« Shallow Hal » (« L’Amour Extra-Large ») : signes XXL de beauté

Diffusion sur Comédie le 31 janvier à 20h40

Pitch

Hanté par les dernières paroles paternelles célébrant la beauté féminine, un trentenaire macho et superficiel prend conscience qu'il n'a jamais connu l'amour parmi toutes les femmes superbes qu'il examine à la loupe. C'est alors qu'il rencontre un gourou qui l'hypnotise afin qu'il puisse voir la beauté intérieure des gens.

 

A la veille de son trentième anniversaire, Hal n’a toujours pas trouvé la femme de sa vie. Et pour cause, il ne fréquente que des bombes écervelées, hanté par les conseils de son père agonisant, quand il avait 9 ans, de séduire un maximum de jolies filles. Avec Mauricio, son compagnon de bringue, Hal passe les filles au scanner et les deux compères n’ont pas de mots assez durs pour épingler le moindre défaut physique : ainsi, Mauricio n’a pas supporté un orteil tordu d’une de ses conquêtes pourtant superbe. 

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Tombant par hasard dans un ascenseur sur le gourou Tony Robins, ce dernier, stupéfait de la vanité des critères de séduction de Hal, accepte de l’aider. En vérité, le gourou l’hypnotise afin que Hal puisse voir la beauté intérieure des femmes. C’est donc avec une vue modifiée que Hal rencontre Rosemary, jeune femme timide, peu sûre d’elle, engagée dans l’humanitaire, que le spectateur voit comme Hal la voit, c’est à dire l’actrice Gwyneth Paltrow dans toute sa blondeur filiforme, moulée dans des petites jupes crayon. On donne bien des indices lourds au spectateur en contre-champ comme ces chaises qui s’écroulent sous le poids de Rosemary, filmée de dos, mais l’image de la beauté parfaite de la femme idéale demeure longtemps à l’écran.  

 

Or, il s’avère que Rosemary, dont Hal est tombé immédiatement amoureux, est la fille de son patron et pèse 135 kilos. Un patron sceptique qui venait de refuser une promotion à Hal et n’y voit là que manigances, craignant, de surcroît, qu’il fasse souffrir sa fille unique Rosemary. Le copain Mauricio, désemparé par les nouveaux goûts de Hal, en vient à aller supplier le gourou qu’il lui rende son ami.

Si l’emballage est un peu trash, notamment les dialogues, afin que les frères Farrelly ne trahissent pas leur réputation, l’histoire est beaucoup sensible que leurs autres films, on pourrait même parler d’un conte philosophique emballé dans une comédie sentimentale. On a des répliques qui font mouche du genre « Tu penses que pour être ensemble, il faut se plaire? » quand Hal drague une femme canon qui le rabroue ou « Il faut être deux pour se faire plaquer! » de la part de la jolie voisine de palier. Des répliques plus triviales comme les dernières phrases du père de Hal avant de mourir « évite la routine question baise » et « rien de tel qu’un joli cul! ». Des scènes de boites de nuits drôlissimes où Hal et Mauricio, stupides et arrogants, font « leur marché » de jolies filles.

Les frères Farrelly ne se contentent pas de stigmatiser le rejet de l’obésité dans une société de pléthore qui pratique régimes hypocaloriques et gym à outrance pour coller aux images des magazines. Les scénaristes élargissent la démonstration à toutes les différences qui isolent un individu d’une communauté conditionnée aux fausses valeurs des signes extérieurs de beauté : ainsi, ils intègrent au récit le personnage d’un copain handicapé, qui tire parti des ses handicaps en se moquant de lui-même, une visite dans un service hospitalier d’enfants malades. Ils vont même plus loin en montrant combien le comportement d’une femme laide (et que le spectateur voit belle), mal à l’aise, manquant d’assurance, s’excusant presque d’exister, est différent de celui d’une séductrice se sachant conforme aux canons de beauté en vigueur, blonde, mince et musclée.

On a beaucoup reproché à Gwyneth Paltrow à l’époque (2002) d’avoir refusé de prendre du poids pour le rôle, telle une Renée Zellweger pour « Bridget Jones’. La version de Rosemary obèse est donc redevable ici d’un maquillage savant et de prothèses compliquées, ce qui ne sert pas la crédibilité du récit à y réfléchir ensuite. Mais, sur l’instant, ça passe très bien, le jeu entre les deux versions de Rosemary tient parfaitement la route.
Diffusion : sur Comédie+ à 20h40 le mardi 31 janvier 2012


publié également sur CanalSat/Paroles d’experts…

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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