
LE CERCLE DE CANAL
Malheureusement, Marc W, omnubilé par l’écriture, n’a pas vu autre chose dans le film qu’une autopsie du procédé de création littéraire avec l’écrivain et sa cible, réfutant la thèse que Capote ait été traumatisé par sa relation fusionnelle avec Perry Smith, un des deux criminels, niant le conflit de Capote entre sauver Perry et souhaiter sa pendaison pour finir son livre. Capote aurait fait une soirée au Plaza (la soirée «black and white») un an après la parution de « De Sang froid », donc, il allait très bien… Difficile d’arguer que Capote n’ait pas cessé d’écrire après le livre «De Sang-froid» alors qu’on sait bien qu’il n’est resté à sa mort, quinze ans plus tard, que trois chapitres d’un roman inachevé «Prières exaucées». Certains chroniqueurs ont alors parlé de la dimension sociale du film, l’attirance de Capote pour Perry étant expliquée uniquement par leur appartenance sociale commune, ce qui est très réducteur mais déjà mieux que le point de vue étriqué de l’écrivain guest star…
Tournée dans un cercle de jeu avec un public d’étudiants, l’émission joue le jeu avec un jackpot à la fin de chaque critique collective de film et donne une note : trois cœurs ou deux cœurs et un pique ou un cœur et deux piques. Les chroniqueurs jouent aux chaises musicales d’une semaine à l’autre, parmi eux : Alain Riu (« Le Nouvel Observateur », un must!), Eric Lipiot (« L’Express » ), Jean-Marc Lalanne (« Les Inrocks » ), Marie Sauvion (« Le Parisien » ), Christine Haas («Paris-Match»), Axelle Ropert («La Lettre du cinéma», scénariste et comédienne), Sophie Grassin (« Première » ), Xavier Leherpeur («Cinelive», le moins politiquement correct), etc…
L’ambiance est bon enfant comme sur toutes les chaînes qui ne sont pas harcelées par l’audimat. On note l’absence d’Elisabeth Quin, pétulante chroniqueuse ne venant pas de la presse écrite contrairement aux autres, visiblement occupée sur France 2, qui fut pourtant découverte avec Beigbeider, par Thierry Ardisson sur Paris Première dans le regretté «RDRG». Dans l’ensemble, la discussion est animée et l’on ne passe pas la pommade sur tout ce qui sort bien qu’on sente certains chroniqueurs assez frileux à l’idée de contrer un film français de chez français comme « Fauteuils d’orchestre », plus à l’aise avec la critique des films américains… Beigbeider, de plus en plus dandy et aminci, conserve son élocution faussement hésitante et ses remarques second degré : mondain mais lucide… Un peu comme Truman Capote non ?
Sur Canal Plus Cinéma, le vendredi à 22h50, rediff le samedi à 11h10 et le mardi à 22h20., durée : 1 heure.
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