ACTION ASIA et AFF : « Wu Xia » (Grand prix) + « War of the arrows », « The Sword identity » et « The Sorcerer and the white snake »

Festival du film asiatique de Deauville (Asian Film Festival) du 7 au 11 mars 2012

 

Dans la section Action Asia du 14° Festival du film asiatique de Deauville, compétition « à part » avec son propre jury, le Grand prix a été remis au film Chinois « Wu Xia » de Peter Ho-sun Chan. Hormis « The Raid » (la critique du film…), incroyable film Indonésien surdopé en adrénaline où un baron de la drogue, enfermé dans un immeuble cadenassé comme un coffre-fort, que la police n’ose pas investir depuis 10 ans, est la cible d’une descente musclée d’un commando d’élite, et « Warriors of the rainbow : Seediq Bale » qui a fait l’objet d’une critique séparée ICI, la section Action Asia comportait aussi « War of the arrows », « The Sword identity » et « The Sorcerer and the white snake ».

 

« WU XIA » de Peter Ho-sun Chan, 2011 (Chine)
Grand Prix Action Asia

Pitch.
Sous la dynastie Qing, Liu Jin-xi, fabricant de papier, mène une vie paisible dans un village isolé avec sa femme Ayu et ses deux enfants. Mais l’arrivée d’un détective va bouleverser leur existence.
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Liu Jinxi (Donnie Yen), un humble villageois, mène une vie tranquille, petit artisan dans une bourgade reculée du sud-ouest de la Chine, entourée de son épouse Ayu (Tang Wei) et de ses deux enfants, jusquà ce que deux brigands entreprennent de braquer la boutique dans laquelle il effectue quelques travaux. Après un combat qui parait démesuré, il tue les deux bandits à la surprise dun enquêteur de la police, Xu Baijiu (Takeshi Kaneshiro), qui réalise que les deux voleurs avaient une expérience qui aurait dû les mettre à labri de la rebuffade dun simple quidam. Le policier mène alors une enquête serrée sur le passé du villageois jusquà découvrir quil est en réalité un des chefs repenti dun groupe faisant régner la terreur à quelque distance de là. Nacceptant pas de passer léponge sur le passé, et malgré son acte salvateur pour la paix du village et sa nouvelle vie rangée, le policier sacharne à vouloir arrêter le villageois pour ses crimes antérieurs, jusquà révéler sa présence à ses anciens partenaires qui se mettent alors à le pourchasser.

 

Film daction efficace pour les amateurs darts martiaux remarquablement chorégraphié, le film ne se limite cependant pas à cela, supporté par une véritable intrigue qui se développe tout au long du scénario. Les méchants ne sont pas que méchants, et les gentils ont aussi leur part dombre. Les combats ne sont pas que des danses bien menées, mais ils sont aussi loccasion dexplications, dinterprétations, de surprises participant à lenquête. Limportance de la loi est interrogée tant sur son utilité que sur les dérives de sa rigueur. La fidélité, les racines, la rédemption, la justice, tirent une trame dans laquelle se développe lhistoire sans chercher en permanence le spectaculaire, écueil fréquent des films daction asiatiques. Sil fallait trouver un défaut au scénario, il serait peut-être dans la scène finale qui dénote du reste de la réalisation.

 

Côté réalisation, il est bien difficile de trouver à redire en dehors du choix de clôture. Les effets spéciaux sont réduits au minimum. Limage est difficilement critiquable. Les acteurs sont pour lessentiel assez remarquables de sobriété, reléguant les rares attitudes outrées évoquant les westerns italiens des années 70 chez quelques personnages de second plan. Tellement rarement dailleurs que cest à se demander sil ne sagit pas dun clin dil à un code du genre auquel il faut se plier avant de bien vite sen échapper.

 

 

 

 

« WAR OF THE ARROWS » de Kim Han-min 2011 (Corée du sud)

 

Pitch.
Lors de la deuxième invasion Mandchoue de la Corée, 500 000 civils sont fait prisonniers. L’histoire d’un archer Coréen, entré anonyme dans la légende, qui se bat seul au milieu de combats acharnés.

 


Ja-in (Moon Chae-won) et sa sur Nam-yi (Park Hae-il) sont les deux enfants rescapés de la tuerie ayant assassiné leur père, ministre du roi de Corée, et toute sa maisonnée, sous la fausse accusation de trahison. Ils sont recueillis puis élevés en secret par leur oncle. En grandissant, Ja-in ne sintéresse quà la chasse et au tir à larc, tandis que sa sur se voit demandée en mariage par leur cousin. Durant la cérémonie, à laquelle Ja-in qui la désapprouve nassiste pas, se déclenche la seconde invasion Mandchoue dont les soldats viennent interrompre les noces, tuer une partie des présents, et enlever les survivants pour les emmener en exil en Chine. Ce seront ainsi 500 000 coréens qui seront expatriés par les Mandchous menés par le fils de leur roi. A son retour, et voyant le désastre, Ja-in décide de « prendre le maquis » et de sattaquer aux troupes ennemies pour libérer sa sur et son mari. Expert en tir à larc dont il maîtrise en particulier la technique de donner à ses flèches des trajectoires improbables ainsi que divers modes de démultiplication de la puissance de ses traits, Ja-in sengage ainsi dans une série descarmouches jusquà parvenir à libérer Nam-yi et son mari dans un engagement qui coûtera la vie au prince Mandchou. Reconnaissant lhabileté du rebelle mais avide de vengeance, un groupe délite de larmée ennemie se lance alors à leur poursuite. Suit le récit épique de cette chasse à lhomme au travers des montagnes et des forêts du nord de la Corée.

 

Après une mise en place quelque peu poussive, le film prend rapidement une vitesse de croisière animée dun souffle incontestable. On se prend rapidement au jeu de la poursuite, des combats par flèches interposées, surpris dapprendre comme lart de larcher peut être autrement complexe que le simple fait de bien viser. La trame historique de fond nest pas simplement traitée comme un décor mais soutient en elle-même lattention et lintérêt, lesquels sont émaillés de moults accrochages et batailles. La mise en parallèle de lhistoire des protagonistes et de la Grande Histoire, celle de larrière-plan historique, rehausse la compréhension des évènements sans jamais nuire à la qualité dramatique. La qualité de linterprétation est à la hauteur des attentes. Quelques plans glissent inévitablement pour un film de ce genre dans des effets convenus, tels ces quelques scènes où le trajet de la flèche est suivi comme en caméra embarquée. De mêmes certains effets danimation, comme lintervention dun tigre dont linclusion numérique saute aux yeux, sont à la limite de lindigence. Mais ces ratages sont trop rares pour quon puisse réellement sy arrêter ou avoir le temps den être heurté tant ils sont sporadiques.

 

 

 

« THE SWORD IDENTITY » de Xu Haofeng (Chine)

 

Pitch.
Deux guerriers défient sans le savoir quatre familles d’une ville du sud de la Chine qui gardent secrètes leurs techniques d’arts martiaux. Pris pour des pirates japonais en raison de la longueur de leur sabre, ils acceptent un défi pour éviter la prison.

 


Deux guerriers entrent en ville du sud de la Chine, équipés de sabres inhabituels, et se heurtent aux quatre écoles darts martiaux déjà en place et qui tiennent le haut du pavé. Pris pour des pirates japonais du fait que ces derniers emploient le même type de sabre, ils sont alors sommés de prouver leur valeur en affrontant chacune des quatre écoles et de mériter par ces quatre victoires leur droit à ouvrir ensuite leur propre école. Un des deux guerriers est rapidement mis hors de combat, mais le second relève le défi. Il triomphe de trois des écoles, mais butte finalement sur la quatrième et son champion légendaire venu à laide.

 

Pour amateurs du genre, « The sword identity » est loin dêtre avare en scènes de combats de toutes sortes utilisant divers modèles darmes blanches, de lépée à la lance et de la hallebarde au gourdin. Les multiples scènes de bataille sont reliées par une vague intrigue où se mêlent des aspects apparemment humoristiques et un fond de spiritualité reliée aux arts martiaux. Si les combats profitent dune scénographie et dune chorégraphie réussie, il faut bien avouer une réelle difficulté à suivre tout le reste des évènements. On est ainsi bien en peine de résumer lhistoire autrement que dans ses grandes lignes tant on est à la limite de lincompréhensible, pour ne pas dire en plein dedans. On comprend vaguement que les deux guerriers ne sont en réalité pas des pirates japonais mais sont issus de larmée dun célèbre général chinois qui a affronté lesdits pirates et est parvenu à les vaincre en sinspirant de leurs sabres pour le perfectionner sous la forme de celui porté par les nouveaux venus. Mais quest-ce que ces deux hommes sont venus faire en ville ? Pourquoi toutes ces bagarres ? Que viennent faire dans cette histoire la troupe de courtisanes qui harangue les combattants, les moquent ou les aident ? Comment cette femme cachée derrière un rideau munie dun simple bâton tient-elle en respect les troupes qui se succèdent pour tenter le passer le seuil de sa demeure ? Quel est le lien entre cette histoire et un récit secondaire impliquant la femme du « champion légendaire » et son amant qui se mêlent à la bagarre ? Et on ne cesserait de dévider la bobine du fil des questions que faute de place


 

 

 

« THE SORCERER AND THE WHITE SNAKE » de Tony Ching siu-tung, 2011 (Chine, Hong Kong)

 

 

Pitch.
Le démon Serpent blanc décide de prendre l’apparence d’une belle jeune femme afin de séduire le jeune herboriste Xu Xian dont elle est tombé amoureuse. Mariée à Xu Xian, elle croise un jour la route d’un sorcier chargé d’éradiquer les démons.

 

 

Les non-initiés nimaginent pas à quel point le monde des hommes est en fait peuplé dune quantité de démons, plus ou moins hostiles ou amicaux, aux pouvoirs variés, et capables de leur apparaître sous des formes diverses. Xu Xian (Raymond Lam), un jeune herboriste chinois, en fera pourtant lexpérience à loccasion de la cueillette de plantes médicinales sur une haute montagne durant laquelle le démon féminin Serpent Blanc (Eva Huang), aidé par sa sur Serpent Vert (Charlene Choi), séprend de lui et se présente à lui sous les traits dune jeune fille quil finit par épouser. Mais cétait sans compter sans Fa Hai (Jet Li), le maître du Temple Jin Shan, dont la mission est justement de capturer les démons qui se mêlent de la vie des hommes. Bien que touché par lamour des deux tourtereaux, Fa Hai reste cependant intraitable sur sa mission et entreprend de mettre fin à leur histoire, jusquà en arriver à une bataille homérique entre lui et les deux démons Serpents.


Véritable conte féerique, le film a tous les atouts du conte pour enfants comme aurait pu laimer Walt Disney. Magie, humour, amour, action se côtoient et sentremêlent. Les méchants ne sont jamais réellement méchants, et les gentils sont comme leur nom lindique. Lhistoire est linéaire, simplement compréhensible par un esprit enfantin ou qui a conservé une âme denfant. Elle est dynamique mais sans trop, ménageant des étapes de détente mais sans trop, plongeant dans le fantastique mais sans trop, adoucissant les étapes un peu dures dune pointe dhumour sans pour autant verser dans le burlesque. La fin est à la fois triste et joyeuse, réconciliant les bons et les jamais-vraiment-méchants. Linterprétation est simple et efficace, dominée de la tête et des épaules par un Jet Li qui prend manifestement beaucoup de plaisir à se livrer à cet exercice. La réalisation est limpide, maîtrisant très honorablement les effets spéciaux sans pour autant se complaire dans un spectaculaire gratuit.

 

SE

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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