« Camelot » : relecture en mini-série de la légende du roi Arthur

Camelot est le nom de la citadelle en ruines où va s’installer le roi Arthur, bâtisse à flanc de falaise au bord de la mer. Mais auparavant, il a fallu qu’on fasse d’Arthur, jeune homme blond, séducteur et romantique, élevé simplement à la campagne avec Ray, son frère, l’héritier légitime du roi Uther. Retour en arrière : Après que le cruel roi Uther Pendragon ait banni sa fille Morgane, puis, épousé Ygrain, la femme d’un rival, Morgane, ayant passé 15 ans au couvent par sa faute, lui demande de la réintégrer, se réclamant qu’il la reconnaisse comme sa seule héritière. Chassée à nouveau par son père, Morgane l’empoisonne grâce à des méthodes de magie noire… Ygrain, sa belle-mère, renvoyée par Morgane après la mort d’Uther, la jeune femme est donc sur le point de prétendre au trône de la Bretagne.

C’est alors que le magicien Merlin se souvient qu’il a confié 20 ans auparavant à un couple de fermiers un nouveau-né nommé Arthur qui n’est d’autre que le fils secret d’Ygrain qui avait été violée par un maléfice d’Uther du temps de son premier mariage. Pressant Arthur d’accepter d’être le roi, celui-ci hésite, puis accepte, Merlin l’installe au chateau de Camelot et l’aide à recruter une armée, lui faisant fabriquer une épée sur mesure : « Excalibur » du nom de la fille du ferronnier. Parmi les fidèles, le chevalier Leontes dont la promise Guenièvre a séduit Arthur dans un rêve. Malgré qu’elle accepte de se donner à Arthur avant son mariage, Guenièvre épouse Leontes et tente de lui rester fidèle.

Pendant ce temps, Morgane, installée au chateau de Pendragon, fait alliance avec le roi Lot, au moins aussi cruel que son père, quand elle lui demande si il se souvient de la mort de ses parents, il répond qu’il les a tués lui-même… Sur le point d’épouser le roi Lot qu’elle a séduit pour s’unir contre Arthur, son féroce fiancé l’humilie, Morgane se venge alors en prévenant Arthur qu’il va l’attaquer et se débarrasse de Lot. Tentée de se rapprocher d’Arthur qui lui propose la paix, Morgane ne se résout pas à ne pas être l’unique héritière du roi Uther. Coachée par Sybille, ancienne mère supérieure dévoyée du couvent qui lui aurait appris la magie noire autrefois, Morgane tente de conquérir le pouvoir en jouant le jeu de rendre la justice, comme son frère, mais se rend néanmoins malade en tentant de percer les points faibles d’Arthur, notamment en buvant son sang pour connaître ses rêves.

Dans cette minisérie il y a deux orientations antagonistes centrées sur deux personnages aux antipodes : le volet Arthur plein, de bons sentiments, personnage éthéré, boosté par son entourage, Merlin, les mercenaires qu’il engage, sa mère Ygrain, qui va apprendre sur le tas un métier de roi pour lequel il n’avait au départ aucune inclination, interprété, de surcroît, par un acteur blondinet et fade, l’actrice jouant Guenièvre ne l’étant pas moins ; le volet Morgane, jeune femme vénéneuse, torturée, obsédée par sa revanche sur son père, interprétée par la volcanique Eva Green, sombre et magnifique, regard d’émeraude et songes de sorcière la terrassant, qui vaut à elle seule le déplacement. Second acteur intéressant : Joseph Fiennes dans le rôle de Merlin. On a au final un film assez manichéen avec la confrontation entre le bien/Arthur et le mal/Morgane, attenué de quelques nuances louables pour tenter que les personnages ne soient pas tout noirs ou tout blancs mais contrastés (un peu). On attend donc avec impatience le meilleur : les passages avec Morgane/Eva Green qui n’est pas (dans la violence de son jeu, son attitude, ses choix de rôles) sans faire penser à une Isabelle Adjani plus jeune. La réalisation est plutôt classique avec quelques envolées oniriques, surtout pour illustrer les passages des délires magie noire de Morgane.