"Du jour au lendemain" : Du Pareil au même

Lundi : la journée type de François Berthier commence par une cafetière qui explose dans sa cuisine, une poubelle qui craque dans l’escalier, une chute en se prenant les pieds dans les câbles qu’à installés un ouvrier dans le hall d’entrée : une sorte de François Pignon dans « La Chèvre » (celui de «je voulais du jus, j’en ai eu»). Dans la rue, il pleut des trombes d’eau, il en profite pour dire à un voisin que son chien a aboyé toute la nuit et le buraliste ne lui adresse pas la parole quand il ne le vole pas Au bureau, le portier ne lui dit pas bonjour, le local au sous-sol est sombre et sans fenêtre (là, ça serait plutôt le bureau de Pierre Richard dans «Le Distrait»), le néon clignote et son patron l’engueule pour dix minutes de retard. A la cantine, la dernière part de tarte lui passe sous le nez et les jolies filles vont s’asseoir ailleurs qu’à sa table. Pour finir de brosser le tableau, son partenaire au tennis le pile, sa femme le trompe avec un beau chef de chantier, le livreur de pizzas oublie son allergie aux oeufs et ses voisins mitoyens l’empêchent de dormir en s’envoyant en l’air tous les soirs cinq minutes après son coucher.
Mardi : on reprend tous les évènements un à un et on les traite en positif, sans en oublier un seul : le réveil, le café, la poubelle, les câbles, le soleil, le buraliste aimable, le portier loquace Puis, à nouveau, le bureau avec changement de standing pour le premier étage, le patron repenti qui offre des chocolats, la multiplication des tartes à la cantine avec une employée canon à sa table Encore le tennis, le partenaire play-boy battu, le retour de l’épouse tout sourire, la mort du chien du voisin, les pizzas qui arrivent sans ufs, les voisins mitoyens qui se font la gueule et donc ne crient plus à 22h30
En fin de semaine, on recommence un troisième tour avec un François Berthier furieux d’être chanceux et on est reparti pour le café, la poubelle, le buraliste, le portier, le patron, le partenaire de tennis, les voisins avec le chien, l’uf sur la pizza, les voisins du soir, etcet TOUT, je dis bien tout, est relu une troisième fois Avec ce bachotage imposé, je connais le film par cur
Morale : soit on est dans un système de vases communicants où le malheur de l’un fait la bonheur de l’autre, soit on ne veut pas ou on ne peut pas être heureux pour des raisons qu’une vie de psychanalyse peinerait à résoudre Les perdants, les gagnants, ceux qui rasent les murs, ceux qui relèvent la tête, un monde de winers et de loosers ou se comportant comme tels : en deux mots, le chien mord celui qui a peur du chien, et, comme dirait ma gardienne : comme on fait son lit, on se couche !!!
Qu’est allé faire Benoit Poelvoorde dans cette galère de rabâchage, cette histoire qui tourne comme un disque rayé? Est-ce parce qu’il n’a pas supporté le succès de « Entre ses mains » où il était grandiose qu’il s’est recréé un univers de film médiocre pour être moins heureux, si l’on en croit la morale triplement surlignée du film, ça doit être qq chose comme ça D’ailleurs, dans le film précédent, il avait pour partenaire la talentueuse Isabelle Carré et dans ce jour du lendemain ou ce lendemain du jour, il y a justement une pâle copie : Anne Consigny, (qui vient de faire un tabac en arrivant à la nuit des César en 2CV rouge vif quand tout le monde roulait en limousine) recopiant les mimiques d’Isabelle Carré quasiment à l’identique (je l’ai d’autant mieux remarqué qu’on venait de passer une BA avec l’original).
Cependant, Benoit Poelvoorde est nickel en toute circonstance, il a la mine qu’il faut, les épaules rentrées le lundi matin, le dos droit le mardi matin, il s’agite en fin de semaine il sait tout faire, même le café et c’est le seul point positif du film : lui !!!
Le réalisateur, Philippe Le Guay, a déjà fait deux films : «L’Année Juliette» (1995) et «Le Coût de la vie» (2003) dont j’avoue que j’ai un souvenir assez vague si ce n’est que le thème du prix à payer de l’existence demeure.
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