Bellissima : par procuration
Pitch
Un casting est organisé à Cinecittà afin de rechercher une fillette pour un rôle au cinéma. Les faubourgs de Rome bouillonnent d’y amener leur progéniture.
Notes
À l’occasion d’un radio crochet, on annonce le casting à #Cinecittà d’une fillette de 6 à 8 ans. L’ambiance s’électrise dans les faubourgs de Rome où vivent la petite Maria Cecconi et ses parents. Ayant rêvé elle aussi d’être actrice, la mère (Ana Magnani) ne tient plus en place. Femme passionnée et autoritaire, son opiniâtreté lui fait passer les étapes. Mais, ne connaissant rien au milieu du cinéma, elle est vite la proie des vautours : Photographe d’occasion, actrice ratée improvisée en professeur de théâtre, leçons de danse, coiffeur préconisant couleur et permanente. La scène chez le coiffeur est particulièrement cocasse. Maria portant ses nattes, sa mère demande qu’on boucle sa chevelure. Bousculant les coiffeurs, les clientes, elle atterrit chez un apprenti-coiffeur qui coupe sec les 2 nattes et frise la petite comme un mouton.
Maria, au physique banal, n’a aucun don particulier, elle zozote et bégaye souvent. Pour arriver prête à l’audition, la mère, infirmière à domicile, s’est endettée mais vit un rêve éveillé, pas insensible aux avances du photographe.
3ième film de Visconti (1951), empruntant au néoréalisme italien et précédant sa période flamboyante, ce dernier disait que le sujet l’intéressait moins que de faire tourner l’incandescente Ana Magnani. Pourtant, ce sujet, atemporel, est toujours d’actualité. Combien de parents, artistes contrariés poussent leurs enfants, plus ou moins consciemment, à réaliser leurs rêves à leur place. «j’ai tout misé sur elle », confessera la mère.
Le film est cruel. La fillette, épuisée, pleure, réclame sa mère ou dort durant les étapes de sa transformation. La scène finale, long cri strident, est éloquente…
Dans l’immeuble des Cecconi, l’ambiance est survoltée, cris et petites altercations incessants, bousculades dans les escaliers, avis et mises et gardes. Visconti décrit le Rome non glamour des quartiers populaires où le linge pend aux fenêtres, on s’interpelle, on se mêle de tout. Un matriarcat dont les hommes sont admis comme maris, géniteurs peu présents. La vraie tragédienne de cette tragi-comédie brillante est la mère portée par son rêve par procuration.
Et aussi
Diffusion
Reprise en version remasterisée 31 janvier 2024
LES FILMS DU CAMELIA
Notre note
(4,5 / 5)
Laisser un commentaire