
Monica Vitti, mémoires : fragments introspectifs

Pitch
Publié en Italie en deux volumes vers 1995 et 1995, les impressions plus que les souvenirs d'une vie...
Notes
Monica Vitti, disparue en 2022 après de longues années de maladie, est demeurée dans l’imaginaire cinéphile la muse de Michelangelo Antonioni, le symbole de son cinéma sur l’incommunicabilité, l’usure des sentiments dans le couple, la disparition (L’Avventura). Puis ils tourneront La Nuit et L’Eclipse (triptyque) et Le Désert rouge.
Ces mémoires sont tout à fait étranges. MV parle de son enfance obsédante, pauvre et difficile (et peut-être plus), en en disant trop et pas assez (longue interview à une journaliste), surtout de sa mère dont elle ne peut mentalement se détacher, de l’exode de sa famille aux USA quand elle, restera à Rome ; plus tard, elle racontera la stupéfaction de ses parents de la voir célèbre et célébrée, traduisant le peu de confiance qu’ils avaient en elle, enfant, (surnommée « la petite étourdie »). Cette absence de confiance en elle subsistera. Le livre ressemble souvent a un journal introspectif, parfois dépressif, à ce qu’on dirait a un psychanalyste si on en voyait un (elle n’est allée que deux fois en voir un et elle ne les aime pas). Ces agendas trop chargés, ces coups de téléphone incessants, ces questions auxquelles répondre, tout cela lui pèse, elle voudrait le silence, la nature bien qu’elle voulait aussi être célèbre. MV semble dans ses mémoires avoir souffert toute sa vie de l’absence d’estime de soi (conséquence de son enfance, sans doute), se trouvant trop grande, trop maigre, les cheveux emmêlés, maladroite, mal à l’aise.
Ce qu’on ignorait, c’est que MV a débuté au théâtre dans un registre comique et ne se sentait jamais aussi bien que sur les planches, distraite dans la vie, elle savait toujours parfaitement son texte. Faire rire, sur sur les planches ou ses amis est le grand bonheur et aussi la grande crainte en corollaire de l’actrice : et si, soudain, elle n’était plus capable de faire rire? Elle en fait des cauchemars. Dans cet esprit, Vitti se pose mille question à en devenir insomniaque. Après Antonioni, on la reverra dans un registre comique.
MV raconte la genèse de l’Avventura un jour qu’elle s’était perdue sur une île ; Antonioni, son compagnon à l’époque, en tirera un scénario tout comme il utilisera sa dépression nerveuse de l’époque pour Le Désert rouge. De moments dépressifs il est assez souvent question, ce cette tentation de se pencher un peu trop de son septième étage, vers la fin du livre, elle confesse même écrire pour conjurer sa tentation de la mort.
Si elle parle d’Antonioni en le citant et pas plus (ils ont vécu 10 ans ensemble), elle raconte, en revanche, la genèse de son histoire d’amour avec un réalisateur plus jeune avec qui elle restera jusqu’à sa mort (50 ans de vie commune). Atteinte durant 15 ans de la maladie d’Alzheimer, Roberto Russo veillera sur elle, ne la quittera pas.
J’entendais l’autre jour un chroniqueur TV présenter le livre en disant qu’il était léger et drôle comme elle (il y a un certain humour, il est vrai), mais quel livre a-t-il lu? D’ailleurs, je n’ai lu sur ce livre que des critiques floues, n’osant pas écorner le mythe…
Notre note
(3 / 5)
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