
Ouverture du Festival de Cannes 2007 et « My Blueberry nights »/J1
Après avoir passé une partie de laprès-midi à lespace cinéphile pour guetter larrivée dun lot dinvitations pour une de deux séances du film douverture de Wong Kar Wai "My blueberry nights", je suis rentrée bredouille, ayant eu limprudence daller boire un coca dans une buvette attenante. Il y avait bien eu dans lintervalle la distribution de 20 invitations arrachées en deux minutes pour un pool de 4000 accrédités cinéphiles dont je suis Retour déprimé chez la brochette de concierges de lhôtel Carlton qui mignore superbement, jattends, jinterpelle, jinsiste et un grand concierge me toise « je cherche aussi des invit pour ma logeuse et ma sur », je lui donne le numéro de ma chambre au cas où, il sursaute, ah bon, je suis dans le saints de saints, on y pensera A 18h10, miracle!!! mon portable sonne, une invitation pour la soirée douverture vient d’être récupérée, prière de se présenter en bas des marches avant 18h30. Je vole dans les couloirs, passer une robe habillée et troquer mes tongs pour des ballerines, la tenue de soirée étant obligatoire, je cours dans lascenseur, dans le hall, dans la rue, sur la Croisette, et je bute contre une foule compacte collée aux barrières. En passant devant le palais vers 16h, lactivité festivalière cannoise dapporter des escabeaux arrimés aux barricades sous des parasols pour attendre les stars pendant des heures était déjà bien installée. A présent, je croise sur le chemin des quantités de jeunes gens portant à bout de bras une pancarte réclamant une invitation, jen arrive à me sentir coupable den avoir dégoté une et pas eux . Rouge sang le tapis, les marches vides car tout le monde excepté les célébrités est déjà entré dans la salle (2500 places), je fais alors lexpérience, tandis que des petits groupes posent pour des photos, des hurlements de grappes de photographes braillant les prénoms, ça vrombit comme un circuit de F1, ambiance quasi-hystérique fabriquée par la configuration des lieux et à laccès tellement VIpsé aux projections. Pour gagner un siège dans le palais des festivals, on contrôle mon billet au moins 5 fois
Montent les marches au final, Juliette Binoche en robe noire très chic, Luc Besson et son épouse dans une robe dorée plus petite quun pull, Clotilde Courreau en imitation Grace Kelly, strict chignon blond, Liz Hurley au bras de Valentino, Hippolyte Girardot, les dames de la pub lOréal et léquipe du film : le beau Jude Law, ses yeux bleux cachés sous des Ray-ban en bakelite noire, Norah Jones, sage jeune femme en bleu marine, et Wong Kar Wai et ses lunette fumées.
La cérémonie douverture ne dure que 20 minutes, démarrant à 19h30 avec du retard, elle est cède ensuite la place à la projection du film de Wong Kar Wai. Les dames du jury rivalisent délégance, Toni Colette en robe rose fuschia, Maria de Medeiros dans un fourré lamé framboise et Maggie Cheung dans une somptueuse robe en soie kaki et tilleul, malheureusement, elle manque de tomber en descendant lescalier en se prenant le pied dans sa traîne, Piccoli vient à son secours. Diane Kruger, virginale en mousseline blanche posée sur tapis rouge et palme dorée au sol, semmêle un peu dans son speech. La grande nouveauté, cest un florilège de tous les films en compétition, un régal
Et une mini-bombe : « Absurda », le court métrage de David Lynch, présent dans la salle, qui a participé au film collectif du 60ième anniversaire (35 réalisateurs ont concocté chacun 3 minutes sur un thème unique : la salle de cinéma). Ce court-métrage est une merveille avec la technique de "Inland empire" au service dun mini-film fantastique sur une musique Lynchienne de ouf
(première image : une paire de ciseaux géants posés sur une salle de cinéma obscure pleine fauteuils vides, un écran, en trois minutes, on va passer du sibyllin symbolique au romantisme final en passant par lhorreur, leffroi, du grand Lynch
)
A ma grande surprise, un bon nombre de spectateurs ne sest déplacé, coiffé, habillé, pomponné, smokings et robes longues, que pour ces 20 minutes et ne reste pas pour le film
Une pluie de dames en hauts et instables talons argentés (la mode des accessoires en cuir argent est avérée) dévale les marches en sens inverse
A la sortie de la projection, le spectacle continue avec la rediff du film à 23h30 (toujours sur invitations) mais je ne suis pas au bout de mes surprises : des gens attendent pour nous photographier, « vous êtes qui vous ? » me demande un monsieur en me prenant en photo Des photographes pro qui vendent leurs clichés sen mêlent, on repart avec des cartes des uns et des autres Les restos bondés, il y a plus de monde dans les rues de Cannes la nuit que sur les Champs Elysées dans la journée Je mattable dans une brasserie survoltée dans une petite rue, ça me rappelle les Vapeurs à Trouville puissance 10. En rentrant à lhôtel, je me promène en surfant dans la foule. La Croisette sest transformée en une gigantesque boite de nuit au son des soirées privées sur la plage dûment gardées par des vigiles, je repère la soirée Chopard et Valentino au Nicky beach, bien que lhôtel mait donné un pass, je ne peux pas y rentrer, on me dit de revenir plus tard… A lhôtel, les deux bars sont combles, à une heure du matin, on se dispute encore une table Il me reste encore deux jours, ça passe vite Je vais essayer de rattraper un maximum de films des sections parallèles à Paris à partir du 30 mai (Un Certain regard, La Quinzaine des réalisateurs et la Semaine de la critique, voir mon billet précédent ) et demain, "Zodiac" de David Fincher (en compétition) sort dans toute la France, on aurait donc plus de chances de le voir à Nice à 20 kms de là avec un pass UGC quà Cannes sur invit fantôme! A demain !
La critique du film "My Blueberry nights", comédie sentimentale et road movie mou tarte (au myrtilles), sorte de suite US À "In the mood for love" avec la chanteuse Norah Jones bien pâlichonne pour ses premiers pas d’actrice… elle aurait plutôt l’effet secondaire de mettre en valeur les prestations de Rachel Weisz et Natalie Portman… Un scénario filiforme, des stars patentées faisant leur numéro les unes à la suite des autres dont un Jude Law patron de café bonne pâte… Quand le style Wong Kar Wai s’érige en système pour ne pas dire en fonds de commerce, ça donne toutes ces images sublimes, cette technique parfaite, ces compositions colorées, ses arrière-plans sophistiqués, etc… au service d’un catalogue d’images du maître. WKW voulait faire tourner Norah Jones pour sa voix d’abord, mais elle était débordée, elle habitait New York, il a donc tourné son film à New York en anglais, un "In the mood for love" US composé pour suivre son actrice débutante dans des péripéties sur mesure pour la mettre en valeur mais auxquelles on ne croit pas une minute… A regarder sans son pour les images…
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