Modeste ouverture du 11° Festival du film asiatique avec « Firaaq »

Même à Deauville, l’ambiance est à la crise, la cérémonie d’ouverture ne dure pas dix minutes, le président du festival et le maire de Deauville se succèdent au micro, solitaires, peu loquaces, modestes. La maire de la ville remercie les partenaires nouveaux qui ont eu le mérite de s’associer au festival en temps de crise… Signes des restrictions :  les films du festival sont projetés au cinéma du Casino et au CID mais aucun film ne sera repris au cinéma Le Morny. Quant au village Asia si sympa à l’entresol du CID, avec les boutiques du monde asiatique et son comptoir dégustation, il semble avoir disparu cette année d’après les infos du CID, adieu sushis, soieries, mangas… (à vérifier cependant…)On nomme les membres du jury compétition présidé par Eric-Emmanuel Schmidt mais ils ne viennent pas sur la scène, ils se lèvent depuis leur place au centre de la salle immense, les têtes se tournent, ils saluent rapidement, se rassoient aussitôt. On annonce que le second jury de la compétition Action Asia sera là plus tard dans la semaine. J’aperçois le président du jury, Didier Long et Marie Gillain souriante (photo prise à la hâte de très loin). La soirée s’anime un peu quand arrive la charmante réalisatrice du film d’ouverture, Nandita Das, en sari de soie rose. « Firaaq »  est en compétition, ce qui n’est pas l’usage pour un film d’ouverture, bien qu’à Cannes, l’année dernière, au dernier moment, on ait programmé un film en compétition en ouverture (« Blindness » de Meirelles). Etrange choix alors qu’il y a au programme du Panorama du lourd : des films comme « 24 City » de Jia Zhang Ke (demain jeudi à 17h au CID) ou « Departures » (dimanche à 14h30 au CID) qui vient d’obtenir l’Oscar du meilleur film étranger. Pourtant, le public, même si la salle n’est pas bondée, est tout de même au rendez-vous, fidèle.


« Firaaq », photo Percept Picture Company

Comme l’a dit la réalisatrice, « Firaaq » est une fiction basée sur des faits réels. Plusieurs histoires individuelles s’entremêlent racontant le voyage émotionnel de citoyens ordinaires témoins ou victimes du massacre de Gujarat en Inde en 2002 où s’affrontèrent  Hindous et Musulmans. Le récit sur 24 heures se passe un mois après le massacre où 3000 musulmans furent tués, des centaines de milliers de gens se retrouvèrent sans toit et bon nombre de femmes furent violées.
Les personnages du film vont souvent par paire comme les deux hommes creusant un charnier pour enterrer les  cadavres au début du film,  le vieux maître de musique coupé de la réalité et son serviteur, les deux voisines amies dont celle qui a trouvé sa maison brûlée soupçonne l’autre de l’avoir trahie, ou le couple moderne se parlant anglais : ce couple-là justement représente un exemple rare de mariage mixte entre un musulman et une hindouiste, le mari se cachant derrière le nom hindou de sa femme tout en étant furieux de sa lâcheté. On passe d’un groupe de personnages à l’autre, le film étant un patchwork de destins individuels pris comme échantillons représentatifs de la population, on aurait pu démarrer avant ou poursuivre ensuite, il n’y a pas vraiment de début ni de fin dans ce film. Pas plus de parti pris de mise en scène non plus, on filme comme ça vient avec quelques idées de temps en temps, quelques beaux plans ici ou là.

Un film artisanal, sympathique, empli de rage de montrer, de témoigner sans grands moyens, ni matériels ni artistiques, un premier film qu’on aurait bien vu programmé dans l’après-midi entre deux autres films en compétition. La réalisatrice Nandita Das est avant tout une actrice célèbre en Inde dont c’est le premier essai de réalisation. Un film à l’image de cette ouverture : sombre, sensible et modeste. Pour être tout à fait juste, j’ai entendu néanmoins certaines réactions positives de spectateurs ayant aimé le film. Demain est un autre jour et le programme de jeudi est très chargé…

           
Nandita Das, réalisatrice de « Firaaq »

  
Didier Long et Marie Gillain (2 des membres du jury)

 
Nandita Das lors du photocall le lendemain

 

Sélection jeudi 12 mars : « Peppermint candy » (fait partie de l’hommage à Lee Chang-dong) à 15h au Casino, « 24 City » de Jia Zhang Ke à 17h au CID, le film thaïlandais « Fireball » à 18h au Casino (Action), « Naked of defenses » (compétition) à 20h au CID et un film philippin « Jay » à 22h30 au CID.

 

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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