Birdy : à la vie à la mort
Pitch
La fin de l’insouciance pour deux amis inséparables au retour de la guerre du Vietnam.
Notes
Malgré leurs différences de tempérament, Al et Birdy sont inséparables depuis l’enfance. Al est exubérant, populaire, dragueur, sportif. Birdy ne songe qu’aux oiseaux à qui il voue une telle admiration qu’il voudrait voler comme eux… La liberté… Tandis qu’Al flirte avec des filles, Birdy se lie à un canari jaune qui fait vibrer son cœur.
Ce film joue avec les temporalités, effectuant des allers et retours entre présent et passé, chaque moment du passé tentant s’expliquer le présent.
Au retour de la guerre, les deux amis reviennent démolis, Al, le visage arraché lors d’un combat (on verra très peu la guerre et était-il nécessaire de la montrer, même brièvement?), a désormais la face barrée de bandages après une chirurgie réparatrice dans un hôpital militaire. C’est ainsi, la gueule cassée, en uniforme du sergent qu’il est demeuré, qu’Al est appelé à la rescousse par un officier qui dirige l’hôpital psychiatrique où Birdy, hébété et mutique, régressif, se terre dans le coin d’une chambre, le plus souvent en position d’oiseau blessé, un oiseau qui ne peut plus voler. L’officier psychiatre compte sur Al pour faire enfin parler Birdy.
C’est un film politique et poétique. Politique car, Alan Parker, cinéaste engagé, dénonce une jeunesse sacrifiée pour une guerre inutile, une jeunesse qu’on a privée de ses rêves et d’avenir autre que d’essayer de se reconstruire quand l’après se profile comme un insupportable retour dans un monde devenu étranger. Revient-on mentalement de l’horreur de la guerre? Poétique car construit autour de Birdy, l’homme-oiseau blessé à mort qui a trouvé refuge dans le mutisme.
La séquence (du passé) du rêve de Birdy volant comme un oiseau par dessus son quartier, ses lieux de vie, le terrain de jeu, les maisons, réalisée en FlyCam (caméra volante) est une prouesse technique du réalisateur. Sur une musique sublime de Peter Gabriel, Alan Parker filme comme Birdy aimerait tant voler…
Les retours dans le passé marquent le fossé entre ces deux jeunes gens insouciants (si jeunes, si beaux, les cheveux blonds ébouriffés, Nicolas Cage et Matthew Modine, peu connus à l’époque, sont extraordinaires de naturel, de légèreté) et le présent, leur retour, détruits, méconnaissables.
Ode à l’amitié indéfectible, ce film un peu difficile d’accès au début, vous submerge plus souvent qu’à son tour d’émotion. La scène finale est superbe. Qui des deux amis est le plus fragile? Les rêves, fussent-ils brisés, protègent peut-être mieux, même au delà de l’horreur…
Mythe d’Icare, frontière mince entre l’état normal et la folie refuge consécutive à un traumatisme, dimension sociale de quartiers défavorisés de Philadelphie, où la vie des familles est difficile sans pourtant affecter les enfants, plaidoyer anti-militariste, c’est un film habité de tant de thèmes. L’intelligence narrative du film, sa réalisation en adéquation avec le récit (adapté du livre culte de William Wharton, quasiment inadaptable) en font une œuvre rare. Et pourtant pas la plus connue du réalisateur du fameux Midnight express.
Alan Parker / mon top 5 :
Midnight express (1977)
Birdy (1984)
Angel heart (1987)
Mississippi burning (1988)
La Vie de David Gale (2003)
Birdy (Alan Parker, 1984) avec Matthew Modine, Nicolas Cage (BO Peter Gabriel) ; l’amitié à la vie à la mort. Sublime composition du réalisateur qui sait filmer comme voudrait tant voler Birdy. Film rare à la fois poétique et engagé. Coffret DVD/BR/Livret @wildsidecats 07/12/2022 pic.twitter.com/6A67Qw8G0k
— Cinémaniac / CNM (@Cine_maniac) November 25, 2022
Et aussi
Birdy reçut le Grand Prix spécial du jury au Festival de Cannes.
Bonus :
L’abstraction de la guerre : Entretien avec Matthew Modine
Haut-vol : Entretien avec les deux scénaristes
Prendre la plume
Birdy et l’ange Gabriel
Entretien avec Peter Gabriel
Diffusion
Sortie coffret collector DVD/BR et Livret écrit spécialement par le journaliste cinéma François Cau : 7 décembre 2022.
WILD SIDE VIDÉO
Notre note
(4,5 / 5)
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