vieillissants, c’est le carton plein : Ann Bancroft, maquillée comme pour une tenancière de bar dans un rôle de harpie aristo et James Fox, grisonnant, voûté et laconique en lord anglais pétri de devoir. Passons sur le violoniste (Jeremy Davies), un figurant empêtré dans ses dialogues.

 

Pour la lumière, bien que je sois amateur d’ambiances en clair-obscur, ici, c’est sombre et basta, aucune nuance, une propension déjà évoquée à enlaidir les actrices, des costumes tristounets, des plans d’une grande banalité, excepté la scène du baiser qui est une copie.

 

Pour le rythme, c’est trop lent ou pas assez, dans ce genre de film, on gagne à jouer le jeu, tels Martin Scorsese dans « Le Temps de l’innocence » ou James Ivory dans « Chambre avec vue » et beaucoup d’autres, mais autant comparer « La Biclyclette bleue » à « Autant en emporte le vent »!, j’y reviens… et si on le louait pour 4 heures de bonheur en retournant à Tara… car « Demain est un autre jour…. »

écrit par Vierasouto sur CinéManiaC/Allociné le 05/03/06

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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