Immersion US : l'héritage Brando : documentaire "Brando"

TCM, diffusion les 6 et 13 décembre 2007

Brando avec Marilyn, le top jamais égalé depuis de la séduction Hollywoodienne…

J’ai passé ma semaine immergée dans le ciné américain, Todd Haynes, invité d’honneur des Rencontres internationales de cinéma à Paris ayant donné le la avec la soirée « Velvet goldmine » jeudi soir au cinéma l’Arlequin et l’avant-première de « I’m not there », le biopic « kaléidoscopique » qui « casse les codes du biopic » comme je l’ai lu à l’unisson dans toute la presse traditionnelle, lire mon billet sur cette soirée… Mais ce n’est pas tout, mercredi, sortait enfin un des films US en compétition à Cannes, de ceux qui n’avaient pas eu de prix… Mais celui-là avait été sifflé en projection presse car on lui reprochait le côté Sarkojusticier si l’on peut dire… Pour ce « La Nuit nous appartient »  (« We own the night », devis de le police NY) de James Gray, imbibée de la revision de « The Yards » (Canal a eu le nez de le rediffuser au début de la semaine), son précédent film qui date de l’an 2000, sept ans de réflexion… je m’y précipite… Contrairement à ce que j’en lis ici et là, « La Nuit nous appartient » ne m’apparaît pas comme tellement plus abouti que « The Yards », ça serait même le contraire… Joaquim Phoenix y tient en fait un peu tous les rôles principaux  : le même rôle que précédemment dans « The Yards » (la première partie du film) et le rôle de Mark Whalberg aussi (la seconde partie du film), ce dernier héritant de la très difficile prouesse d’acteur de jouer un ternissime flic rigide parfaitement normal… La grande différence entre ces deux films de James Gray, la nouveauté, ce sont les scènes d’action (scène déjà culte sous la pluie, top) toujours fédératrices, on le sait. Bon, c’est du bel ouvrage au final, du cinéma haute couture, l’héritier du Nouvel Hollywood existe pour faire à peu près toujours le même film mais n’est-ce pas la marque d’un auteur? Pour finir, j’ai visionné hier soir le DVD de « Panique à needle park » (1971) de Jerry Schwartzberg, chronique glaçante du quotidien d’un couple d’amoureux junkies, avec Al Pacino explosant à l’écran (il tournera ensuite avec ce réalisateur « L’Epouvantail » dans la foulée) et je mettrai bientôt la critique en ligne sur le blog… (le film est sorti en reprise en salles la semaine dernière)
 

    
Le « Nouvel Hollywood » vivant en 2007 (« La Nuit nous appartient ») comme en 1971 (« Panique à needle park »)?


Marlon Brando dans « L’Equipée sauvage » (1953)

Immersion US, suite… De Brando à Joaquim Phoenix, après Sean Penn et Johnny Depp, en passant par le météore James Dean qui lui vouait une passion délétère, ces acteurs enfants de l’Actor’studio ont reçu en partage l’héritage Brando, voilà la transition… Pour parler du documentaire sur Marlon Brando qui fut présenté au festival de Deauville en septembre dernier et sera très bientôt diffusé sur ma chaîne préférée : TCM en deux parties les jeudis 6 et 13 décembre à 19h15. A noter que ce documentaire va lancer un cycle sur Brando et il faut absolument noter que le jeudi 6 décembre, TCM enchaînera à 20h45 avec un des films les plus oubliés de Brando et c’est bien dommage car l’acteur va très loin dans l’interprétation éblouissante d’un militaire gradé, marié à une Liz Taylor ahurissante en mégère vulgaire et nympho, personnage emmuré dans ses fantasmes et ses pulsion homosexuelles refoulées : il s’agit de « Reflets dans un oeil d’or » (1967) de John Huston d’après un roman de Carson Mac Cullers, lire ma critique du film… Pour en rajouter encore dans le Brando obscur, le film qui suivra le 6 décembre à 22h45 sera le fameux « Le Dernier tango à Paris » (1972), film resté dans les mémoires plus pour ses scènes scandaleuses que pour le fond du sujet très dépressif. Dans le documentaire, Maria Schneider, sa partenaire, dit qu’à Brando et elle, Bertolucci a volé des choses, les a carrément manipulés. Brando pensait contrôler et ne pas trop se livrer mais Bertolucci l’a mis dans les conditions de craquer, exemple de la scène auprès de l’épouse suicidée où Brando sanglote… Les autres soirées Brando seront moins douloureuses : « Les Révoltés du Bounty »  le jeudi 13 décembre, il épousa l’actrice Tahitienne principale des deux versions du film, Movida (version 1935 avec Clark Gable) et Tarita (remake 1962 avec Brando), et se prit, tout le monde le sait, de passion pour Tahiti où il vivait en partie. « Jules Cesar » de Mankiewicz (diffusion jeudi 20 décembre 22h55 sur TCM), avec un Brando qui sait articuler alors que tout le monde le taxait de marmommer, témoignage d’Al Pacino dans le film, à l’époque, tout le monde essayait de marmonner comme Brando dans « Sur les quais »
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« Un Tramway nommé désir » (1951), « L’Equipée sauvage » (1953), « Sur les quais » (1954) « Le Bal des maudits » (1958), « Reflets dans un oeil d’or » (1967) : quelques uns de mes films préférés avec Brando

Le documentaire est dense et les parties de la vie de Brando sont traitées en fonction des documents possédés et l’époque était pingre en infos filmées, donc, c’est inégal et, pour les amateurs, on n’apprend pas grand chose mais ça fait plaisir quand même. L’enfance de Brando est touchante bien que traitée rapidement, le petit garçon que sa mère alcoolique délaisse dès 10 heures du matin et qui, pour attirer son attention, lui imite des cris d’animaux, des voisins, apprend à faire l’acteur. L’explosion de Brando au théâtre dans « Un Tramway nommé désir », repris ensuite au cinéma (1951), la séduction et la virilité incarnées, il séduit les hommes comme les femmes, fascinés par Stanley Kowalski, le torse huilé, le débardeur déchiré, hurlant « Stella!!! » Brando politique qui refuse l’Oscar pour « Le Parrain » (1972), le film qui relance sa carrière, et défend les Indiens d’Amérique en envoyant une jeune femme Apache à sa place à la cérémonie. Dans la dernière partie de sa vie, Brando, qui pèse alors plus 135 kilos et n’aime pas le métier d’acteur, sauf pendant quelques années après « Le Tramway », où il s’était pris au jeu (il sera même réalisateur et acteur de « La Vengeance aux deux visages », 1961), n’accepte que des rôles alimentaires et refuse d’apprendre son texte qu’on colle un peu partout sur les plateaux. On peut dire qu’« Apocalypse now » (1979) est la dernière apparition géniale de Brando. Rattrappé par des drames familiaux, son fils Christian ayant tué son beau-frère, le mari de Cheyenne, sa fille préférée, qui se suicide ensuite, Brando finit ses jours muré chez lui. La morale de ce film est qu’à partir de Brando dans « Le Tramway », plus aucun acteur n’a plus pu jouer pareil sans se sentir anachronique, car il avait tout cassé de l’interprétation classique d’un rôle, il n’interprétait pas, il ne jouait pas, il ne recopiait pas, il vivait le personnage de l’intérieur et les spectateurs ne s’y sont pas trompés.

 

          
« La Vengeance aux deux visages » (« One-Eyed Jacks ») (1961) : Brando réalisateur et acteur
Lire la critique du film…

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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