
CANNES 2007/La Semaine de la critique / « Nos Retrouvailles » + « Voleurs de chevaux »
Une seconde soirée à la reprise de la SIC (semaine internationale de la critique) à la cinémathèque à Paris, peu de monde cependant (on s’y bousculait à Cannes…) alors qu’on passait un vrai beau film français mais sans la promo existe-t-il encore des oeuvres vues? (exemple des musées vides alors qu’on fait la queue au Grand Palais pour voir les mêmes tableaux…) La veille, j’ai malheureusement raté "Les Méduses", caméra d’or, mais on doit faire le deuil de tooouuut voir…
"LA ROUTE LA NUIT"** de Marine Aline Le Du (France) court-métrage
Film traitant de la fin dune histoire damour (il faut le savoir ) ayant la particularité de ne comporter que des plans fixes, puis un plan séquence, on est entre le cinéma et lart pour ne pas dire carrément la photographie. Très fabriqué mais agréable à regarder, de belles photos. Avec Jeanne Herry la fille de Miou-Miou.
"NOS RETROUVAILLES"*** de David Oelhoffen (France)
/sortie le 17 septembre 2007
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© Pyramide Distribution |
Hybride entre le film noir et le film intimiste, enfin un objet cinématographique français abouti où il y a une atmosphère, un style. Focalisé sur les relations père et fils, le film brasse beaucoup plus large tout en gardant le cap de son objectif du début à la fin.
Après des années dabsence, un homme attend en voiture son fils qui sort dune usine alimentaire où il est employé à faire la plonge. Gabriel a une raison de revoir son fils Marco aujourdhui, il nourrit le projet de quitter Lyon, où il se dit propriétaire dune boite de nuit, pour ouvrir un bar à Paris. Car Gabriel fut longtemps aux abonnés absents pour Marco. La vie de Gabriel, le père, semble beaucoup plus amusante que celle de Marco. Cet homme séduisant prise tous les plaisirs, il boit, il fume, il drague, il a des relations dans les boites de nuits, quand Marco trop sérieux ne connaît que lusine et la discipline de lentraînement de boxe. LAmazone, tel est le nom du bar que Gabriel a lintention de soffrir, quand son fils lui demande avec quel argent, il répond quil a vendu son appartement à Lyon et quil a quelques possibilités de compléter la somme. Mais très vite, les ennuis pointent le bout du nez. Une nuit à 5 heures du matin, Marco est réveillé par son père accablé à qui « on » doit de largent Tricotant un plan tordu pour récupérer son argent ou supposé tel, Gabriel se débrouille pour que Marco sinvestisse dans son projet. De fil en aiguille, le fils se trouve obligé de devenir le complice dune arnaque minable quil réprouve.
Ce qui est intéressant, et cest là que le pari était difficile pour mixer le film noir et le drame intimiste, cest que si Marco va être obligé moralement de devenir le complice de son père, cest pour le sauver ! Les relations père-fils sinversent rapidement et Marco devient le père de son père. Car, sous le séducteur futile, Marco voit poindre vite un homme faible et dépressif qui sapitoie sur son sort, un looser chronique empêtré dans des combines minables, "un larbin", comme dit le type sorti de nulle part qui donne des ordres à Gabriel.
Jacques Gamblin (Gabriel) est assez génial dans ce rôle dhomme profondément immature et lâche, habitué aux magouilles et aux échecs mais demeuré un vieil enfant émerveillé qui rêve de se refaire. La scène où Gabriel, enivré despoir car requinqué par son fils qui le tient à bout de bras, sort la tête par la fenêtre de la voiture dans le vent comme un chien prenant lair, en rêvant à son eldorado, le bar de lAmazone où on refuserait du monde, est un grand moment. Marco sourit, pour la première et la dernière fois, moment unique de cette complicité avec son père dont il a tant rêvé et quil paye au prix fort. On atteint dailleurs partant d’un cas particulier luniversel de bien des relations névrosées parents/enfants où lenfant serait censé faire le bonheur de ses parents, coupable de son malheur, responsable de son bonheur (une imposture qui fait la fortune des psys, fermons la parenthèse )
Dans les rôles secondaires, on trouve Jacques Spiesser (un vigile) dont on a du mal à se souvenir quil jouait le petit copain dAdjani dans "La Gifle" tant il est bouffi Marco, joué par Nicolas Giraud, nest pas lacteur le plus convaincant, un peu mono-expressif, pas mal en retrait vis à vis de Jacques Gamblin bien que ce soit le rôle. A noter la voix de Gérald Laroche (le complice de Gabriel) à peu de choses près la même que celle de Jean-Pierre Léaud de nos jours, très troublant…
Beaucoup de gros plans et de plans américains avec les hommes filmés à la taille, le sens du mouvement au service dun cinéma du quotidien au plus près du réel, sans artifices, un film plus gris et sombre que noir avec labsence de notable de personnage féminin, délément extérieur causant la perte du héros. Le personnage de Gabriel possède léchec en lui, il est lui-même sa femme fatale, sa tragédie, et, au contraire du film noir, il va trouver un ange gardien en celui sur lequel il aurait dû veiller.
Bonne surprise pour un film français, une fois nest pas coutume avec un cinéma qui fait penser par moments à celui de Jacques Audiard ("Regarde les hommes tomber") par un auteur (scénariste et réalisateur) dont cest ici le premier film.
"MADAME TUTLI-PUTLI"**** (Canada) court-métrage
Film danimation de 17 assez étonnant et particulièrement bluffant : les personnages sont des marionnettes au visage ridé, cerné, parcheminé dans un univers rétro (en loccurrence le train) tournant au fantastique et quasiment au film dhorreur. Un bien beau final avec Madame TP montant au ciel intégrée dans un papillon, image quasi art abstrait
"VOLEURS DE CHEVAUX"** de Micha Wald (Belgique)
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© Rezo Films |
Je ne dirai rien sur ce film que le mentionner pour deux raisons, dabord, je ne lai pas vu en entier (des problèmes techniques ont décalé les horaires de la cinémathèque ce soir, je nai donc vu quune heure), ensuite, ce genre de film western picaresque ne ma jamais séduite et rien na changé ce soir, cest une affaire de goûts
Je signale cependant pour les amateurs sa présence dans la sélection de la SIC.
Pitch : Deux frères, Jakub et Vladimir, sengagent en 1810 dans larmée des Cosaques. Lun est fort et courageux, lautre fragile et souffre-douleur de ses camarades. Quand le jeune frère est tué à loccasion du vol de leurs chevaux pendant quils se baignaient, laîné bascule dans la vengeance
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