« Les Nuits d’été » : double vie dans les fifties
Pitch
Années 50. Un notaire de province et son épouse forment un couple exemplaire. Mais le notaire possède un secret : il passe tous ses WE dans leur maison de campagne habillé en femme en compagnies d'autres travestis.
Notes
Ces nuits d’été sont assez frisquettes, c’est un film discret, en demi-teinte, la douceur banale, ronronnante, de la fin des années 50 en province. Michel, notaire, notable provincial, son épouse, Hélène, et leur fils forment une famille exemplaire.
Cependant, Michel possède un secret : il passe tous ses WE dans leur maison de campagne où il devient Mylène en compagnie de Jean-Marie/Flavia, ancien camarade de régiment, dont il est très proche. Sous leur impulsion, la terne maison de campagne devient la « Villa Mimi’, point de ralliement d’une communauté d’hommes jouant librement à être des femmes ; mais leur modèle n’est pas celui pas celui de femmes libérées, bien au contraire, ils jouent à être des « femmes au foyer » exécutant des tâches domestiques, banales : prendre le thé, jardiner, repasser, jouer au Scrabble.
En toile de fonds, 1959, la guerre d’Algérie dont on parle à mots couverts…
Frisquettes "Les nuits d'été"… Bons acteurs et belle ambiance fifties mais je ne saurais pas très bien quoi en dire…
— Camille Marty (@Cine_maniac) November 20, 2014
Et aussi
Ce film est à la fois une histoire d'amour entre Michel et son épouse et un plaidoyer pour la complexité de l'identité sexuelle telle que chacun la vit ou la subit ou la nie. Le petit groupe d'hommes travestis en femmes qui se retrouve durant les WE à la "Villa Mimi" est à la fois passéiste (son image de la femme au foyer est justement celle dont ne voudront plus les femmes quelques petites années plus tard) et moderne, voire en avance sur leur temps, parce qu'ils vivent et assument leur part féminine en la théâtralisant. L'arrière-plan de la guerre d'Algérie, traumatisante et réactivante de bien des traumatismes des guerres précédentes, est génératrice d'angoisse, notamment pour ces deux anciens camarades de régiment, Michel et Jean-Marie, qui, sans doute, aussi, trouvent refuge dans des jeux de rôles de femmes qui restent à la maison afin d'échapper au schéma d'hypervirilité du guerrier. Pendant ce temps, Hélène, l'épouse de Michel, va, en sens inverse (apparemment), se sentir concernée par l'émancipation de la femme, revendiquant, elle aussi, sa liberté. C'est un film intelligent qui banalise les différences supplantées par l'amour que se portent deux individus. Est-ce vraiment crédible? Oui et non, les acteurs (Jeanne Balibar, Guillaume de Tonquédec) y sont pour beaucoup dans la crédibilité du film.
Notre note
(3,5 / 5)
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