«To live and die in LA» / «Police Fédérale LA»/coffret DVD ultra-collector
Focus film/Focus DVD
William Friedkin, 1985, sortie coffret DVD 6 décembre 2017
Pitch
Pour venger la mort de son coéquipier, un superflic va traquer un faussaire sanguinaire dans LA et se perdre dans l'obsession de la vengeance.
Notes
Je parlerai du livret qui accompagne ce magnifique coffret dans un second temps en mettant à jour ce post.
Attention chef-d’œuvre🎥💚! «To live and die in LA» (1985) @WilliamFriedkin ; sortie 6 décembre #jeleveux https://t.co/GNeXDa4BFa
— CamilleM/Cinémaniac (@Cine_maniac) November 17, 2017
Je suis encore sous le choc et le charme aride de ce film splendide de Friedkin : « To live and die in LA » traduit en français pas « Police fédérale LA ». Dès la première scène, on plonge dans cette ambiance sobrement paranoïde dont Friedkin a le secret : une scène qui démarre banalement dans les couloirs dun hôtel où Richard Chance débarque dire deux mots à un collègue quand soudain, il aperçoit une silhouette furtive.
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Aussitôt, tout bascule imperceptiblement dans une ambiance viscéralement suspecte, le rétrécissement du couloir, ses murs marron triste qui basculent, les grandes enjambées de Chance qui avance en apnée précédé par la caméra qui le colle avec en contrechamp les couloirs vides, le plateau de petit déjeuner posé par terre dans un coin aussitôt, on est happé comme broyé par la promesse dun grand film où on va se vautrer deux heures durant Sur la terrasse du toit, le son réel des moteurs de limmeuble, de la ville en contrebas, un jeune kamikaze avec une ceinture de dynamite Chance à la rescousse de son partenaire suspendu dans le vide. Je ne suis pas très calée en son mais chez Friedkin, il y a un mixage de sons réels amplifiés qui en deviennent inquiétants et de musique rock obsédante, harcelante, qui vous enferme dans un univers sonore potentiellement dangereux (la BO est du groupe anglais Wang Chung, années 80). Les bruits et les supports du quotidien sont utilisés par Friedkin comme des éléments menaçants, les objets quotidiens sont filmés isolément comme des sources dangoisse, lunivers matériel est en quelque sorte autopsié, passé au scapel dune observation minutieuse, quasi-obsessionnelle et suspicieuse. L’ambiance de danger transmise par les plans appuyés dimages dobjets quotidiens, non seulement détournés de leur banalité, exploités pour leur pouvoir évocateur décuplé, mais surtout présentés selon une séquence précise amenant à elle seule le drame, mavait frappée dans « Cruising », film tant décrié (dans la première scène de meurtre, par exemple) Ici, la fascination de Friedkin pour les objets et leurs sons trouvera son point culminant dans une scène de fabrication de faux billets au cur du récit. La veille de sa retraite de la police de LA, le partenaire de Chance, est assassiné en allant repérer une fabrique de faux billets quil tenait à visiter seul Richard Chance (William L. Petersen), écuré, jure de le venger quitte à transgresser la loi. Flanqué dun nouveau coéquipier timide, Chance va traquer le faux-monnayeur jusquà ce que lobsession de la vengeance prenne le pas sur la logique de sa démarche et lentraîne dans un comportement aussi kamikaze que le jeune terroriste sur le toit de la première scène avant le générique.Interprété par un irrésistible Willem Dafoe au sommet de son charisme dans les années 80 (le film est de 1985), Rick Masters, petite frappe perverse et sanguinaire, devient à la fois la proie et lombre, le traqué et le traqueur, qui exerce sur son entourage et sur Chance une sorte de fascination ambiguë : présenté comme aimant les femmes, on découvre Rick Masters embrassant le visage dun homme peint en blanc qui nest dautre que le maquillage de scène de sa petite amie, une rousse vénéneuse et saphique, sorte de double féminin. Ce qui intéressant dans cette galerie de personnages, cest quaucun et aucune nest sympathique, pas même le héros, Chance, borné, bodybuildé , trop bronzé californien et surtout pas les femmes : la rousse vipère lascive et cupide, compagne de Masters ou la blonde apeurée, décharnée sans illusions, indic et maîtresse de Chance, les deux femmes ayant ce physique dévitalisé des années 80 : cheveux peroxydés, permanentés et abîmés, cuir noir agressif sur poitrine plate (cétait avant la mode du silicone), mine défoncée, air maladif Au final, le séducteur, cest le tueur.Difficile de raconter ce film où on est davantage à la recherche des sensations que dans le fil de la narration, cest du grand Friedkin, bien quon retrouve une parenté dans les scènes de poursuite (ici, on ne sera pas déçu par une poursuite hallucinante…), dans le tandem de flics, cest moins clinique que « French connection », plus ambivalent bien que la part dhumanité des personnages soit réduite à la portion congrue. Ce qui est assez inexplicable et totalement bluffant chez ce réalisateur, cest ce cocktail de matériel déshumanisé et dhumain sans générosité qui conduit à lexaspération des sensations, comme si il était capable de révéler lénergie du pessimisme, à revoir les films de Friedkin, on comprend pourquoi il trouve naturellement sa place dans lEldorado du nouvel Hollywood des années 70/80. Sur le supplément (court) du DVD, on peut voir la scène finale alternative que Friedkin a tournée à la demande de la production quand on venait justement de penser quil avait eu de courage de garder sa fin à lui, exemptée de happy end lénifiant. Le réalisateur culte dont on racontait quil arrivait armé sur le tournage de « LExorciste » et malmenait son équipe, a respecté son film La fin est superbe et suicidaire, dune violence nette qui sonne comme une claque, prolongée dun final assez baroque dans une image franchement rougie ou en flammes dont on avait eu un aperçu dans le générique.Un film à voir et revoir en boucle, le top!
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Aussitôt, tout bascule imperceptiblement dans une ambiance viscéralement suspecte, le rétrécissement du couloir, ses murs marron triste qui basculent, les grandes enjambées de Chance qui avance en apnée précédé par la caméra qui le colle avec en contrechamp les couloirs vides, le plateau de petit déjeuner posé par terre dans un coin aussitôt, on est happé comme broyé par la promesse dun grand film où on va se vautrer deux heures durant Sur la terrasse du toit, le son réel des moteurs de limmeuble, de la ville en contrebas, un jeune kamikaze avec une ceinture de dynamite Chance à la rescousse de son partenaire suspendu dans le vide. Je ne suis pas très calée en son mais chez Friedkin, il y a un mixage de sons réels amplifiés qui en deviennent inquiétants et de musique rock obsédante, harcelante, qui vous enferme dans un univers sonore potentiellement dangereux (la BO est du groupe anglais Wang Chung, années 80). Les bruits et les supports du quotidien sont utilisés par Friedkin comme des éléments menaçants, les objets quotidiens sont filmés isolément comme des sources dangoisse, lunivers matériel est en quelque sorte autopsié, passé au scapel dune observation minutieuse, quasi-obsessionnelle et suspicieuse. L’ambiance de danger transmise par les plans appuyés dimages dobjets quotidiens, non seulement détournés de leur banalité, exploités pour leur pouvoir évocateur décuplé, mais surtout présentés selon une séquence précise amenant à elle seule le drame, mavait frappée dans « Cruising », film tant décrié (dans la première scène de meurtre, par exemple) Ici, la fascination de Friedkin pour les objets et leurs sons trouvera son point culminant dans une scène de fabrication de faux billets au cur du récit. La veille de sa retraite de la police de LA, le partenaire de Chance, est assassiné en allant repérer une fabrique de faux billets quil tenait à visiter seul Richard Chance (William L. Petersen), écuré, jure de le venger quitte à transgresser la loi. Flanqué dun nouveau coéquipier timide, Chance va traquer le faux-monnayeur jusquà ce que lobsession de la vengeance prenne le pas sur la logique de sa démarche et lentraîne dans un comportement aussi kamikaze que le jeune terroriste sur le toit de la première scène avant le générique.Interprété par un irrésistible Willem Dafoe au sommet de son charisme dans les années 80 (le film est de 1985), Rick Masters, petite frappe perverse et sanguinaire, devient à la fois la proie et lombre, le traqué et le traqueur, qui exerce sur son entourage et sur Chance une sorte de fascination ambiguë : présenté comme aimant les femmes, on découvre Rick Masters embrassant le visage dun homme peint en blanc qui nest dautre que le maquillage de scène de sa petite amie, une rousse vénéneuse et saphique, sorte de double féminin. Ce qui intéressant dans cette galerie de personnages, cest quaucun et aucune nest sympathique, pas même le héros, Chance, borné, bodybuildé , trop bronzé californien et surtout pas les femmes : la rousse vipère lascive et cupide, compagne de Masters ou la blonde apeurée, décharnée sans illusions, indic et maîtresse de Chance, les deux femmes ayant ce physique dévitalisé des années 80 : cheveux peroxydés, permanentés et abîmés, cuir noir agressif sur poitrine plate (cétait avant la mode du silicone), mine défoncée, air maladif Au final, le séducteur, cest le tueur.Difficile de raconter ce film où on est davantage à la recherche des sensations que dans le fil de la narration, cest du grand Friedkin, bien quon retrouve une parenté dans les scènes de poursuite (ici, on ne sera pas déçu par une poursuite hallucinante…), dans le tandem de flics, cest moins clinique que « French connection », plus ambivalent bien que la part dhumanité des personnages soit réduite à la portion congrue. Ce qui est assez inexplicable et totalement bluffant chez ce réalisateur, cest ce cocktail de matériel déshumanisé et dhumain sans générosité qui conduit à lexaspération des sensations, comme si il était capable de révéler lénergie du pessimisme, à revoir les films de Friedkin, on comprend pourquoi il trouve naturellement sa place dans lEldorado du nouvel Hollywood des années 70/80. Sur le supplément (court) du DVD, on peut voir la scène finale alternative que Friedkin a tournée à la demande de la production quand on venait justement de penser quil avait eu de courage de garder sa fin à lui, exemptée de happy end lénifiant. Le réalisateur culte dont on racontait quil arrivait armé sur le tournage de « LExorciste » et malmenait son équipe, a respecté son film La fin est superbe et suicidaire, dune violence nette qui sonne comme une claque, prolongée dun final assez baroque dans une image franchement rougie ou en flammes dont on avait eu un aperçu dans le générique.Un film à voir et revoir en boucle, le top!
Post rédigé le 3 décembre 2006
Diffusion
coffret DVD ultra-collector
Sortie 6 décembre 2017
Notre note
(5 / 5)
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