
«Carnivores» : sortie DVD

Pitch
Mona, comédienne brillante, galère depuis dix ans, en revanche, sa sœur cadette, actrice instinctive, elle, est célèbre.
Notes
L’une est jolie, discrète et intelligente, l’autre pas, c’est pourtant la seconde qui est devenue une actrice célèbre… quand la première rame sans succès depuis des années de castings en castings… Mona (Leila Bekhti), qui a toujours rêvé d’être comédienne, était promise, à sa sortie du Conservatoire, à un avenir brillant, c’est pourtant sa sœur cadette Sam (Zita Hanrot) qui fut repérée et devint rapidement une actrice de renom. À court de ressources, Mona, trentenaire, va être obligée de demander asile à Sam dans son appartement cossu, aux placards débordant de jolies robes et sacs à mains de luxe, où elle habite avec son compagnon et leur enfant. Sam l’accueille à bras ouverts, d’autant que sa grande sœur pourrait lui être bien utile pour gérer son stress et l’aider à répéter son texte sur le tournage éprouvant d’une nouvelle version de «Justine» de Sade, un rôle qui la mine mais c’est justement sa fragilité et son naturel qui ont intéressé le réalisateur… Sam impose Mona comme répétitrice, enfants, les deux sœurs étaient très proches. Mona qui observe les difficultés de Sam sur le plateau, son refus inconscient du personnage et ses blocages pour mémoriser son texte, a compris le rôle mieux que Sam, elle sait qu’elle pourrait parfaitement le jouer sauf qu’elle n’intéresse personne, rabrouée par le réalisateur à qui elle a confié perfidement en quelques mots son idée précise du personnage… Mona avait d’ailleurs donné la clé du personnage à Sam en la faisant répéter « une victime peut-être plus perverse que son bourreau ». Mais si Mona est une intellectuelle froide et déterminée, Sam, sensuelle, sensible et vivante, est incapable d’intellectualiser quoi que ce soit. C’est sans doute ce qui l’a rendu plus désirable que son aînée aux yeux des réalisateurs : Sam vit et souffre intensément, elle ne fait pas semblant, c’est une actrice qui vit ses rôles, pas une comédienne qui les interprète.
Un jour, Sam, qui perd peu à peu les pédales, craque pendant le tournage. Elle disparaît, au bout d’un mois, chacun la croit morte et en a fait son deuil… Et Sam prend sa place en douceur, en stratège : auprès de son mari qu’elle console, de son fils qu’elle dorlote, du réalisateur de «Justine» qui cherche une autre actrice pour remplacer Sam…
Et aussi
Sous ce titre racoleur (on se passerait d’ailleurs du pluriel…), un premier film des frères Renier qu’on connaît au cinéma comme acteurs, surtout Jérémie Renier. Le thème est assez classique et le déroulement du récit «téléphoné», sans grand suspense.
L’ambiance anxiogène est présente et plutôt réussie mais ne nécessitait pas qu’une grande partie du film soit filmée dans une quasi-pénombre (possible que ce soit parce que je l’ai vu en DVD test).
On retiendra surtout la prestation tout en finesse de la talentueuse Leila Bekhti, souvent excellente, dans ce rôle de femme venimeuse au visage d’ange dont la survie sociale passe par la lente dévoration de sa sœur, moins candide et crédule à propos de son aînée qu’il n’y paraît, au demeurant (on le verra dans les dialogues des dernières scènes entre les deux sœurs). Ce pluriel du titre qui me gêne concerne sans doute cet échange «carnivore» entre les sœurs et l’utilisation bilatérale de l’une par l’autre.
Loin d’être un chef d’œuvre, ce film se regarde avec plaisir.
Notre note
(3 / 5)
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