"Body Heat" : La fièvre au corps

Lawrence Kasdan, 1982

Avant même de me concentrer sur la rédaction de cet avis, j’entends le tintement des mobiles la nuit sur la terrasse de la maison sur la plage. Je vois Kathleen Turner et William Hurt errer et comploter dans l’obscurité par une chaleur suffocante et une moiteur qui leur colle à la peau. Il faut que je revoie ce film. Je l’ai vu au moins dix fois. Bien que ce soit un polar et que j’ai fini par comprendre la fin…, je ne me lasse pas.

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C’est un thriller obsédant, tentaculaire, diabolique comme Matty-Kathleen Turner, la femme fatale, la garce. C’est un film noir tourné au début des années 80 dans la lignée des films noirs américains des années 40. Avec tout l’acquis des années 70, la libération des moeurs, un film d’avant le retour du puritanisme US. Body Heat (La Fièvre au corps), c’est un peu l’ancêtre de Basic instinct, en plus noir, plus moite, plus sensuel. Kahtleen Turner avait au cinéma le même emploi de femme fatale que Sharon Stone par la suite, à mille lieux de son rôle de mère réac et engoncée dans Virgin suicides, 20 ans plus tard… Premier long-métrage réalisé par Lawrence Kasdan qui fut auparavant le scénariste de Spielberg (Indiana Jones) et de Lucas (Le Retour de Jedi), Body Heat propulsa Kathleen Turner qui venait de la télévision au rang de star ciné. Kasdan retrouvera William Hurt et Kathleen Turner dans Voyageur malgré lui en 1988. En bonus, il y a Mickey Rourke, qui débutait, dans un second rôle, bien qu’il n’apparaisse que dans quelques scènes, on sent immédiatement qu’il a un charisme au dessus de la moyenne.Ned Racine-William Hurt, avocat minable et sans scrupules, rencontre la somptueuse Mathy Walker-Kathleen Turner dans un bar la nuit. Que peut bien faire une femme aussi belle, aussi chic, seule dans un bar à une heure pareille? Elle est venue prendre l’air, c’est ce qu’elle lui dit, elle étouffait chez elle, l’été est suffocant cette année-là en Floride. Elle porte une simple jupe blanche, un chemisier blanc ouvert sur un corps de rêve. Mathy Walker est mariée avec un homme d’affaire riche, très riche, beaucoup plus âgé qu’elle. Mathy Walker cherche un avocat pour falsifier le testament de son mari, on ne sait jamais ce qui peut arriver. Car Monsieur Walker à une soeur et une nièce à qui il compte léguer la moitié de sa fortune et Mathy Walker n’aime pas ça. Ned Racine, de part sa profession d’avocat, est l’homme de la situation. D’autant qu’une attirance physique obsessionnelle et fièvreuse les plaque l’un contre l’autre toutes les nuits quand Ned-William Hurt va rejoindre Mathy-Kathleen Turner dans sa maison isolée sur la plage en l’absence de son mari. Bercés par les cliquetis grinçants des mobiles sur la terrasse, les deux amants échaffaudent des projets lors de scènes d’un érotisme torride dans une atmosphère saturée de chaleur moite.

Excepté dans Les Orgueilleux (avec Michèle Morgan et Gérard Philippe), j’ai rarement vu une restitution aussi physique et sensuelle de l’ambiance suffocante et fiévreuse où évoluent les personnages. Beaucoup de scènes sont filmées dans la pénombre, ce qui participe à l’impression d’être aspiré dans cette ambiance oppressante car jusqu’au bout du film, l’air demeure électrique, érotique, étouffant. Il y a cette scène magnifique vers la fin où Ned dit à Mathy "pourquoi ne vas-tu pas les chercher toi-même?", alors la vamp se dirige vers le hangar à bateaux, elle sait que c’est un piège, elle se retourne vers Ned, il sait qu’elle sait, il se tait, va-t-elle y aller pour lui prouver qu’elle était sincère? Le spectateur se met à douter, se peut-il que Mathy la garce ait aimé Ned le looser?

Je ne peux pas et ne doit pas raconter la suite mais il n’y a pas grand risque que je dévoile la clé de l’énigme car la fin est tellement compacte et alambiquée qu’il faut être très concentré pour la comprendre du premier coup! Ce n’est pas grave, comme ce film existe en DVD, il suffit de repasser plusieurs fois de suite la dernière scène!!! Et alors, Mathy Walker va vous obséder longtemps..

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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