Sean Penn, conférence de presse à Paris pour « Harvey Milk »

Focus Film/CP Paris, vendredi 27 février 2009
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Photo CNM

Premier étage du Fouquet’s à Paris ce vendredi après-midi à 14h30, un évènement m’omnubile depuis le début de la semaine : ma star absolue Sean Penn donne une conférence de presse pour la sortie d' »Harvey Milk  » (mercredi 4 mars), film de Gus Van Sant pour lequel il vient de recevoir un Oscar face à son ami Mickey Rourke. Pourquoi vendredi 27 février? Parce que Sean Penn enchaînera ensuite sur la soirée des César où il remettra celui du meilleur film avec Charlotte Gainsbourg, sa partenaire dans « 21 grammes » d’Inarritu… Seul espoir pour m’ouvrir les portes de cette réunion cadenassée : Allociné, j’y ai aperçu un jeu concours, mon sang n’a fait qu’un tour… Merci à Al Amine et à Julien, 1000 pensées reconnaissantes à la rédaction des Champs Elysées (extraits vidéo de la conférence de presse sur « La Minute » d’Allociné… )!

Vu l’arrivée de Sean Penn au  théâtre du Châtelet sur Canal plus avant le debut de la cérémonie des César, les actrices invitées sur le plateau lui trouvaient la mine fermée, faisant la moue (ce qui ne  découragera pas Elsa Zylberstein, premier César de la soirée, qui lancera de la scène « I love you Sean! »)… La mine renfrognée? Quant il se sent cerné, sans doute… A la conférence de presse, en petit comité, dans un lieu protégé (photos de Marylin, Paul Newman, Steve Mc Queen aux murs), il a souri, ri, plaisanté et il s’est livré, un peu… en parlant de sa manière de travailler un rôle, avant qu’on ne dise « action! », il est paniqué, comme il est timide (c’est lui qui le dit en anglais dans le texte), il n’ose rien tenter, pire, il ne sait pas avant ce qu’il va faire exactement pendant qu’on tourne… Il ne travaille pas tous les rôles de la même façon, il cite l’exemple de Marlon Brando dans deux films aux antipodes « Le Parrain » et « Le Dernier tango à Paris » pour différencier un rôle où on plonge en soi et un rôle où on plonge dans le personnage. Il dit qu’il n’a pas de don naturel!!!, qu’il travaille beaucoup « avec ses tripes » la musique d’un rôle, qu’il fait une sorte de composition des choses apprises et de choses qu’il a déjà expérimentées dans le travail d’acteur.

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Photo CNM

Comme disait une photographe à Cannes quand on attendait l’année dernière sa sortie du palais, au fil du temps, il s’habitue à nous, il nous sourit presque, car l’homme, pourtant très pro, élevé dans le sérail de Hollywood, déteste d’instinct les photos, les mondanités, mais aujourd’hui, il répond qu’il est là parce que toutes les occasions sont bonnes de venir en France, peut-être qu’il s’est habitué à nous… Coca light et glaçons, veste noire, chemise blanche ouverte, coiffure un peu rocker, aucune trace de chirurgie esthétique ou de la moindre injection de botox, les cheveux légèrement blanchis aux tempes et ce regard bleu électrique. On le voit un peu sur les photos, l’incroyable mobilité du visage de Sean Penn est un terrain de jeu pour les réalisateurs, des mimiques craquantes à la mine étonnée, renfrognée, pensive, en passant par des rires sous cape, il est vivant, attentif, réactif et il va parler à peu près de tout. Le sentant détendu, un journaliste se hasardera même à lui demander vers la fin de la conférence de presse si il a vraiment écrit un texto à son ex-épouse Madonna après avoir embrassé son partenaire masculin dans « Harvey Milk »… Non, quelqu’un l’a écrit sur internet et la rumeur se colporte…

Mickey Rourke de passage à Paris a dit en interview qu’il lui avait donné des conseils pour la campagne des Oscar, ça le fait rire, il l’a vu au festival de Toronto, « The Wrestler » venait d’avoir le lion d’or et « Harvey Milk » n’était pas fini de monter, la seule chose qu’il lui a dit c’est de rester à l’écart de tout ça, sachant que Rourke peut être quelquefois le meilleur ennemi de lui-même. En complément de cette rivalité non dite pour l’Oscar du meilleur acteur, non, il n’avait pas préparé de discours, seulement noté des noms, car il pensait n’avoir que 25% de chances de l’obtenir, ce qu’il a dit en s’engageant en faveur du mariage gay, il le pensait spontanément…


     

Engagé politiquement toujours et sur tous les fronts, à la question de savoir s’il a accepté le film de Gus Van Sant pour des raisons militantes, politiques, la réponse est non, il a accepté car il aime le cinéma de Gus Van Sant depuis toujours qu’il compare au réalisateur Hal Ashby, quelqu’un à part, l’engagement militant est venu ensuite, petit à petit sur le tournage où il a cotoyé des gens de l’entourage d’Harvey Milk. Il parle de la fin des années 70 (Harvey Milk fut assassiné en 1978) à l’aube de l’apparition du SIDA où le président Ronald Reagan n’osait pas prononcer seulement le mot! Il va plus loin, si Harvey Milk était resté en vie, il aurait pu prêcher la prévention contre la maladie et sauver bien des vies. A différentes questions, il réponse invariablement que le train est en marche pour l’égalité des droits, qu’on ne peut plus faire marche arrière, un seul credo : justice et liberté.

Quand on tente une question sur sa double casquette acteur et réalisateur, avec Gus Van Sant, avaient-ils parfois des conversations de réalisateurs? Jamais de la vie, Gus Van Sant est trop abstrait, il aurait pu lui tenir un discours sur la mise en scène que l’autre lui aurait au mieux répondu « really? » (il l’imite, la voix douce, presque inaudible). Jouer aux côtés d’Emile Hirsch qu’il avait dirigé auparavant dans « Into the wild » ne lui donnait pas la tentation de le diriger? C’est plutôt Emile Hirsch, un peu monsieur je sais tout, qui se payait le luxe de lui faire des réflexions… Ponctuel, presque en avance, au bout d’environ 35 mn, Sean Penn, file, félin, souple, rapide, à cet instant, on se rend compte qu’il fait vraiment chaud dans cette salle… Tant que Sean Penn était devant nous, on ne se rendait compte de rien, ni chaud, ni froid, une messe païenne… et cette difficulté à se concentrer quand on le regarde tout en voyant qu’il n’aime pas être observé mais en l’observant trop intensément quand même, un peu coupable de prendre des photos, pas assez pour ne pas en prendre, bref! J’espère que je n’ai pas été trop tétanisée par l’émotion pour retranscrire ici à peu près fidèlement ce qu’il a dit…

   

 

 

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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