1er film français en compétition « Un Conte de Noël » et Sean Penn sous la pluie
Pourquoi une telle foule se pressant vers la salle du 60° anniversaire, bâtisse extérieure accolée au palais côté mer, pour aller voir un documentaire sur le Tsunami à Ceylan en 2004, filmé par une australienne dont la profession n’est pas cinéaste mais bénévole dans l’humanitaire? Pour une séance annoncée à 19h15, on fait déjà le pied de grue vers 18h sous des parapluies, à Cannes aujourd’hui, la météo est couleur novembre… Parce que Sean Penn, encore lui, le président du jury qui déplace les foules, parraine cette projection intitulée la séance du président, une création sur mesure du sélectionneur. On se souvient qu’après le cyclone Katrina à la Nouvelle Orléans, Sean Penn s’était aussitôt rendu sur place avec son bâteau pour effectuer des sauvetages. L’homme est politique, engagé, humanitaire et humain.
Sean Penn présente le film « The third wave » en compagnie de Thierry Frémeaux, photo www.cinemaniac.fr
Quand Thierry Frémaux prend le micro, toutes les têtes se tournent vers le fond de la salle, personne ne le regarde ni ne l’entend car Sean Penn, mince silhouette noire, vient d’arriver et s’apprête à descendre l’escalier, les appareils photo normalement interdits crépitent, qui n’a pas son appareil photo à cette séance du président??? (on sait pourtant qu’il déteste ça…) On présente une blonde incendiaire en robe longue moulante de satin blanc et hauts talons dorés, qui porte un nom slave, rescapée du Tsunami en 2004 (elle ressemble comme deux gouttes d’eau à Petra Nemcova, top model qui accompagnait Sean Penn à la cérémonie des Oscars après l’annonce de son divorce, démenti dans la presse avant le festival)… Difficile de se concentrer, j’ai été incapable d’écouter un mot de l’un ou de l’autre, fascinée par « ma » star sous mon nez, assise au premier rang collé à l’écran, alors que par goût je m’installe toujours au fond de la salle… Dieu sait si l’ancien bad boy (trop chic, costume et chemise noir, cravate de satin noir assortie) a l’air stoïque planté là sans un geste, le profil qu’il voudrait bas sous les flashes, mitraillé de photos encore et encore, et la salle ronronne de plaisir, c’est la messe… Une salle occupée en partie par des invités de marque comme le chanteur Bono, Michaël Moore et le jury…
Sean Penn, Thierry Frémaux et le top model tchèque Petra Nemcova, témoin du Tsunami de 2004, photo www.cinemaniac.fr
Un débat à suivi la projection avec Alison Thomson, la réalisatrice amateur du film, qui n’avait pas prémédité en allant au Sri Lanka de faire un film, encore moins un long-métrage, c’est venu petit à petit… Le film est découpé en 19 semaines, c’est un peu long et rédondant, pavé de bonnes intentions, ouvertement militant. Un train est englouti par le Tsunami, tous les passagers venaient d’un petit village complètement détruit par la catastrophe. Alison et trois autres bénévoles débarquent sur place et s’épuisent à reconstruire les maisons et à soigner les victimes, voire enterrer les morts. On voit bien qu’au début, on filme à vocation de se souvenir car les bénévolent se mettent trop en scène, c’est un peu un carnet de voyage, ensuite, on élargit le champ aux habitants, aux conflits. Car passée la tétanie du choc, la population se rend compte de la réalité du désastre, qu’ils ont tout perdu, les donations d’argent créent des jalousies entre villageois qui en veulent à Alison jusqu’à vouloir la chasser. Un des bénévoles, parti, épuisé, revenu, dit lucidement que chez lui aux USA, il n’est personne, qu’ici, il est important pour tous… Quelques soient les motivations des bénévoles, ils abattent un travail de romain et distribuent autant d’amour que d’argent, on voit beaucoup de médecins arrivés ensuite prêter main forte de différents pays d’Europe.
la réalisatrice Alison Thompson à quelques jours d’aller en Birmanie pour une prochaine mission humanitaire, photo www.cinemaniac.fr
sortie 21 mai 2008
Pendant ce temps, on (Catherine Deneuve et sa fille Chiara Mastroniani, Mathieu Amalric et Anne Consigny, Melvil Poupaud, etc…) montait les marches à 19h30 avec la présentation officielle du premier film français « Un Conte de Noël » d’Arnaud Desplechin que j’avais vu à la séance de 14h30. Grand moment de solitude en repensant à l’unanimité des critiques cinéma sur ce film lors de la dernière émisison du « Cercle » sur Canal plus cinéma, des avis dithyrambiques… J’ai personnellement trouvé ce film indigeste, pénible et prétentieux, compliqué, maniéré, les rapports entre les personnages sonnent souvent faux, surtout le couple des parents pas crédible du tout. Les névroses à tiroir et les deuils de cette famille assez monstrueuse (la mère indigne demandant une greffe de moëlle à ses enfants dont à son fils qu’elle n’aime pas, banni de surcroît par sa soeur dépressive qui fait la loi, le neveu en HP, etc…) lassent rapidement et Mathieu Amalric, un des meilleurs acteurs français, n’est jamais aussi faux que chez Depleschin, très étonnant cette exception… Mais apparemment, le film aux critiques et aux cinéphiles, bon courage pour le 21 mai (sortie en salles)!
Laisser un commentaire